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La crise et la précarité, vues de près


Par A.M. Rédigé le 31/03/2009 (dernière modification le 01/04/2009)

On entend de plus en plus rarement "ma petite entreprise ne connaît pas la crise" qu'Alain Bashung chantait en faisant allusion à tout à fait autre chose! Cette phrase a été reprise et utilisée dans son sens "entreprenarial". Aujourd'hui, même à Monaco, on aimerait pouvoir dire "Ma petite entreprise Ma locomotive Avance au mépris des sémaphores Me tire du néant". Mais c'est souvent le contraire.


Les entrepreneurs et la couverture sociale, une situation où de nouvelles attitudes s'imposent

Clients en retard de paiement, procès longs et coûteux, de nombreux éléments influencent les revenus sur lesquels les chefs d'entreprises comptent, quelle que soit la taille de la structure.
C.E. a créé sa société il y a longtemps et tout marchait très bien jusqu'à ce qu'un concurrent ne lui "copie" son produit. Depuis il est en procès, et en attendant, il n'a plus de quoi payer sa cotisation CARTI-CAMTI. Des échelonnements sont bien possibles, mais seulement avec un taux d'intérêt bien plus élevé que l'inflation, et pendant la durée de l'arrangement les soins ne seront ni acceptés ni remboursés puisqu'il est stipulé que "l'ouverture aux droits à toutes prestations est subordonnée au paiement des cotisations".
"Cette phrase est conforme à la loi", explique Jean-Jacques Campana, Conseiller de Gouvernement pour les Affaires Sociales et la Santé, ancien Directeur des Caisses Sociales de Monaco. "Les prestations pourront être remboursées, une fois les cotisations régularisées pour le trimestre passé, il suffit de soumettre les feuilles de soins et demandes d'accord qui auraient été refusées." Le service de recouvrement peut aussi supprimer en partie ou totalement le montant des intérêts de majoration, ou même plus, une aide sociale peut prendre en charge les cotisations pour les personnes en difficulté. Il faut pour cela justifier des revenus très bas bien entendu. En ce début de trimestre, il est important de prendre les devants et aviser le service recouvrement de CARTI-CAMTI en expliquant sa situation, avant que la procédure juridique ne se mette en route car après c'est trop tard.
L'appréhension qu'ont les entrepreneurs en difficulté de se retrouver devant le tribunal pour non paiement des cotisations, est bien justifiée. Le fait est que la citation à comparaître est publiée dans le Journal Officiel qui est diffusé sur Internet, et peut être affiché même des années après l'effraction, parmi les publications du PARQUET GÉNÉRAL (Exécution de l'article 374 du Code de Procédure Pénale), sans indication d'un éventuel non lieu ou de régularisation...
C'est le cas de J.D., dont le nom entré dans les moteurs de recherche affiche sa convocation datant de plus de 4 ans. Sa situation a été tout à fait régularisée, mais l'affichage officiel demeure et certains de ses connaissances font circuler la copie de la page. Son "oubli" d'antan le poursuit encore aujourd'hui.

Salariés: l'emploi-tourisme ou ceux qui viennent de loin à l'assaut du marché du travail monégasque

La crise et la précarité, vues de près
Depuis quelques mois et tout particulièrement durant ces dernières semaines, la petite salle d'attente du Service de l'Emploi ne désemplit pas. Un bureau est réservé aux Monégasques, un autre aux Italiens et un troisième aux Français limitrophes et aux résidents (sans distinction, ici tous sont à la même enseigne, qu'ils paient un loyer français ou un plus élevé, en Principauté).
Les demandes affluent mais les offres se font de plus en plus rares et souvent, sont retirées le lendemain, sans explications. Mais comparé aux services similaires du pays voisin, ici on peut encore trouver du travail, surtout dans les domaines de la construction et de la finance. Aujourd'hui nombreux sont les candidats qui arrivent d'Italie, de Belgique et des régions éloignées de France, pour tenter d'obtenir un travail à Monaco, en essayant de s'installer à proximité.
B.A. est à la recherche d'un emploi à Monaco car malgré ses diplômes, il n'a pas de travail lui permettant d'entretenir sa famille. "Les agences d'intérim ont semble-t-il pris mon C.V. et ma démarche au sérieux, mais la situation demeure stoppée", précise-t'il. Dans l'attente d'un poste, il cherche aussi à se loger, mais des prix pratiqués: "un studio variant de 1200 à parfois 2000 euros, et des deux chambres à plus de 3500 euro par mois" nécessitent un revenu de 5000 à 15000 euros, et il a deux enfants en bas âge... Alors restent les voyages aller-retour et les attentes interminables. Avec une lueur d'espoir dans ses yeux chaque fois qu'il repart avec une convocation...

Opportunistes et débrouillards, ou comment profiter des avantages

J.M., qui réside en Principauté depuis de nombreuses années et possède donc un carnet d'adresse bien rempli, se fait rémunérer par des organisateurs d'évènements et autres personnes et sociétés n'ayant pas autant de "connaissances". Ces "communications en réseau privé" lui permettent de gagner des centaines voir des milliers d'euros pour diffuser une information auprès de ses contacts. Sans enseigne officielle donc sans facture, ces revenus complètent bien sa pension. Faisant ainsi officieusement partie de l'organisation, d'autres avantages lui sont également réservés: invitation aux cocktails et aux repas de prestige. L'occasion de se proposer auprès de ceux qui ne connaissent pas le modus operandi local et pour qui l'offre de service "réseau privé" peut être vendue au prix fixé librement par celui qui le pratique.
Certains, bien connus comme étant "sans travail et revenus officiels" se débrouillent pour ne pas ressentir le coût de la vie: ils s'infiltrent à tous les cocktails et repas où une place libre est repérée, d'autres courtisent les personnes âgées pour obtenir d'elles les cartons d'invitation si convoités et se présentent à leur place,... pour ne citer que ce qui concerne les réceptions où l'on boit et mange à volonté. Encore d'autres se font passer comme étant de la Principauté - surtout sur Internet, via Fakebook* ou avec des cartes de visite fabriquées pour la circonstance - et profitant de cette notoriété inventée, tentent d'obtenir de multiples avantages auprès des étrangers à la recherche d'opportunités. Un "business" qui rapporte!

La crise, c'est pour les autres?

La Principauté de Monaco, malgré sa petite taille, offre toujours un peu plus que ses voisins. Il ne faut pas s'étonner que de plus en plus nombreux sont ceux qui tentent leur chance pour trouver du travail, créer une entreprise, ou plus généralement, une opportunité pour une meilleure qualité de vie. Toujours plus nombreux que ceux qui partent. Mais il est de plus en plus clair - que l'on soit propriétaire d'un logement laissé vide ou locataire payant le prix fort, demandeur d'emploi ou entrepreneur : la crise n'est pas que pour les autres.





* Le Facebook des 'fake' profiles, des faux titres et des faux amis

NDLR: les initiales utilisées dans cet article sont fictives.








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