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L’homéopathie bientôt déremboursée


Par Rédigé le 02/09/2019 (dernière modification le 30/07/2019)

Souvent critiquée sur ses fondements scientifiques, l’homéopathie est cette fois officiellement menacée de déremboursement. Le 28 juin dernier, la HAS (Haute Autorité de Santé) a en effet rendu un avis favorable à l’arrêt de sa prise en charge par la Sécurité sociale.


Les fondements de l’homéopathie

Plus d’un tiers des Français utilisent régulièrement l’homéopathie. Photo © Anne-Sophie Leroy
Plus d’un tiers des Français utilisent régulièrement l’homéopathie. Photo © Anne-Sophie Leroy
Les origines de l’homéopathie telle qu’on la connaît aujourd’hui remontent au XVIIIe siècle avec son père fondateur, un médecin allemand du nom de Samuel Hahnemann. En 1810, celui-ci publie son ouvrage majeur "L’Organon de l’Art de guérir" dans lequel il donne une définition de l’homéopathie : "La méthode homéopathique est celle qui, calculant bien la dose, emploie contre l’ensemble des symptômes d’une maladie naturelle, un remède capable de provoquer chez l’homme bien portant des symptômes aussi semblables que possible à ceux que l’on observe chez le malade". Cette médecine dite douce puisque les remèdes sont préparés à partir de sources naturelles (plantes, animaux, minéraux) repose donc sur trois principes fondamentaux. Tout d’abord, celui de similitude c’est-à-dire "guérir le mal par le mal" en donnant au patient une substance diluée qui, si elle ne l’était pas, déclencherait le même type de troubles que ceux dont il souffre. Ensuite, celui d’infinitésimalité puisque les souches sont diluées à de très nombreuses reprises. Enfin celui de globalité ou d’individualisation qui consiste à prendre en compte l’individu dans sa globalité et pas seulement ses symptômes.

L’homéopathie face à la science

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Mais aujourd’hui, les détracteurs de l’homéopathie sont nombreux. Ils s’appuient tout d’abord sur la méthode de préparation des remèdes homéopathiques : les dilutions hahnemanniennes. Cela revient à prélever une goutte de produit actif pour la mélanger à 99 gouttes de solvant. On obtient alors une dilution 1 CH. Pour obtenir un remède à la concentration 2 CH, on renouvelle l’opération en prélevant une goutte de la solution 1 CH pour la mélanger à 99 gouttes de solvant, et ainsi de suite. Or à partir de 12 CH, la dilution équivaut à une goutte d’eau dans tous les océans de la planète. Statistiquement il y a donc très peu de chances de retrouver une molécule de substance active dans le produit final. Une hypothèse avait été émise pour tenter d’expliquer l’efficacité de l’homéopathie malgré l’absence de produit actif : celle de la mémoire de l’eau. Elle partait du principe que l’eau (utilisée comme solvant) gardait une "mémoire" des composés avec lesquels elle avait été en contact. Mais cette théorie n’a jamais été prouvée.
De plus, nombre de professionnels du monde médical et paramédical décrient le fait que les remèdes homéopathiques fassent l’objet d’une dérogation quant à leur mise sur le marché. En effet, contrairement aux médicaments conventionnels, ils ne nécessitent pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) qui comprend des études scientifiques prouvant l’efficacité thérapeutique du médicament concerné. Ainsi, les produits homéopathiques doivent seulement être enregistrés. Et pour cela, il n’y a que trois conditions : le médicament doit être pris par voie orale, aucune indication thérapeutique particulière ne doit apparaître sur l’étiquetage et le degré de dilution doit garantir son innocuité. Aujourd’hui en France, certains médicaments homéopathiques sont ainsi remboursés à hauteur de 30% par la Sécurité sociale.

Le déremboursement en ligne de mire

Il y a un an, plusieurs médicaments utilisés dans le traitement de la maladie d’Alzheimer comme la mémantine étaient déremboursés "faute d’intérêt thérapeutique suffisant". Une décision qui avait fait débat mais qui avait également relancé la polémique autour de l’homéopathie, considérée comme scientifiquement infondée. Une grande enquête a donc été menée par la HAS pendant neuf mois : plus d’un millier d’études ont été analysées, les trois laboratoires (Boiron, Weleda et Lehning) ont été entendus et des associations de patients auditionnées. Mathilde Grande, chef de service de l’évaluation des médicaments à la HAS a rendu un avis limpide : "L’ensemble de ces données n’a pas conclu à un avantage clinique par rapport au placebo". Le 28 juin, la commission de transparence de la HAS a donc voté dans sa grande majorité pour le déremboursement de l’homéopathie, une décision suivie par la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Une décision dont les opposants sont nombreux. Lancée durant le printemps, la campagne "mon homéo, mon choix" visant à défendre le remboursement de l’homéopathie se compose d’un site internet, d’une pétition (plus d’1,2 million de signatures), d’un compte Twitter, Facebook et de visuels sur les supposés bienfaits de l’homéopathie. Les laboratoires homéopathiques, et en premier lieu le français Boiron leader mondial, assurent qu’un déremboursement menacerait 1300 emplois dans l’Hexagone. Un déremboursement qui engendrerait par contre une économie d’environ 128 millions d’euros par an pour la Sécurité sociale. Vue comme une médecine de soutien ou d’accompagnement, l’homéopathie fait encore beaucoup d’adeptes en France. Ceux-là risquent de grincer des dents lorsque le déremboursement sera effectif. Sa date n’est pour l’instant pas connue puisque plusieurs scénarios concernant ses modalités sont encore à l’étude.









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