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A travers les musées de Barcelone

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 14/12/2017 (dernière modification le 13/12/2017)

Alors que le musée Picasso de Paris propose "Picasso 1932. Année érotique", son homologue de Barcelone se penche lui sur "1917 Picasso à Barcelone". Nous savions déjà grâce à l’exposition qui s’est tenue en 2012 au centre Pompidou de Metz, combien cette année-là avait été riche de créations diverses malgré la guerre. Quant au musée national d’art de Catalogne, il met à l’honneur l’œuvre de Ramón Pichot, artiste du cercle de Picasso.


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Justement cette année-là, Barcelone, épargnée par la guerre du fait de la neutralité espagnole, attira de nombreux artistes, Robert Delaunay ou Francis Picabia entre autres, et devint un important centre culturel d’avant-garde. Le Palacio de Bellas Artes accueillit au printemps 1917 une grande exposition, 1.400 œuvres, consacrée à l’art français. Les galeries y prospéraient et les revues littéraires ou artistiques étaient nombreuses. Picasso qui avait quitté Barcelone pour Paris en octobre 1900, il avait 19 ans, n’y était revenu que de rares fois. A partir de 1904 il s’était fixé à Paris. Il revient à Barcelone pour cinq mois à partir du mois de juin 1917.

C’est une femme qui est à l’origine de ce retour, Olga Khokhlova, danseuse des Ballets russes de Diaghilev. Il l'avait rencontrée lors de l’élaboration de "Parade" à Rome. Le 23 juin, les Ballets russes arrivent pour la première fois à Barcelone et reçoivent un accueil enthousiaste mais Diaghilev décide quand même de ne pas programmer le ballet "Parade". Un acte, musique d’Erik Satie sur un poème de Jean Cocteau, décors, costumes et rideau de scène de Pablo Picasso, chorégraphie de Léonide Massine. Il a été créé avec scandale le 18 mai précédent au Théâtre parisien du Châtelet. On ne peut s’empêcher de rappeler ce qu’on cite toujours à cette occasion. La dame s’écriant dans la salle "Si j'avais su que c'était aussi bête j'aurais emmené les enfants!" Ou la réponse d’Erik Satie à un critique particulièrement virulent: "Monsieur et cher ami, vous êtes un cul, un cul sans musique". La troupe part pour une tournée en Amérique latine et revient en automne à Barcelone, on donne "Parade" une seule fois, le 10 novembre au grand théâtre du Liceu. Picasso y assistait.

A sa mort, il a laissé une quantité incroyable de photographies, coupures de presse, billets de tren ou d’autobús, reçus, affiches, lettres ainsi qu’une grande quantité d’objets personnels. Propriété depuis 1973 des archives du musée Picasso de Paris. C’est donc là que Malén Gual, conservateur du musée Picasso de Barcelone, a trouvé un grand nombre de pièces qui figurent dans l’exposition et relatent ce séjour barcelonais du peintre en 1917. Olga quitte les ballets et épouse Picasso le 12 juillet 1918 à la cathédrale orthodoxe de la rue Daru à Paris et le 4 février 1921 ils seront les parents de Paulo. Leur vie sera des plus agréables jusqu’en 1927 où Picasso fait la connaissance de Marie-Thérèse Walter…

On peut donc voir les 11 peintures à l’huile réalisées à Barcelone, sauf "Arlequín" prêté pour une exposition à Rome. Ces œuvres font partie de la donation que fit Picasso à Barcelone en 1970. Elles montrent un artiste recherchant de nouvelles voies, "Blanquita Suárez" et "Mujer leyendo" par exemple. D’autres sont plus classiques, "Olga Khokhlova con mantilla" ou "Mujer con mantilla".

Une large place est naturellement réservée aux Ballets russes, programmes, photos... Ailleurs, le couple Olga et Picasso apparaît en touristes, au balcon de leur hôtel, assis sur les bancs du Paseo de Colón, au pied du monument au découvreur ou au Tibidabo.


Et encore…

Le musée Picasso de Barcelone affiche aussi trois autres expositions qui sont l’occasion de faire bien des découvertes jusqu’au 21 janvier 2018.

"Arthur Cravan Maintenant?"
Arthur Cravan, ce neveu d’Oscar Wilde, née Fabian Avenarius Lloyd, se disait "Chevalier d'industrie, marin sur le Pacifique, muletier, cueilleur d'oranges en Californie, charmeur de serpents, rat d'hôtel, neveu d'Oscar Wilde, bûcheron dans les forêts géantes, ex-champion de France de boxe amateur, petit-fils du chancelier de la reine, chauffeur d'automobile à Berlin, cambrioleur". Il fut aussi poète et éditeur d’une célèbre revue "Maintenant". Il s’installa à Barcelone en 1916 pour éviter d’être envoyé au front. Avec ses 2 mètres et ses 105 kg, il se mesura même au champion du monde poids lourds Jack Johnson dimanche 23 avril 1916 à Barcelone, il fut mis K.O. à la sixième reprise. On peut voir des photos de Cravan à Barcelone et une affiche annonçant le combat aux arènes monumentales et de nombreux documents dont certains ont appartenu à André Breton. Ainsi que 11 peintures réalisées par Cravan et attribuées à un peintre fictif Édouard Archinard.

El taller compartido
"L’atelier partagé" évoque la relation de quatre artistes de la même famille, unis par la gravure. Picasso et ses neveux, José dit J. Fín et Javier Vilató Ruiz, fils de sa sœur Maria Dolores dite Lola, ainsi que Xavier, fils de Javier. Avec les 180 œuvres exposées on comprend mieux le lien qui a existé entre ces artistes et des graveurs comme ceux de l’atelier de Lacourière-Frélaut, le grand spécialiste parisien de la gravure, chez lequel les neveux de Picasso commencèrent leurs travaux en 1939.

Encuentros con Clergue
Ces rencontres entre Picasso et Lucien Clergue, il y en eut 27 et en 2016 le musée Picasso acheta quelque 600 photos où apparaissait l’artiste à partir de 1953 lors d’une corrida, jusqu’à 1973, année de la mort du peintre. On le retrouve, détendu, en famille, au travail, sur une plage de Cannes ou à une fête gitane en compagnie de Manitas de Plata à Arles. Dans les dernières, en 1978, Clergue, montre la veuve de Picasso, Jacqueline, au moment où les tableaux sont, où ils se situent toujours transportés à Paris.

"Ramón Pichot. De Els Quatre Gats à la Maison Rose"

Sous ce titre et jusqu’au 21 janvier 2018, le MNAC, musée national d’art catalan, rend hommage à Ramón Pichot i Gironès, un artiste assez injustement oublié. Il faut dire que la plupart de ses toiles sont dans des collections particulières. Selon le commissaire de l’exposition Isabel Fabregat qui lui a consacré une thèse, un tel titre sert aussi à le situer car il y a trois peintres dans la famille…

C’est d’ailleurs la première fois qu’une telle rétrospective est organisée. Ramón Pichot fait partie de ces nombreux peintres catalans qui ont plus ou moins longuement séjourné à Paris ou s’y sont même établis définitivement. Et qui ont connu la bohème parisienne. A travers les 42 œuvres présentées par le MNAC, on découvre les trois lieux qui ont marqué et inspiré le peintre et qu’il a abondamment représentés. Barcelone où il est né en 1871 dans une famille amie des arts et où il a commencé sa carrière et exposé au cabaret Els Quatre Gats, ouvert en 1897 sur le modèle du Chat noir de Paris. Cadaquès où il n’a cessé de revenir et d'en représenter le port, les calanques et les pêcheurs. Et Paris où il s’était installé et où il résida jusqu’à sa mort le 1er mars 1925.

Dès 1898, il avait exposé au salon national parisien. En 1905, on le retrouvera dans la salle des Fauves du Salon d’automne aux côtés de Matisse et Derain. En 1908, il fut de ceux qui participèrent à l’hommage rendu au Douanier Rousseau, organisé par Picasso et Apollinaire au Bateau Lavoir. Il avait épousé Laure Gargallo dite Germaine, qui fut un des modèles de Picasso, c’est elle que l’on voit sur le tableau "Deux saltimbanques, l’Arlequin et sa compagne". Elle géra le restaurant qu’ils avaient ouvert dans la Maison Rose, rue de l’Abreuvoir à Montmartre. Isabel Fabregat a découvert une photo de Ramón Pichot et Germaine devant la Maison Rose en 1923, elle figure en bonne place dans l’exposition.

Le 17 février 1901, Carles Casagemas que Germaine avait repoussé, s’était suicidé, ce qui inspira à son ami Picasso le célèbre tableau "La mort de Casagemas" la même année. Après ce décès, il s’ensuivit un certain froid entre Picasso et son ancien modèle. Ce qui n’empêcha pas le peintre de venir en aide à Germaine lorsqu’elle fut veuve de Pichot et dans le besoin.










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