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Le Podcast Edito Syrie : Bachar Al-Assad, c’est fini !


Par Jean-Luc Vannier Rédigé le 15/05/2011 (dernière modification le 15/05/2011)

Alors que le pouvoir syrien alterne répression et proposition -réelle ou feinte- de dialogue réformiste avec les manifestants, les experts occidentaux semblent avoir déjà tiré un trait définitif sur le régime alaouite. Sans pour autant être en mesure de cerner la nature des forces susceptibles de lui succéder. La chute annoncée du président Bachar Al-Assad offre en outre une revanche de taille au pouvoir saoudien, trop content d’y trouver l’occasion de briser l’alliance entre Damas et Téhéran. Autre enseignement spectaculaire de cette crise, la perte de vitesse de la diplomatie turque dans toute la région.


Le Podcast Edito Syrie : Bachar Al-Assad, c’est fini !
A quelques jours d’intervalle, une réunion des attachés militaires occidentaux à Damas et une rencontre de diplomates européens à Beyrouth sont parvenues à des conclusions identiques. Conclusions relayées par une formule lapidaire d’un diplomate français de haut rang : « A terme, Bachar Al-Assad, c’est fini ! ». De l’avis de tous, la sanglante répression engagée par le président syrien empêche tout retour en arrière et scelle la chute inévitable du dictateur. Le strict verrouillage par nature du système politique syrien rend, par surcroît, illusoire toute velléité de réforme des institutions. L’évidence du point de mire contraste néanmoins avec les incertitudes de la perspective, nettement plus obscure : aux interrogations portant sur l’échéance et les modalités d’une fin de régime, aucun officiel n’a été en mesure de répondre. Le représentant américain a dû lui-même reconnaître qu’il n’y voyait guère plus clair que ses collègues du Vieux Continent sur les évolutions immédiates en Syrie. Signes d’une déroute annoncée du régime, des officiers du renseignement syrien demandent à leurs collègues libanais de bien vouloir héberger leur famille chez eux, de fortunés étudiants damascènes et aleppins prennent leur quartier à Beyrouth, des travailleurs syriens au Liban cherchent à obtenir des armes auprès de leurs employeurs libanais.

L’issue de la révolte syrienne pose la question des forces appelées à succéder au Président Bachar Al-Assad : quel crédit faut-il en ce sens accorder aux messages transmis par des responsables saoudiens censés rassurer les occidentaux sur l’instauration possible en Syrie d’un régime sunnite modéré? Décidé à faire payer au président syrien son soutien à l’Iran et l’influence néfaste de Damas au Liban, responsable notamment de la mise en minorité du gouvernement de Saad Hariri, Ryad s’impliquerait « efficacement » auprès des opposants par filières islamiques interposées. Convient-il ensuite de prendre au sérieux les rumeurs de discorde au sein du clan Assad ? A en croire certains milieux onusiens, Bachar serait tenté d’approcher les Américains en leur proposant la tête du Hezbollah pour sauver son régime tandis que son frère Maher, chef de la Garde Républicaine, rechercherait au contraire l’appui de la milice chiite libanaise pour s’imposer définitivement à Damas. « Une savante mais vaine répartition des rôles entre le bon et le méchant », minimise-t-on dans les cercles diplomatiques de Beyrouth tandis qu’un sympathisant du Hezbollah s’en amuse : « comment Bachar pourrait-t-il négocier quelque chose qu’il ne contrôle pas ?

Panique aux Affaires étrangères d'Ankara

La milice pro-iranienne affiche quant à elle un certain optimisme : le président syrien possède encore, estime-t-on du côté de Haret Hreik, les moyens de tenir. Vœux pieux qui côtoient sans doute le déni: dès mars dernier, le Secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah invitait ses sympathisants à ne pas se rendre en Syrie afin « d’éviter d’être pris à partie par la foule », les cortèges laissant fleurir des slogans hostiles au Parti de Dieu. Simultanément, des officiers aguerris de la milice apportaient leur concours aux seuls Gardes républicains tout en refusant une mission similaire avec les soldats des forces armées. Tout dépendra finalement de l’évaluation de la situation par l’Iran : « ce n’est pas parce que Téhéran se tait qu’il ne fait rien non plus », commentent certains de ses adeptes dans la banlieue sud de Beyrouth. Il est vrai que l’agenda libanais -la formation d’un gouvernement autour du premier ministre désigné Nagib Mikati- complique sérieusement la donne pour le Hezbollah. Celui-ci regrette l’intransigeance « embarrassante » de son allié chrétien, le général Michel Aoun, tout en reconnaissant qu’il est difficile de demander à ce dernier « plus de sacrifices qu’il n’en a déjà consentis ». Pour leur part, les Européens ont averti le successeur de Saad Hariri de l’impasse dans laquelle il risquait de se fourvoyer en formant un gouvernement dont le principal soutien était un pouvoir voisin en pleine déliquescence. « Dans cette configuration, explique un haut responsable onusien, le Hezbollah n’a plus d’avenir au Liban ».

Ultime et spectaculaire enseignement de la crise syrienne : la « panique » -le mot est d’un diplomate turc en poste à Beyrouth- du Ministère des affaires étrangères de Turquie. Ankara qui avait misé sur un positionnement équilibré entre l’Orient et l’Occident assiste, impuissant, au complet effondrement de sa stratégie en perdant ses atouts les uns après les autres : la dénonciation de sa coopération militaire avec Israël a été suivie d’un accord immédiat entre Tel-Aviv et Athènes pour effectuer des exercices conjoints. En outre, Téhéran fait désormais preuve de méfiance envers la Turquie après l’atterrissage forcé d’avions cargos iraniens par la chasse aérienne turque dans le cadre de l'embargo contre le régime des mollahs. Toujours inquiète, par ailleurs, de la résurgence d’une influence néo ottomane dans la région, l’Arabie saoudite rejette en bloc toute médiation turque. Enfin, se lamentent les diplomates du pays, Ankara ne semble plus avoir d’emprise sur le comportement de son « allié syrien ».

En attendant, les insurgés ne peuvent compter que sur leur courage. Et sur une détermination qui force le respect. Le régime, lui, ne tient plus que par la tiède ambivalence déclaratoire des responsables occidentaux. De quoi anéantir bien des idées préconçues sur le fait de savoir qui a su ou saura « entrer dans l’Histoire ».


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1.Posté par hafy le 15/05/2011 21:49 | Alerter
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Excellent mais le fond d'écran noir peut-être quelque peu gênant. (NDLR: Tous nos articles peuven...  

2.Posté par geom le 16/05/2011 08:34 | Alerter
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Merci JL. Je crois en effet que ns assistons aux derniers soubresauts de ce regime de la terreur,...  

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