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Constitutions destituées

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Par monfleury@gmail.com Rédigé le 20/11/2008 (dernière modification le 19/01/2009)

On connaissait, un peu partout en Afrique, dans la valse des bistouris constitutionnels, la prolongation du mandat présidentiel. La limitation des quinquennats (ou septennats, toutefois en déclin) de nos têtes couronnées, qui devaient s’abstenir de rempiler plus d’une fois, depuis le début des années 90, a fait long feu. De remises en cause en justifications politico-stratégiques, les faiseurs de rois et les lèche-savate de tout poil ont fini par dénier son caractère inviolable à la… loi fondamentale. En somme, il n’y a plus de règle, puisqu’on peut la modifier à sa guise.


L’une après l’autre, plusieurs Constitutions sont passées sur l’établi des révisionnistes, pour y subir une ou de nombreuses retouches de chirurgie plastique. Oh, juste de quoi polir, rendre plus malléable, un article, un seul (souvent), empêcheur devant le peuple de briguer la magistrature suprême à volonté. L’exemple a tellement fait tâche d’huile que l’Algérie est récemment entrée dans cette danse révisionniste. Et l’on parle du Niger, qui serait déjà séduit par le fameux «coup de bistouri» qui fait des miracles, afin de ne pas rester en marge du mouvement.
On connaissait donc bien, disais-je, cette opération de chirurgie esthétique, qui rallonge, de façon usurpée, la durée du pouvoir, et qui fleurit sur le continent, telle une règle absolue de gouvernance. Mais ce qu’on ignorait, c’est que le meilleur était encore à venir. Désormais, on peut tout aussi user de ce redoutable sécateur pour… raccourcir la durée du mandat de ceux qui gênent. Et, ô surprise, c’est le Sénégal, l’un des pôles africains de la démocratie exaltée, qui nous en donne le déplorable exemple!
La belle unanimité de députés majoritairement acquis à la cause du président de la République, qui vient de déchiqueter le mandat du président de l’Assemblée nationale et celui du Sénat, le ramenant de cinq à un an, est un sévère pied-de-nez à la démocratie et à la culture de la civilité politique. Cette contorsion de la loi, et plus encore de la loi fondamentale, que l’on coule ainsi aisément dans les moules de ses humeurs et de ses ambitions ne présage rien de bon.
La démocratisation africaine est en panne. Les repères sont sans cesse piétinés, les valeurs bafouées, le bon sens ignoré. Il est plus que temps de prendre, à nouveau, la vraie mesure des choses… politiques, et de revoir les copies écornées de nos systèmes de gouvernance, pris en otage par mille et une influences.

Par Serge Mathias Tomondji
© Fasozine.com, 11 novembre 2008









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