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La situation au Burkina Faso

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Par A. Chalamon Rédigé le 04/07/2012 (dernière modification le 02/07/2012)

Le Burkina Faso, un pays enclavé qui souffre des problèmes de ses voisins, dont le Mali, mais également d'un état de crise alimentaire alarmant.


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L’Europe est en pleine crise financière et économique, ce qui n’est pas sans conséquences pour les pays de l’ex Zone Franc. Le Franc CFA étant lié par une parité fixe à l’Euro, lorsque la valeur de la devise européenne baisse par rapport aux grandes monnaies internationales comme le Dollar, le Yen ou le Yuan, c’est le pouvoir d’achat des Africains de la zone qui se déprécie d’autant. D’autre part, comme nous l’avons déjà évoqué, l’atonie de l’économie européenne a pour résultat, une moindre demande de matières premières, dont le coton, première ressource agricole du Burkina. Enfin, les aides octroyées aux pays en développement par les pays du Nord, diminuent drastiquement.
Le Burkina Faso, qui se remettait courageusement des évènements de l’année dernière se retrouve aujourd’hui pénalisé par des facteurs extérieurs qui mettent son équilibre en péril.
Si la crise de la Côte d’Ivoire a officiellement trouvé une issue favorable, notamment grâce à la médiation du Président Blaise Compaoré, force est de constater que la voie vitale constituée par le chemin de fer reliant Abidjan n’est pas opérationnelle à 100%. La région Nord du grand voisin ivoirien n’est pas totalement pacifiée et de nombreux réfugiés burkinabè n’ont pas rejoint leur ancien pays d’adoption. Ce qui signifie qu’il faut continuer à loger, nourrir, éduquer et occuper cette diaspora et que cela coûte cher au Pays des Hommes Intègres.
Le déficit pluviométrique de la saison 2011 a eu des effets néfastes sur les récoltes, les pâturages et le niveau d’eau dans les barrages. Si les prévisions concernant la production agricole de 2012 sont plutôt bonnes, il faudra effectuer "la soudure" jusqu’à ce que les nouvelles productions viennent remplir à nouveau les greniers à mil.
C’est dans ce contexte déjà difficile que s’est invitée la crise malienne. A ce jour les estimations du nombre de réfugiés en provenance du voisin du Nord et de l’Ouest font état de 60 à 75.000 personnes déplacées, démunies de tout, qu’il faut accueillir. Parmi elles, 25.000 enfants qui ont besoin d’être scolarisés. Une analyse plus fine de cette tragédie met en évidence le fait que cette population n’est pas homogène: d’une part, les populations nomades ont trouvé refuge près d’un affluent du Niger, le long de la frontière; cela leur a permis d’y faire boire leur bétail. Quant aux personnes autrefois sédentarisées, elles ont perdu l’habitude de migrer, ainsi que toutes leurs ressources et ce sont elles qui sont les plus vulnérables.
L’afflux de population, accompagnée d’un grand nombre de bêtes, fragilise un équilibre déjà précaire et a déjà créé des tensions inter-communautaires qui ont entrainé la mort de 25 personnes fin mai 2012, à la frontière. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire qui règne dans la région est un facteur de risque non seulement pour les populations réfugiées mais aussi autochtones déjà à la peine.
Malgré une situation extrêmement difficile, les Burkinabè accueillent généreusement leurs frères maliens, mais… Jusqu’à quand? Plusieurs organismes comme l’UNICEF, MSF, CARITAS et bien d’autres ont tiré la sonnette d’alarme pour que l’aide internationale soit mobilisée avant qu’il ne soit trop tard. Mais les voies d’acheminement de l’aide ne sont pas aisées.
Le Président Blaise Compaoré, au crédit duquel ont été porté un certain nombre de médiations dans les conflits de la région, tente, avec l’aide précieuse de son Ministre des Affaires Étrangères Djibrill Bassolé, de dénouer la crise. Ce dernier a d’ailleurs été reçu le 12 juin 2012 par son nouvel homologue français Laurent Fabius.
Face à un tel cataclysme, la première réaction des amis du Burkina de la Côte d’Azur (France) est la tristesse et la compassion. Mais il faut dépasser ce sentiment de découragement momentané et tenter, avec nos moyens, d’aider le Burkina à passer ce cap difficile. Notre région comporte près de 200 associations dont le dévouement pour le Burkina n’est plus à démontrer. En ces temps incertains, il faut leur demander un effort supplémentaire afin de réorienter leur aide vers des projets à court terme, car c’est de survie dont il s’agit. L’efficacité consisterait à mobiliser des fonds afin de pouvoir subvenir aux besoins basiques des populations permettant d’acheter des denrées alimentaires. Il faudrait aussi œuvrer pour alléger le poids des réfugiés maliens en collaborant avec des grandes organisations nationales et internationales, comme la Croix Rouge monégasque, par exemple, qui disposent du savoir faire et de la logistique pour intervenir dans un pareil contexte.
Les Burkinabè sont réputés pour être travailleurs et économes. Sans eux, de nombreux pays de la sous région seraient en difficulté; mais ces qualités ont leurs limites. Mettons tout en œuvre pour que les crises que nous venons d’évoquer, en particulier celle des réfugiés maliens, ne viennent pas porter un coup sévère à la santé économique du pays et aux 5% de croissance économique qui étaient prévus pour cette année.

Marc Aicardi de Saint-Paul
Consul du Burkina Faso de Nice - Chevalier de l’Ordre National







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