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Bénin : la collaboration entre la police et les populations fait recette


Par Gervais Loko Rédigé le 11/02/2010 (dernière modification le 11/02/2010)

Dès sa prise de fonction en octobre 2008, le ministre béninois de la Sécurité publique a fait de la collaboration entre les populations et la police la pierre angulaire de sa stratégie de lutte contre le banditisme. Une formule qui, en quinze mois, s’est révélée payante.


Cotounou, capitale du Bénin (source : wikipédia)
Cotounou, capitale du Bénin (source : wikipédia)
Il n’y a pas de données chiffrées sur le recul ou non de l’insécurité au Bénin. Mais chaque semaine apporte son lot de braqueurs et de malfrats arrêtés du fait notamment de l’étroite collaboration entre la police et les populations. Lors de la présentation de ces hors-la-loi à la presse, les autorités policières, généralement, remercient les citoyens – sans citer de nom – dont les informations ont permis de mettre la main sur les bandits. Les exemples de collaboration se multiplient avec des dénonciations de mouvements suspects par-ci et par-là mais peuvent prendre d’autres formes. Récemment à Tchaourou (400 km de Cotonou) des chasseurs ont tenu en respect des coupeurs de route jusqu’à l’arrivée de la gendarmerie. Dans une banlieue de Cotonou (Cocotomey), des citoyens anonymes se sont vaillamment opposés à un braquage de banque : l’argent a certes été emporté mais un des trois braqueurs a été maîtrisé avant l’arrivée de la Police nationale. Des exemples qui montrent combien les populations sont attentives au service de la sécurité. Pour avoir ce résultat, il a d’abord fallu que le ministère en charge de la Sécurité publique fasse un important travail de sensibilisation. Le ministre de la Sécurité, Armand Zinzindohoué, n’a cessé d’insister sur la nécessité de mettre les populations au cœur du système sécuritaire. «Nous sommes tous des acteurs engagés dans cette mission républicaine, préalable de la paix sociale et condition sine qua non du développement national. Etant tous acteurs, il est important que chacun prenne conscience de sa responsabilité et joue pleinement sa partition. Les citoyens ont le devoir de renseigner la police sur les personnes et les actes suspects qu’ils enregistrent autour d’eux».
La stratégie a un fondement théorique, rappelle Boniface Bossoukpè, directeur général de la sécurité publique : «la police n’est pas une science divinatoire mais une technique appliquée à l’information pour prévenir la commission des faits constitutifs d’infractions. Or l’information prend sa source au sein de la population. Voilà pourquoi la collaboration entre les citoyens et les forces de sécurité publique est d’actualité et demeurera d’actualité en raison du système actuel d’organisation de la sécurité dans les Etats modernes».
A force de discours officiels, de spots radio-télévisés, le message a fait mouche et la police a noté un regain d’intérêt des populations quant aux mouvements qu’elles constatent autour d’elles et une tendance à en informer les commissariats. «C’est un bilan positif que nous notons depuis que nous mettons l’accent sur la collaboration populations-police», se satisfait Osséni Maïga Anki Dosso, directeur général de la Police nationale.

Les élus locaux à la rescousse

Mais l’approche est vite grippée par des dénonciations calomnieuses et fantaisistes que la police a dû gérer parfois «avec fermeté», souligne M. Dosso. Une fermeté dans un gant de velours, l’enjeu étant de ne pas effrayer les candidats aux renseignements utiles. Et le ministre s’est mis à les rassurer, notamment ceux qui pourraient s’inquiéter de représailles de la part des milieux mafieux : «le dispositif mis en place par la police pour assurer leur anonymat est parfaitement au point». «Nous sommes même en négociation avec la Poste pour voir dans quelle mesure les populations peuvent nous saisir gratuitement et anonymement par boîte postale pour nous fournir des renseignements», renchérit le directeur général de la Police nationale sans toutefois baisser de ton : «donner des informations pour distraire la police est un fait punissable par la loi», a-t-il martelé.
Il n’a pas que les informations fantaisistes qui dérangent l’approche développée par Armand Zinzindohoué. Il y a surtout la distance. Toutes les localités ne sont pas pourvues de postes de police et beaucoup trouvent «lassante» la distance à parcourir pour porter l’information aux policiers. La solution, c’est de créer des commissariats de proximité ou en attendant mettre les élus locaux à profit. Le ministère de la Sécurité veut officiellement panacher les deux formules mais par manque de budget pour multiplier les postes de police dans les quartiers, ce sont les élus locaux qui sont d’abord appelés à la rescousse. Cette solution a l’avantage de la loi puisque les élus locaux sont investis de pouvoirs de police administrative voire de police judiciaire. A cet effet, explique le Contrôleur général de police, Boniface Bossoukpè, «les maires ont l’obligation de concevoir et de mettre en œuvre, dans leurs circonscriptions respectives et au profit de leurs administrés, par des prévisions budgétaires et tous autres modes de financement requis, une véritable politique locale de sécurité en liaison avec les responsables des services compétents de l’Etat».
Plusieurs fora ou tournées du ministre ont permis de rappeler les élus locaux à leurs obligations légales. «Nul ne sera de trop dans cette nouvelle approche de sécurisation de notre pays», a souligné M. Zinzindohoué, lors d’un de ces fora tenu le 14 novembre 2009 à Cotonou où il a notamment invité les chefs de quartier à se faire une idée précise des étrangers qui viennent s’installer dans leur localité et à relayer prestement au niveau national les informations importantes qu’ils ont collectées ou mises à leur disposition par la population. Même si ces élus n’ont pas encore les moyens financiers et humains de conduire une bonne politique de sécurité au plan local, ils peuvent valablement, comme le leur suggère le directeur général de la sécurité publique, jouer un rôle de sensibilisation pour exhorter leurs administrés à renseigner la police et la gendarmerie. Bien plus que sur leur pouvoir de police judiciaire, c’est sur leur rôle de leader d’opinion que les élus locaux sont actuellement attendus pour mieux amener leurs populations à contribuer plus activement à la lutte contre l’insécurité.








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