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D'un quartier défavorisé de La Havane au Royal ballet de Londres

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 08/09/2019 (dernière modification le 02/09/2019)

C’est l’itinéraire du danseur Carlos Acosta que la réalisatrice espagnole Icíar Bollaín nous présente avec son biopic de près de deux heures "Yuli" abondamment récompensé au dernier festival de San Sebastián.


La vie d'un grand danseur classique cubain, c'est assez rare pour en faire un film (c) DR
La vie d'un grand danseur classique cubain, c'est assez rare pour en faire un film (c) DR
Son compagnon, l’Ecossais Paul Laverty collaborateur attitré de Ken Loach, s’est inspiré pour le scénario des mémoires de Carlos Acosta "No way home: A Cuban dancer's story" parus en 2006.

Yuli, c’est son surnom, naît le 2 juin 1973 dans le quartier pauvre de Los Pinos à La Havane, cadet d’une fratrie de onze enfants. Sa mère est d’origine espagnole. Son père, Pedro, camionneur, descendant d’esclave de plantation, est fier de de ses origines. C’est aussi un adepte de la santería, culte d’origine africaine qui lui donne une grande force de caractère. Il rêve pour son fils d’une carrière de danseur classique qui, pense-t-il, le sortira de la misère. Yuli, au contraire, habitué des danses de rue et du football ne jure que par Pelé ou Michaël Jackson. Il faut ajouter qu’à l’Ecole nationale de ballet de Cuba, il se plierait à une discipline et la nourriture y serait gratuite. Ce qui dans les années 1980 est un gros avantage. Il finit cependant par y entrer à neuf ans mais fugue et se fait remarquer par son indiscipline, il est expulsé et envoyé à l’internat d’une école de Pinar del Río où il se sent bien seul. Il avouera que le travail fut son salut et il s’intéresse enfin sérieusement à la danse classique et si bien qu’il obtiendra en 1990 la médaille d’or du prestigieux Grand Prix de Lausanne.

Une extraordinaire carrière internationale

Il est engagé à Turin, à l’English National Ballet. Une partie de sa famille a rejoint Miami et sa mère en mauvaise santé lui cause des soucis, Cuba lui manque et il y revient. L’aide soviétique n’arrive plus et la situation de l’île ne cesse de se détériorer. Aussi les Cubains affrontent-ils les pires difficultés à bord d’embarcations de fortune, las balsas, pour fuir ce que le gouvernement appelle pudiquement "período especial en tiempos de paz" période spéciale en temps de paix, autrement dit la plus extrême pénurie.
Acosta danse sur toutes les grandes scènes internationales, dans les rôles les plus remarquables du répertoire, Siegfried du Lac des cygnes ou Albrecht de Giselle notamment et se produit dans de nombreuses chorégraphies contemporaines, au Royal Ballet Covent Garden ou au Houston Ballet. Il est le premier danseur noir à interpréter le rôle de Romeo et sera fait par la reine Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique. Et l’on a appris ces derniers mois qu’il avait été nommé à la tête du Birmingham Royal ballet. Il réalise aussi des chorégraphies dont une quelque peu inspirée de sa propre vie Tocoroco. Il crée sa compagnie Acosta Danza en 2016 grâce à l’aide du ministère cubain de la Culture et du Sadler’s Wells Theatre de Londres.

Icíar Bollaín a choisi trois interprètes de talent pour le rôle de Carlos Acosta, un enfant, un jeune danseur de la compagnie Acosta Danza et Carlos Acosta lui-même. Il confie à l’issue du tournage "Revivre mon passé, le jouer et le danser pour ce film, a été une expérience intense, douloureuse et apaisante".

La réalisatrice ne nous livre pas là un film larmoyant ou complaisant sur la misère avec pour fond les magnifiques vues de La Havane. Mais elle donne au contraire l’image d’un pays qui malgré les difficultés, a su conserver une vie artistique de grande qualité dans tous les domaines et particulièrement celui de la danse. Grâce surtout au Ballet national de Cuba fondé en 1948 par la célèbre Alicia Alonso, aujourd’hui presque centenaire. C’est assez rare en Amérique latine pour être signalé. A voir donc au plus tôt.








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