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La situation de la presse en RDC


Par CP Rédigé le 05/05/2013 (dernière modification le 04/05/2013)

Au Congo-Kinshasa, les ONG font état d'au moins trois atteintes à la liberté de la presse chaque semaine.


52 cas d'atteinte à la liberté de la presse en cinq mois

L'ONG Journaliste en danger (JEd) dont Tshivis Tshivuadi (audio RFI ci-dessus) est le secrétaire général, dit avoir recensé cinquante-deux cas de violations des droits d'informer et d'être informé en République démocratique du Congo (RDC) entre janvier et mai 2013, soit une moyenne de trois cas d'atteinte à la liberté de la presse chaque semaine. Ce chiffre est contenu dans une lettre ouverte publiée vendredi 3 mai à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse sur le thème "Parler sans crainte: assurer la liberté d'expression dans tous les médias".
Pour cette association de défense des droits des journalistes, il y a une tendance à la baisse en termes du nombre d'atteintes à la liberté de la presse par rapport à la même période de l'année 2012 où elle dit avoir dénombré soixante-quatre cas d'attaques contre des journalistes.
"Cette pseudo tendance à la baisse, en termes de nombre d'attaques contre les journalistes et les médias, trouve en réalité son explication dans la censure et l'autocensure auxquelles sont confrontés les journalistes au quotidien", a indiqué JED, appelant les médias à briser les chaînes de la censure et de l'autocensure.
Dans sa lettre ouverte, l'ONG fait aussi état de la dégradation constante du climat de travail des journalistes en RDC, en parlant de "la mise sous coupe réglée de la presse et des médias congolais par des pouvoirs politiques et financiers".

"La République démocratique du Congo, qui porte bien son nom de République démocratique, affiche un tableau sombre avec quatre journalistes derrière les barreaux, deux chaînes de télévision proches de l'opposition fermées depuis la fin des élections du 28 novembre 2011, un journal suspendu depuis plus d'une année, et deux films-documentaires réalisés par des journalistes censurés et interdits de diffusion. Le tout, en toute illégalité et impunité",
estime JED dans sa lettre.
Pour cette ONG, le prétexte de la guerre et la paranoïa sécuritaire cachent désormais des motifs inavoués qui servent à réduire au silence des médias qui gênent, ou à se débarrasser des journalistes qui dérangent.
Dans un message commun publié à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon et la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, ont indiqué que "les journalistes sont souvent la cible de violence".

Plus de six cents journalistes ont été tués dans le monde au cours des dix dernières années. Parmi eux, beaucoup n'exerçaient pas dans des zones de conflit, ont indiqué ces deux personnalités.
Dans leur message, Ban Ki-moon et Irina Bokova ont souligné qu'il persiste un climat d'impunité et rappellent que neuf assassinats de journalistes sur dix restent impunis.
Ils ont déclaré que les personnalités des médias sont aussi trop nombreuses à être victimes d'intimidation, de menaces et de violences. Les journalistes sont trop nombreux à être soumis à la détention arbitraire et à la torture, souvent sans recours légal.
Pour Ban Ki-moon et Irina Bokova, ce vingtième anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse a pour but de susciter une action internationale, en vue de protéger la sécurité de chaque journaliste, dans chaque pays, et de briser le cercle vicieux de l'impunité.

Le professeur Mukeni Lapess de l'Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication (IFASIC) explique que la liberté de la presse est née d'une conception qui reconnaît aux médias et aux professionnels de médias le droit de rendre compte des faits de la société sans contrainte.
Il indique qu'on peut distinguer deux manières d'exercer la liberté de la presse: "Il y a d'abord la situation de liberté absolue lorsque la presse estime qu'elle doit rendre compte sans restriction ou une situation de liberté niée lorsque le contexte social estime que la presse ne doit pas rendre compte des faits de manière absolue".

Quatre éditeurs des journaux Le Monde, Le Réseau, Le Monitor et Le Futur paraissant à Kinshasa ont été arrêtés

Les représentants de la corporation journalistique ont plaidé pour la libération de quatre journalistes arrêtés mardi 30 avril 2013 pour "chantage" et "tentative d'escroquerie" sur le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku. Selon ce dernier, ces journalistes ont menacé de publier des informations "compromettantes" le concernant, demandant de l'argent pour les taire.
Après discussion avec le président de l'Assemblée nationale, le président de l'Observatoire des médias congolais (OMEC), Polydor Muboyayi, a déploré cet acte posé par les journalistes incriminés. "Nous avons été heureux de recevoir tous les éléments, heureux mais aussi peiné compte tenu de la gravité des faits qui nous ont été présentés", a déclaré le président de l'Omec et éditeur du journal Le Phare. Mais pour lui, ces personnes devraient être entendues en amont par les organes spécialisés et techniques de la corporation: "Néanmoins nous nous trouvons à la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. Nous avons pensé que même si les fautes sont avérées, il est important de faire œuvre de pédagogie de manière à s'en servir pour donner une leçon à tous ceux qui seraient tentés d'utiliser les mêmes méthodes, les mêmes comportements et naturellement de discréditer la profession qui est la nôtre".
Polydor Muboyayi a également invité ses pairs à faire preuve de responsabilité dans l'exercice du métier de journalisme.

Le président de l'Assemblée nationale a reçu une trentaine de journalistes de la presse écrite. Ces derniers, membres du collectif des hebdomadaires, étaient venus également plaider pour la libération de leurs confrères.

Ci-dessous en audio, Polydor Muboyayi, président de l'OMEC (propos recueillis par Mimie Engumba de Radio Okapi)








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