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A propos d'un "Ring" franciscanais

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 21/07/2018 (dernière modification le 20/07/2018)

Dimanche 1er juillet 2018 vers 18h30, quand le rideau du War Memorial Opera House de San Francisco est retombé avec les dernières notes du "Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux)", les spectateurs ont dû à leur grand regret se rendre à l’évidence, la magie qu’ils vivaient depuis le mardi précédent se terminait vraiment.


ring_san_francisco.mp3 Ring San Francisco.mp3  (1007.14 Ko)

Ainsi s’achevaient également trois semaines intenses qui avaient vu la représentation de trois cycles de "L’Anneau du Nibelung". Les spectateurs, après avoir très longuement applaudi et acclamé les chanteurs et les musiciens, n’ont pas tout de suite quitté la salle, ils ont eu droit à une sorte de sursis. En effet, en présence sur la scène des chanteurs, du chœur et de son chef Ian Robertson, des 89 musiciens entourant Donald Runnicles, le directeur général de l'Opéra de San Francisco Matthew Shilvock, a rendu hommage à son prédécesseur David Gockley en poste de janvier 2006 à sa retraite en juillet 2016 et lui a remis la Médaille de l'Opéra de San Francisco. Couronnement d'une carrière de 45 ans tout entière consacrée à l'art lyrique, qui a commencé au Grand Opera de Houston qu'il a dirigé pendant plus de trente ans. Par son action durant ces dix ans, David Gockley né à Philadelphie en 1943, a contribué au renom de l’Opéra de San Francisco et attiré un public toujours plus nombreux et exigeant. Il a suscité des commandes et des premières mondiales dont par exemple Appomatox de Philip Glass le 5 octobre 2007. Il est en particulier à l’origine de cette production du "Ring" de Wagner créé en 2011 et repris cette année avec un succès éclatant. 12 représentations quasiment à guichets fermés, des spectateurs venus de 49 États américains et de 27 pays étrangers, un riche programme de conférences, symposiums, concerts, projections de films et expositions. David Gockley a dédié sa médaille à tous ses collaborateurs et à ceux qui étaient sur scène en ce début de soirée le 1er juillet.


Retour sur un cycle de représentations

12 représentations donc, soit quatre par cycle, qui se sont déroulées chaque fois sur six jours, une journée de liberté s’intercalant entre "Die Walküre" et "Siegfried" et une autre entre "Siegfried" et "Die Götterdämmerung". Chaque cycle est composé de quatre opéras qui forment un ensemble, Francesca Zambello qui les a mis en scène, n’hésite pas à parler d’un Everest d’opéras… Un prologue, "Das Rheingold (L’Or du Rhin)", et trois "journées", "Die Walküre (La Walkyrie)", "Siegfried" et "Die Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux)".

Faisant allusion à sa mise en scène, Francesca Zambello déclare: "Pour moi, l'approche de Wagner doit être humaine et réelle. Je voulais que tous les personnages semblent humains", sous-entendu même s’il s’agit de dieux. Et elle s’y tiendra, démontrant brillamment que l’univers de Wagner peut s’adapter parfaitement au monde contemporain. Le Valhalla en construction est un gratte-ciel; la malheureuse Sieglinde et son mari Hunding vivent dans un chalet de montagne américaine; Mime et le jeune Siegfried habitent une sorte de camping-car jouxtant la forge et les fils du destin que dévident les Nornes au début de "Götterdämmerung" sont des câbles informatiques. Wotan est un homme d’affaires qui régit tout depuis son bureau: de la demeure des Gibichungen on aperçoit des usines; Siegfried reprend l’Anneau au géant Fafner transformé en véhicule blindé; quant aux Valkyries, elles arrivent en tenues de parachutistes à la grande joie de la salle d’ailleurs.

La grande préoccupation de Francesca Zambello est la dégradation de la nature et ses allusions à la destruction inconsciente de l'environnement telle qu’on la déplore actuellement dans le monde entier sont nombreuses. Elle fait écho à la violence des hommes, engendrée par la soif de l’or, la vengeance ou la corruption. A la fin du 2e acte de "Die Walküre", Siegmund meurt sous un pont au milieu d’épaves; au début du 3e acte du "Crépuscule des Dieux", les filles du Rhin nettoient les eaux polluées par des bouteilles en plastique. Cette allusion permanente à la question de l’environnement est illustrée au cours des quatre opéras et durant les interludes musicaux de façon grandiose par les projections de Jan Hartley et S. Katy Tucker et soutenue par l'éclairage de Mark McCullough.

Si l’ensemble des chanteurs affiche une excellente cohérence, on en remarque particulièrement quelques-uns dont on attendait beaucoup. La soprano Irène Theorin en Brünnhilde, le Wotan du baryton basse Greer Grimsley, les ténors Brandon Jovanovich en Siegmund et Daniel Brenna en Siegfried. De même pour la mezzo-soprano Jamie Barton en Fricka et l’Alberich du baryton-basse allemand Falk Struckmann, dont c’étaient les débuts dans ce rôle.
La Brünnhilde, fille de Wotan, de la Suédoise Irène Theorin que l’on retrouve dans les trois journées fut tout simplement sublime. La farouche guerrière de "Die Walküre" la femme amoureuse de "Siegfried", qui sera trahie et malmenée dans "Götterdammerung" chantait là son premier "Ring" complet aux États-Unis et a reçu un triomphe. Auquel fut associé l’excellent Siegfried de Daniel Brenna, aussi bon vocalement que crédible visuellement. La remarquable Fricka de Jamie Barton, épouse de Wotan dans "Rheingold" ou "Die Walküre" l’a été tout autant en Waltraute, sœur de Brunnhilde venue l’avertir des malheurs qui la guettent dans "Götterdämmerung".

Les chaleureuses ovations adressées au chef Donald Runnicles, ont souligné la grande qualité de l’orchestre de l’Opéra qui s’est manifestée et développée au cours des représentations.

Francesca Zambello a décidé de terminer cette réalisation que l’on pourrait juger apocalyptique par un message plutôt optimiste. A la fin de "Götterdämmerung", alors que Brunnhilde disparaît dans un embrasement, une enfant entre en scène et plante une pousse d’arbre symbolisant sans doute l’espoir…










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