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A Marseille, la mythologie grecque en prend un bon coup avec Offenbach et son Orphée aux Enfers


Par Rédigé le 29/12/2013 (dernière modification le 29/12/2013)

Un spectacle déjanté pour les fêtes de fin d'année.


Photo courtoisie (c) DR
Photo courtoisie (c) DR
offenbach.mp3 Offenbach.mp3  (40.94 Ko)

"Orphée aux Enfers" n’est pas à proprement parler une opérette mais bien plutôt un opéra féerie. Cependant, il ne faut pas se leurrer avec Offenbach. Son œuvre est certes pétillante, mais à la façon du champagne, et ses partitions ne font pas dans le détail. C’est toujours de la vraie musique bien sûr, mais ici, lourde, épaisse, comme une crème cent pour cent matière grasse. Si elle séduit, c’est par le charme de ses mélodies et par sa facilité.
Toutefois, il est permis de se demander si cet ouvrage garde aujourd’hui encore tout son attrait. Ces plaisanteries mythologiques nous paraissent un tantinet bien dépassées et hélas, il manque des personnages principaux suffisamment forts comme une Hélène ou une Périchole. Même la critique sociale offre un moindre intérêt que dans "La vie parisienne"...
Chipotons un peu. Mettons à part "Les Contes d’Hoffmann" pour prendre ce compositeur pour ce qu’il est: du vent.
Vouloir penser Offenbach, lui donner une philosophie équivaut à l’empeser. Il ne faut surtout pas lui faire dire des choses, lui qui n’avait qu’un rire permanent à communiquer, comme si on empesait à la fois l’homme et sa création.

C’est bien ce qu’a compris Claire Servais, qui vient de reprendre à Marseille sa rigolote production, vue un temps en Wallonie et Metz.
On passe donc du sourire aux rires (avec la complicité d’un public complice toujours prompt à s’amuser) avec cette Opinion Publique transformée en animatrice de télé-réalité, ce Mercure en vélo ou cette Vénus hollywoodienne (mais là les idées ne sont pas neuves) dans une Grèce du Haut comme du Bas apparemment toujours en crise, comme délabrée de l’intérieur… et tant pis si quelques jeux de mots restent douteux dans leur simplicité.
Avec une bonne dose de volonté on pouvait donc jouer le jeu avec cette légende d’Orphée, revue et corrigée sauce french-cancan, qui devient sur la fin une farce gigantesque dont l’irrespect – qui choqua les critiques d’alors – devient une franche tranche de bonne humeur. Certains effets resteront toutefois un peu trop appuyés, empesés, malgré les costumes délirants voire déjantés de Jorge Jara sous les lumières psychédéliques de Jacques Chatelet et dans les décors astucieux de Dominique Pichou. Minimes réserves.

Circonstance rarissime, tous les interprètes ont l’âge et le physique du rôle. Vocalement, peut-on se montrer tatillon avec Offenbach?
En Orphée, Philippe Talbot se montre tout cousu d’esprit et de finesse et au chant très libre. Une mention au Pluton de Loïc Felix qui a dans la voix tout le soleil de la Cannebière. Yves Coudray apporte à John Styx une touche de poésie lunaire, inconnue jusqu’alors, et pour un comédien se tire avec honneur de ses couplets vantant les mérites de sa Boétie. On aurait aimé pour Jupiter un timbre de vraie basse. Francis Dudziak compense cette lacune pour mieux s’en donner à cœur joie dans une composition irrésistible de séducteur ridicule.
Chez les Dames de l’Olympe, la palme revient, on s’en serait douté, à l’Eurydice de Brigitte Hool, à l’abatage inouï, jouant de son corps et de sa voix avec un naturel et un métier sûr: franchise des attaques, aigu sûr, jamais acide… Bref, une soprano à suivre de très près.
Jolie réplique de Chloé Briot en Cupidon sautillant. Marie-Ange Todorovitch ne fait pour sa part qu’une bouchée de son Opinion Publique avec un aplomb scénique et vocal confondant. Très bien en place le reste de la distribution dans un esprit de connivence assez réjouissant à voir.
Autre grand vainqueur de la soirée: le chef Samuel Jean. Sa direction est toujours nerveuse, jamais embrouillée ou lourde (cas fréquent chez certains croyant diriger cela comme du sous-Lopez) et qui semble donner des ailes à l’Orchestre et au Chœur d’un Opéra de Marseille.












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