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L’ingérence occidentale divise la classe politique


Par Max Dominique Ayissi Rédigé le 06/03/2009 (dernière modification le 06/03/2009)

Le gouvernement s’insurge contre les prises de position des ambassadeurs occidentaux en poste à Yaoundé, notamment au sujet de la nomination des membres du conseil électoral du nouvel organisme chargé des élections au Cameroun. Tandis que le principal parti de l’opposition estime qu’il est du droit et même du devoir des représentations diplomatiques de donner leur avis sur le processus de démocratisation du pays.


Les nominations de la discorde

Yaoundé. Image du domaine public.
Yaoundé. Image du domaine public.
La polémique est née d’un décret du président de la République, signé le… Paul Biya nommait les membres du conseil électoral de la structure chargée de l’organisation et de la supervision des élections au Cameroun. « Élections Cameroun », de son nom, avait été mis sur pied pour garantir la transparence des consultations électorales, après les expériences plus que mitigées des vingt premières années d’initiation à la démocratie. Alors que tous les acteurs s’accordaient sur le fait que cet organisme disposait, de part les textes, de toutes les garanties, pour pouvoir jouer le rôle qui lui était dévolu, l’acte du chef de l’État venait jeter comme un pavé dans la marre, puisque la totalité des membres de son conseil électoral étaient tous ou presque des militants, à un très haut niveau, du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir.
Ils semblaient même avoir été triés sur le volet, puisqu’on y retrouvait une ancienne ministre, Suzanne Bomba Nkolo. Parmi les personnalités les plus polémiques, il y a Dorothy Njema. Jusqu’à sa nomination, elle était rectrice de l’Université de Yaoundé I son le nom était régulièrement cité, parmi les préposés au poste de premier ministre. Quant au président de ce conseil électoral, Samuel Fonkam Azu’u, il occupait de hautes fonctions au secrétariat général de la présidence de la République. Ils étaient tous, au moment de leur nomination et pour ne citer que ceux-là, membres du comité central, autant dire de hauts cadres, du Rdpc. Bref, vraiment pas de quoi convaincre les septiques.

Levée de bouclier

Cette situation a évidement fait l’objet de nombreuses critiques et réactions. Les partis politiques de l’opposition et les membres de la société civile s’estimant oublier, dans la constitution de cette équipe. Surtout que la question avaient fait l’objet de ce qu’il y lieu d’appeler une large concertation. Le premier ministre avait en effet reçu, tour à tour, des politiques, religieux et autres organisations sociales, des propositions sur la composition éventuelle de ce conseil électoral. Bien plus, tout ce monde émettait de sérieuses réserves sur l’indépendance de l’équipe ainsi constituées et dont sur la crédibilité de la nouvelle institution.
Même la démission, en bloc, des nouveaux « incorruptibles », des instances dirigeantes du parti de Paul Biya, au lendemain de leur désignation, sera perçue comme une plaisanterie. Le Social démocratique front (Sdf), la deuxième force politique du Cameroun, va même déposer un recours à sursoir d’exécution du texte de nomination, auprès de la Cour suprême. Il sera débouté, deux jours seulement avant la prestation de ce conseil électoral. Une cérémonie à laquelle ne prendront pas part les ambassadeurs de Grande Bretagne, des États-Unis d’Amérique et du Canada.

Mises au point

Le gouvernement camerounais va considérer cette absence collective comme une provocation et Henri Eyebe Ayissi, le ministre de Relations Extérieures convoquera tous les chefs de missions diplomatiques en poste à Yaoundé, pour leur faire part de son opinion sur ce débat auquel ils se sont abondamment mêlés. Pour lui, les prises de position des responsables de missions diplomatiques n’étaient ni plus ni moins que de "l’ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun". Constituant ainsi "un grossier pied du nez à sa souveraineté nationale". Il ira même plus loin, en affirmant que "les antécédents Kenyans et Zimbabwéens ne seront jamais tolérés au Cameroun". Une menace à peine voilée de ce que ces chancelleries seraient tenues pour responsables de toute dérive sociale, qui surviendrait à la suite de leurs prises de position ou d’un quelconque soutien à la contestation ambiante. Et le message semble être passé.
Une semaine, après ce cocktail peu diplomatique, sur le hall du ministère des Relations Extérieures, le président du Social Démocratique Front est venu relancer le débat. Ni john Fru Ndi a estimé, au cours d’une conférence de presse, donnée à son domicile de Yaoundé, que c’est "l’organisation d’élections libres, justes et transparentes qui garantirait (à M. Biya) son statut de membre du Commonwealth et lui vaudrait le respect du concert des Nations". Pour lui, les prises de positions s’expliquent par "les frustrations des camerounais et de la communauté internationale". Le chairman, comme on l’appelle, affirme que, "dans sa configuration actuelle, Elecam souffre d’un déficit criard de crédibilité".
"Les pertinentes critiques des pays amis devraient, au lieu de nous rendre amers, nous amener à nous remettre en question et à nous améliorer". Renchérit-il. Et, pour ne rien arranger, il "rend un vibrant hommage à la communauté internationale pour cette position courageuse", dont il estime qu’elle "s’inscrit parfaitement dans le cadre du dialogue prévue dans les dispositions de l’article 8 des accords ACP/Union européenne de juin 2000 à Cotonou".








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