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Dieux et déesses germaniques en Californie

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 12/06/2018 (dernière modification le 12/06/2018)

En ce début d’été 2018, le San Francisco War Memorial Opera House (son nom est un hommage aux soldats de la Première Guerre mondiale), présente comme dernier spectacle de sa saison la "Tétralogie" de Richard Wagner. Qu’on l’appelle ainsi ou "Der Ring des Nibelungen" abrégé en "Ring" ou encore "Anneau du Nibelung", c’est une œuvre monumentale et sa représentation complète constitue un véritable événement.


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Le San Francisco War Memorial Opera House fait partie avec le Metropolitan Opera de New York et l’Opéra de Chicago, des établissements américains qui comptent le plus dans le monde de l’art lyrique. Il a ouvert ses portes le 15 octobre 1932 avec une représentation de "Tosca" et peut accueillir environ 3.200 personnes. Il ne faut cependant pas croire qu’avant cette date les habitants de San Francisco étaient privés de musique, bien au contraire. De 1851 au tremblement de terre de 1906, on ne compte pas moins de 5.000 représentations qui se déroulaient dans une trentaine de théâtres de la ville accueillant des tournées. Une compagnie fixe avec saison en automne, fut fondée en 1923 grâce au jeune chef napolitain Gaetano Merola. Il fut le premier directeur du nouvel Opéra à partir de 1932 et le restera jusqu’à sa mort en 1953. Déjà en 1935, on y représente "Der Ring des Nibelungen" avec deux interprètes de légende, Kirsten Flagstad et Lauritz Melchior. En 1972, nouvelle représentation dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l’établissement, avec Birgit Nilsson et Jess Thomas. En 1985, Nikolaus Lehnhoff propose une nouvelle production.

Des pléiades de grands chanteurs européens se sont produits au San Francisco War Memorial Opera House et de nouveaux talents américains s’y sont développés tels Deborah Voigt, Joyce Di Donato, Susan Graham ou Thomas Hampson entre autres. Plusieurs œuvres y furent créées, notamment "The Dangerous Liaisons" de Conrad Susa en automne 1994 ou "A Streetcar Named Desire" d’André Previn en septembre 1998. Il a aussi connu des événements d’un tout autre ordre, en 1945 la charte des Nations Unies y a été signée. Après le tremblement de terre de Loma Prieta en 1989, quelques travaux lui assurent davantage de protection contre les secousses sismiques.

Le spectacle que présente l’Américaine Francesca Zambello, en coproduction avec le Washington National Opera de Washington n’est pas vraiment une nouveauté à l’Opéra de San Francisco. Il y a déjà été donné en 2011, puis en 2016 à Washington, production qui fut qualifiée en son temps d’"audacieusement contemporaine" par le New York Times. Mais elle revient après avoir subi quelques transformations. Le metteur en scène Francesca Zambello dont on ne compte plus les réalisations sur les plus grandes scènes mondiales, insiste d’ailleurs sur le fait que depuis 2011, le monde a radicalement changé en ce qui concerne la politique, les problèmes sociaux, le sexe ou les problèmes raciaux. Dans sa lecture de la "Tétralogie" il est fait allusion à des événements majeurs de l'histoire des États-Unis, cela semble tout naturel. Comment lorsqu’il s’agit d’or comme il en est question dans la "Tétralogie", ne pas songer à la Californie, puis ensuite au capitalisme et à ses conséquences. Et Francesca Zambello de préciser: "Depuis la réalisation du Ring en 2011 et en 2016 à Washington, DC, j'ai trouvé que l’approche du sujet doit être encore plus contemporaine. Les grands thèmes généraux de la nature, de l'amour, du pouvoir et de la corruption de l'Anneau résonnent à travers le passé de l'Amérique et hantent notre présent. J’ai beaucoup réfléchi à cette question et je trouve que j'ai davantage mis l'accent sur le rôle de la famille et le pouvoir de la rédemption à travers tous les personnages féminins".

Ce n’est pas une mince entreprise de programmer les quatre opéras qui composent le "Ring". Et Matthew Shilvock, directeur général de l’Opéra de San Francisco depuis le 1er août 2016 ne manque pas de le souligner: "S’il y a une entreprise artistique qui montre l’engagement d’une compagnie d'opéra, c'est bien l'"Anneau" de Wagner. L’Opéra de San Francisco entretient un lien particulier avec cette œuvre et c'est un grand privilège pour nous tous de le produire sur notre scène une fois encore. Cette œuvre monumentale permet toujours de nouvelles interprétations".

Elle se compose de quatre opéras, un prologue, "Das Rheingold (L’Or du Rhin)", et trois "journées", "Die Walküre (La Walkyrie)", "Siegfried" et "Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux)". Environ 17 heures de spectacle, des chanteurs exceptionnels, une bonne trentaine de personnages, plus de 100 instruments dans la fosse et presque une centaine de thèmes différents, les fameux leitmotiv.

Le compositeur l’a élaborée à partir de 1848 et elle a été créée les 13, 14, 16 et 17 août 1876 sous la direction de Hans Richter, au tout nouveau Festspielhaus de Bayreuth. S’y affrontent deux familles rivales, l’une descendant du dieu Wotan, l’autre du nain Alberich, elles vont tout faire pour récupérer l’or du Rhin forgé en anneau. Siegfried, descendant de Wotan y parviendra. Mais cet anneau est maudit et ceux qui veulent s’en emparer courent à leur perte. Le compositeur qui a aussi rédigé les livrets, on parlera de "Gesamtkuntswerk (œuvre totale)", s’inspire surtout de deux récits consacrés à la légende de Siegfried et qui datent des XIIe et XIIIe siècles ainsi que de sagas islandaises. Il y a ajouté ses propres convictions philosophiques, fruit de ses nombreuses lectures et de son expérience politique.


Représentations en 2018

Iréne Theorin dans le rôle de Brünnhilde. Photo courtoisie (c) Karin Cooper
Iréne Theorin dans le rôle de Brünnhilde. Photo courtoisie (c) Karin Cooper
A l’Opéra de San Francisco, le 1er cycle aura lieu les 12, 13, 15 et 17 juin. Le 2e les 19, 20, 22 et 24 juin. Le 3e les 26, 27, 29 juin et 1er juillet. "Das Rheingold", le prologue, les 12, 19 et 26 juin; "Die Walküre", les 13, 20 et 27 juin; "Siegfried", les 15, 22 et 29 juin; "Götterdämmerung", les 17, 24 juin et 1er juillet. Œuvres bien évidemment chantées en allemand avec des surtitres en anglais.
On pourra y entendre notamment Iréne Theorin en Brünnhilde, Greer Grimsley en Wotan, Karita Mattila en Sieglinde et Falk Struckmann en Alberich. Sous la direction de Donald Runnicles, grand chef wagnérien qui fut directeur musical de l’Opéra de San Francisco de 1992 à 2009.

Autour des représentations

Matthew Shilvock se réjouit: "Nous sommes heureux de présenter de nombreux événements du Festival du Ring autour des trois cycles. C'est l’occasion unique de s'immerger dans un événement incroyablement puissant". En cela l’Opéra de San Francisco reste fidèle à une de ses missions qui est l’éducation. Aussi, depuis plusieurs semaines, de nombreuses manifestations sont prévues pour accompagner et préparer ce grand moment. Un programme varié de conférences, expositions, projections de films, programmes musicaux qui sont autant d'occasions d’approcher des artistes, des membres de l'équipe de production et des spécialistes de Wagner. Dans ce Festival du Ring, personne n’est oublié et surtout pas la jeunesse à laquelle plusieurs manifestations sont dédiées, presque depuis le berceau…

On peut d’abord rappeler que le dimanche 27 mai 2018 à 16h en l’église luthérienne St Mark de San Francisco avait lieu un concert célébrant le 205e anniversaire de la naissance de Richard Wagner, le 22 mai 1813 à Leipzig.

Les jeudis 14, 21 et 28 juin à 20h au Théâtre Atrium Taube, des membres du chœur de l’Opéra de San Francisco, sous la direction de Ian Robertson et accompagnés au piano par Fabrizio Corona interpréteront de la musique chorale extraite des opéras de Richard Wagner, notamment "Tannhäuser", "Lohengrin", "Parsifal" et le "Vaisseau fantôme".
Avant chaque représentation, un avant-propos de près d’une heure permettra aux spectateurs de rafraîchir leurs connaissances ou de les approfondir.

Les mardis 12, 19 et 26 juin de 11 à 15h au Théâtre Atrium Taube des artistes et des historiens éclaireront l’œuvre de Wagner.

Une croisière est même prévue, elle sera organisée par la Wagner Society of Northern California le lundi 25 juin de 11h45 à 14h. Certes, elle ne se déroulera pas sur le Rhin et ne permettra pas de rencontrer les créatures mythiques qui en peuplent les eaux mais on naviguera dans la baie de San Francisco et on verra des lieux exceptionnels, Treasure Island, l'Île d'Ange, le Golden Gate Bridge et l’environnement maritime de San Francisco.
Cette même Wagner Society of Northern California organise trois forum les 16, 23 et 30 juin, de 10 à 15h30 au Théâtre Atrium Taube.

Du 14 juin au 30 juin, le Shelton Theatre présentera "Die Lustigen Nibelungen (The merry Nibelungs)", une opérette du compositeur autrichien Oscar Strauss composée en 1904.

Nous rappellerons la déclaration d’Albert Lavignac, musicologue qu’a rendu célèbre son "Voyage artistique à Bayreuth" paru en 1897. Il notait qu’on pouvait s’y rendre comme on voulait, "à pied, à cheval, en voiture, à bicyclette, en chemin de fer", mais concluait en disant que "le vrai pèlerin devrait y aller à genoux". Souhaitons que beaucoup de spectateurs, déjà admirateurs de Wagner ou désireux de le devenir, fassent ce pèlerinage à San Francisco, même si ce n’est pas à genoux!










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