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Somalie: Un journaliste et d’autres personnes détenues illégalement dans une affaire de viol

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Par J.N.B.L. Rédigé le 31/01/2013 (dernière modification le 29/01/2013)

La liberté des médias mise à mal par l’attitude de la police dans une affaire de violences sexuelles. Défaut d’enquête appropriée sur des allégations de viol.


"Les autorités somaliennes doivent remettre immédiatement en liberté un journaliste et trois autres personnes liées à l’affaire d’une femme qui a porté plainte pour un viol commis par les forces de sécurité", ont déclaré Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Human Rights Watch.

"Le nouveau gouvernement somalien a un discours juste sur l’état de droit et la liberté de la presse, mais le placement en détention de journalistes et d’autres personnes qui parlent de viol envoie le message inverse", a déclaré Daniel Bekele, directeur pour l’Afrique à Human Rights Watch.

Le 10 janvier 2013, le Département central d’enquête de la police somalienne, à Mogadiscio, a arrêté une femme qui avait déclaré avoir été violée quelques mois plus tôt par des membres des forces gouvernementales. Les policiers ont également interpellé deux personnes qui avaient mis cette femme en contact avec des journalistes. Selon certaines informations, le responsable du département, le général Abdullahi Hassan Barisse, aurait pendant les interrogatoires contraint la femme à communiquer les numéros de téléphone des journalistes qui l’avaient interviewée. Avec le téléphone portable de l’intéressée, la police a appelé l’un de ces journalistes et lui a ordonné de se rendre dans les locaux du service. Abdiaziz Abdinur Ibrahim, un journaliste indépendant qui travaille pour Dalsan Radio et Badri Media Productions, s’est présenté le jour-même. Il est détenu depuis lors.

À l’issue de deux jours d’interrogatoire, la femme a été remise en liberté. Selon la police, elle est revenue sur ses accusations de viol. Toutefois, le mari de cette femme a été arrêté arbitrairement le 12 janvier et est toujours détenu. Selon des sources locales dignes de foi, il maintient que son épouse a été violée. Deux autres personnes – un homme et une femme qui ont servi d’intermédiaires entre la femme et les journalistes – sont également détenues depuis plus d’une semaine.

Ces arrestations sont liées à l’intérêt accru des médias vis-à-vis des nombreux cas de viol et autres violences sexuelles dans le sud et le centre de la Somalie, dont un certain nombre d’agressions qui auraient été commises par des membres des forces de sécurité. Le 6 janvier, une chaîne de télévision somalienne, Universal TV, a indiqué que des hommes armés portant l’uniforme de la police avaient violé une jeune femme. Le même jour, Al Jazira a publié un article sur des viols commis par les forces de sécurité dans des camps de personnes déplacées à Mogadiscio.
Abdiaziz Abdinur, le journaliste arrêté, ne travaille ni pour Al Jazira ni pour Universal TV et n’a rien à voir avec les informations diffusées par ces deux organes. Il n’avait parlé des allégations de viol formulées par la femme en question à aucun des deux médias, et il n’a interviewé l’intéressée que deux jours après la diffusion de ces informations. En tout état de cause, ceci ne constituerait pas une infraction pénale ou un motif de placement en détention. Amnesty International considère que cet homme est un prisonnier d’opinion.

"Les victimes de viol parmi les populations déplacées en Somalie sont souvent réticentes à porter plainte, parce qu’elles craignent des représailles, n’ont pas confiance dans les autorités et ne disposent que de moyens médicaux, psychosociaux et juridiques très limités", ont déclaré Human Rights Watch et Amnesty International. "Les autorités n’ont avancé aucune base légale pour justifier la limitation des droits pour les personnes détenues. Elles se trouvent donc dans une position de violation du droit international relatif aux droits humains".

Le nouveau président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, s’est engagé publiquement en novembre à faire en sorte que les membres des forces de sécurité qui commettent des violations des droits humains, y compris ceux qui se rendent coupables de viol, soient amenés à rendre compte de leurs actes. Il a également réclamé l’application de la peine de mort contre les personnes déclarées coupables de viol. Human Rights Watch et Amnesty International demandent instamment aux autorités de ne pas recourir à la peine de mort, qui est la forme la plus absolue de déni des droits humains.
Le problème des violences sexuelles en Somalie est enfin évoqué publiquement. Cette affaire pourrait toutefois marquer un grave recul. Elle risque de dissuader les victimes de porter plainte pour violences sexuelles, d’empêcher qu’elles bénéficient de services d’accompagnement et de remettre en cause l’engagement présidentiel de poursuivre en justice les auteurs de tels crimes.
somalie_3.mp3 Somalie.mp3  (301.76 Ko)









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