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Maisons de compositeurs

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 16/02/2018 (dernière modification le 15/02/2018)

On ne peut vraiment pas dire qu’elles soient très bien traitées et que par elles on honore comme il se devrait leurs illustres occupants. Elles ne sont pas entretenues ou mal, elles ne reçoivent pas les subventions qui leur permettraient de résister au temps et les différents partenaires qui en ont la charge ne sont pas toujours d’accord. Trois d’entre elles ont retenu notre attention, l’une ne s’en tire pas trop mal, l’autre a été sauvée de justesse, quant à la troisième elle est menacée de destruction…


Chez Maurice Ravel à Montfort-l'Amaury

maisons_compositeurs.mp3 Maisons compositeurs.mp3  (1.61 Mo)

En 1921, Maurice Ravel achetait le Belvédère, une petite maison à Montfort-l’Amaury, à 45 km de Paris, en lisière de la forêt de Rambouillet, au flanc d’une colline dominant cette bourgade des Yvelines. Bourgade qui est le berceau de la famille de Simon qui s’illustra dans la croisade contre les Albigeois. Ravel en a dessiné le jardin en terrasse, conservé à l’identique. C’est là qu’il a composé notamment "Le Boléro" en 1928, les deux "Concertos", celui "pour la main gauche" en 1929-1930 et celui "en sol majeur" en 1929-1931, ainsi que "L’Enfant et les Sortilèges" en 1919-1925 sur un livret de Colette. Il y a aussi réalisé l’orchestration des "Tableaux d'une exposition" de Moussorgski en 1922. Ces œuvres ont d’ailleurs contribué à sa renommée internationale.

Il a habité cette demeure jusqu’en décembre 1937, il est décédé le 28 de ce mois dans une clinique parisienne de la rue Boileau. Il était né à Ciboure dans les actuelles Pyrénées-Atlantiques le 7 mars 1875. Le Belvédère, Maison-Musée de Ravel, est la propriété de la Réunion des Musées Nationaux et il est par bail géré par la ville de Montfort l’Amaury. En 2011, il a été désigné "Maison des Illustres". Le poète Léon-Paul Fargue l’avait qualifié de "jouet à surprise…, de maison meublée et compartimentée comme une cabine de bateau, comme un nécessaire à ouvrage, pourvue d’objets précieux pareils à ceux d’une trousse". Quant au compositeur Manuel Rosenthal qui fut l’élève de Ravel à partir de leur rencontre en 1925, il en disait: "C’est une petite maison, une sorte de petit pavillon, même pas une villa… de l’extérieur, elle se présente un peu comme une tranche de camembert mal taillée. Cette petite maison aux pièces minuscules est pleine d’objets que le compositeur avait réunis". On ajoutera que le progrès y régnait, il y avait une machine à glaçons, un poste TSF, un chauffe-eau… Quant au piano, il est toujours accordé… Ajoutons que de 1953 à 1970, la gardienne de la propriété n'était autre que Céleste Albaret, la fidèle gouvernante de Marcel Proust.
Tout est donc parfait pensera-t-on. Il se dit cependant que parfois il y a quelques dysfonctionnements. Ainsi, en janvier 2017, Il a été révélé qu’on avait expulsé le chef d'orchestre Charles Dutoit et la pianiste Martha Argerich venus visiter le Belvédère et il avait été fermé, la mairie justifiant cette décision par un dégât des eaux. Précisons qu’actuellement la maison-musée est ouverte au public.


Les admirateurs de Georges Bizet seront rassurés

Grâce à une campagne de financement participatif, la maison du compositeur de Carmen vient d'être rachetée à la famille Pellistrandi, à Bougival dans les Yvelines. Cette maison où mourut Georges Bizet âgé d'à peine 37 ans, dans la nuit du 2 au 3 juin 1875, n’a pas été laissée à l'abandon. La famille qui l'habitait l’avait achetée en 1982 et respectait scrupuleusement la mémoire du compositeur qu’elle vénérait. Anne Gaëlle Pellistrandi rappelle que tous les ans, dans la nuit du 2 au 3 juin, pour l'anniversaire de la mort de Bizet, avec sa famille elle écoutait Carmen. Elle révèle que la chambre où il est mort n'a jamais été habitée.

Le président du Conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier, s'est porté acquéreur de la demeure et cette acquisition permettra la création d’ici 2022 d’un Centre Européen de Musique conçu par le baryton Jorge Chaminé. Selon un communiqué, Pierre Bédier "a décidé de mettre toute l’expertise de ses services à la disposition de l’ambitieux projet culturel et touristique de Bougival".
Jorge Chaminé s’est beaucoup investi, il a d’ailleurs créé en 2000 l’Association des Amis de Georges Bizet et en est vice-président, la présidente étant le mezzo-soprano Teresa Berganza. Pour lancer le réaménagement de cette demeure, l'association a procédé en juin 2017 à une levée de fonds visant à récolter 3 millions d'euros. Soutenue par la ville de Bougival, l'Association des amis de Georges Bizet, le CEM de Jorge Chaminé et l'association Europa Nostra, fédération européenne du patrimoine culturel, présidée par Plácido Domingo. On aborde maintenant la seconde étape, la restauration des lieux. Cette maison dans laquelle Bizet composa son œuvre la plus connue au cours de l'année 1874, est située dans un vaste ensemble patrimonial. Il comprend les maisons de l'écrivain russe Ivan Tourgueniev, du peintre impressionniste Berthe Morisot et de la cantatrice Pauline Viardot, sœur de la Malibran, toutes deux filles du célèbre ténor espagnol Manuel Garcia. Ces demeures historiques feront partie du parc paysager pour lequel existe un second projet de réaménagement.
Dans la villa de Pauline Viardot seront organisées des activités culturelles et on y regroupera les archives musicales et littéraires des familles Garcia-Viardot. Le CEM se réservera un "espace Carmen" face à la maison de Bizet avec un auditorium salle polyvalente, des studios d’enregistrement et une librairie. Les Amis de Georges Bizet et Europa Nostra souhaitent construire des bâtiments neufs pour le CEM que l’on souhaite voir devenir "un bouillonnant creuset musical".

La maison de Pierre Henry va être détruite

Le 5 juillet 2017, Pierre Henry mourait à l’âge de 89 ans à Paris où il était né le 9 décembre 1927. Sa maison parisienne sise au 32 rue de Toul, dans le quartier Bel-Air du XIIe arrondissement, va être détruite prochainement pour laisser place à une opération immobilière. Le compositeur n’était que locataire et le propriétaire a vendu son bien à un promoteur qui souhaite construire un immeuble moderne. La décision attriste les proches de Pierre Henry et tout d’abord Isabelle Warnier, sa compagne, qui y vit toujours et confesse: "C'est une épreuve vraiment dure à vivre. C'est une vraie maison d'artiste, un lieu qui mériterait de subsister. Malheureusement, il n'y a plus aucun espoir de sauver la maison mais il en reste un de sauver l'œuvre de Pierre Henry".

Une pétition a été lancée sur Internet et s'adresse à Françoise Nyssen, ministre de la Culture et Anne Hidalgo, maire de Paris, pour essayer de sauver ce lieu. Quelque 6.000 personnes l'ont déjà signée, mais pour l'instant cette mobilisation est sans résultat. Et, sauf miracle, la destruction interviendra avant la fin de l'année 2018. Pierre Henry y vivait depuis 1971 et avait transformé cette maison en studio d'enregistrement et laboratoire de recherche électro-acoustique. C’est là qu’il composait, qu'il enregistrait et menait ses recherches. C’est là aussi que le public se réunissait pour des concerts.
En 2005, Pierre Henry déclarait dans une interview: "Les sons que garde la maison sont un soutien pour moi. Comme les manuscrits d'un écrivain. C'est la bibliothèque qui vous enrichit un peu tous les jours". L'intégralité du fonds du compositeur, fruit de plus de 70 ans de carrière, y est en effet entreposé. La Bibliothèque nationale de France pourrait accueillir une partie des 10.000 bandes magnétiques conservées. Il y a également un projet de reconstitution du studio de Pierre Henry au Musée de la musique de Paris dans le quartier de la Villette. Mais Isabelle Warnier précise: "Le problème est que nous avons très peu de temps pour agir. Nous devons avoir quitté les lieux en juillet prochain". Elle espère cependant que la ville de Paris et le conseil régional apporteront une aide qui permettra de trouver un endroit susceptible de recevoir tout le matériel.

Si de nombreuses œuvres de Pierre Henry n’ont pas conquis l’audience du grand public, une d’entre elles au moins a eu un énorme retentissement. C'est la "Messe pour le temps présent" composée par Pierre Henry et Michel Colombier, compositeur de musiques de film et arrangeur. C’était une commande de Maurice Béjart pour le festival d'Avignon en 1967, avec le Ballet du XXe siècle dans la cour d'honneur du Palais des papes. Cette suite de danses fut reprise au festival d'Avignon en 1968 et est toujours représentée avec succès.

La ville de Paris a fait savoir qu'elle est en "lien étroit avec l'association" et qu'elle la "finance depuis de nombreuses années". La mairie indique également qu'elle apporte une aide afin de trouver de nouveaux locaux qui recevront le fonds du compositeur. Elle travaille à la "mise en place d'une conservation et d'une numérisation des œuvres et du studio" de Pierre Henry. Par ailleurs, le Conseil de Paris s'est prononcé pour la pose d'une plaque commémorative.










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