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NARBONNE : «Je suis victime de la dictature des banques»


Par Gilles Carvoyeur Rédigé le 14/03/2010 (dernière modification le 14/03/2010)

Sylvain Le Loup (nom et prénom d'emprunt), 46 ans, 3 enfants, jeune entrepreneur de Narbonne, est à bout de nerf. Il n'en peut plus du comportement de sa banque, la Banque Populaire de Narbonne Pyrénées qui est en train littéralement d'assassiner, selon l'artisan, son entreprise et le conduire au dépôt de bilan.


Les banques vont transformer la France en un immense pays de chômeurs !

NARBONNE : «Je suis victime de la dictature des banques»
«C'est simple, dénonce t-il avec une grande vigueur, je suis victime de la dictature des banques. Mon épouse et moi avons fait l'acquisition, en 2008, d'une société spécialisée dans l'installation et la pose de sécurité alarme et de vidéo surveillance.
C'était une reprise d'entreprise qui a pu se faire grâce à l'aide de la Banque Populaire. A l'époque, tout se passe bien et nous sommes confiants dans le discours de la banque qui promet de nous aider et de nous suivre».

Aujourd'hui, les relations ne sont plus au beau fixes et de peur de représailles de la part de sa banque, Sylvain Le Loup a accepté de rendre public son témoignage à condition que l'on préserve son anonymat.
«C'est incroyable, tempête t-il, nous sommes même plus en démocratie et quand on s'exprime publiquement, les banques appliquent des mesures de rétorsion! C'est un scandale !»
Car, la lune de miel avec l'établissement narbonnais n'a pas duré très longtemps. Comme en politique, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Et celles de la banque s'avèrent vite des promesses en l'air...
Avant de venir vivre en Languedoc-Roussillon, Sylvain, lorrain d'origine, travaillait au Luxembourg.
Il y a dix ans, les circonstances de la vie et un certain héliotropisme l'ont conduit à Narbonne avec ses trois enfants. Il a commencé par travailler dans cette entreprise d'installation d'alarmes avant de franchir le pas et de devenir, à son tour, son propre employeur en rachetant la PME à son ancien patron.
«Au moment du rachat de cette belle entreprise, nous avons présente toutes les garanties demandées par la banque c'est à dire les 3 bilans. Trois bilans ont ne peut plus positifs car la société marchait très fort.
Et pour rassurer la banque (les banques sont toujours très inquiètes sauf quand elles plantent des milliards d'euros dans des actifs pourris aux USA), nous avons même demandé une hypothèque sur un bâtiment appartenant au père de mon épouse».

Des conditions de garantie qui semblaient tout à fait démesurées compte tenu de la hauteur du crédit accordé : 50000 €!
«Mais que voulez-vous, c'est le système actuel : aujourd'hui, les banques ne prêtent plus qu'aux riches ou à ceux qui ont les moyens de garantir leur emprunt» constate dépité le jeune chef d'entreprise, scandalisé par le comportement de la banque.
«Lorsqu'il a fallut rembourser l'emprunt, la BP a estimé que nous pouvions rembourser normalement le crédit, sans avoir d'aides particulières puisque nous étions repreneur de la société.
Une décision logique vu que la PME comptait déjà des clients et pouvait assurer dès la reprise un Chiffre d'affaires»
ajoute t-il.
Ce qui est plus étrange, en revanche, c'est l'attitude de la banque au moment de l'ouverture du compte professionnel.
«Car, là, nous n'étions plus repreneurs (malgré les trois derniers bilans très positifs) mais de simples créateurs, comme si l'entreprise n'avait pas d'antériorité».
La, c'est un vrai scandale car en agissant ainsi, la banque a immédiatement coupé le crédit aux repreneurs, leur interdisant une autorisation de découvert, même minime !
Bref, elle aurait voulu tuer la PME, elle n'aurait pas agit autrement !
La première année, Sylvain Le Loup et son épouse sont donc contraints de travailler sans filets, payant leurs factures immédiatement, sauf à bénéficier de crédits fournisseurs.
«C'est un autre scandale car aujourd'hui, ce sont les fournisseurs qui jouent le rôle des banques puisque les banques ne veulent plus faire correctement leur métier !»
Une fois de plus, la banque, jamais avare de promesses, lui assure qu'après un an de fonctionnement, le compte pourra bénéficier d'une autorisation de découvert pour assurer la trésorerie courante.
Le premier bilan de la société a été très positif. Et c'est avec une certaine fierté que Sylvain vient le présenter à son banquier.
Mais la réponse de la Banque Populaire (loin des promesses qui n'engagent que ceux qui les écoutent) est loin de combler ses espérances. «La banque nous a accordé très difficilement et seulement parce que j'ai longuement insisté un découvert de 5000 € » se souvient l'entrepreneur.
Manifestement, la Banque Populaire oublie son rôle essentiel de conseil car elle omet de signaler à son client que les frais bancaires vont considérablement augmenter du fait de cette faveur payée très cher !
Sylvain est coincé car il lui est impossible de changer de banque pour espérer un meilleur traitement chez un concurrent. Bref, la situation est sans issue.
Résultat, la première année, la PME va régler 12500 € de frais bancaires, c'est à dire plus de 1000 € par mois, l'équivalent d'un salaire !
Cette pratique multipliée par le nombre de clients permet aux PDG des banques et à tous ces traders et autres cadres, de s'offrir un joli salaire, une très belle retraite, une vie confortable payés par la sueur des entrepreneurs qui travaillent plus de soixante dix heures par semaine pour assurer le train de vie de tous ces messieurs. Jolie mentalité !
Cerise sur le gâteau : fin 2009, comme tant d'autres sociétés, la PME de Narbonne souffre durablement de la crise économique (qui, rappelons-le encore, a été créée de toutes pièces par les banques soudain devenues folles et sans contrôle).
Ayant moins de clients, les rentrées financières s'amenuisent. Le peu de trésorerie a fondu et les marges de manœuvre se sont considérablement réduites. Bref, l'entrepreneur s'avère incapable de régler toutes ses factures, notamment les charges sociales et fiscales. Pas question également de prélever un salaire pour sa femme et lui car le peu d'argent qui arrive sur le compte est aussitôt préempté par la banque qui se gave en frais bancaires.
Sans argent personnel, Sylvain engendre des dettes personnelles, même après avoir «casser» la tirelire de ses enfants ! Puisque la Banque Populaire lui a coupé les vivres...

Confiant malgré tout, Sylvain va voir son conseiller clientèle, lui explique la situation.
Réponse de la BP : revenez la semaine prochaine, on va voir ce qu'on peut faire pour vous.
Un espoir vain puisque la semaine suivante, le couple reçoit une lettre... d'interdiction d'émettre des chèques ! Depuis, le patron a perdu également l'usage de sa carte bancaire.
«Une situation d'autant plus dommageable que début 2010, les contrats repartent. Les clients sont de retour et j'ai pour 7200 € de devis signés. Seulement pour commencer les travaux, j'ai besoin d'une avance de 2400 € que la Banque Populaire (qui va distribuer de confortables primes à ses traders) refuse obstinément de m'avancer. A cause d'elle, ma société est condamnée à court terme et ma femme et moi on va se retrouver au chômage alors que nous avons des clients. C'est toute la perversité du système bancaire dont l'œil est rivé sur le taux de bénéfices, et qui n'a plus de scrupules. De l'argent vite et encore plus d'argent en multipliant les frais bancaires abusifs quitte à transformer la France en un immense pays de chômeurs» conclut, très en colère, le jeune repreneur d'entreprise.








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