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FEYDEAU DANS LE DESERT D'ATACAMA


Par Rédigé le 13/09/2010 (dernière modification le 13/10/2010)

Le monde entier n'ignore plus rien maintenant de ces 33 mineurs bloqués à 700 mètres sous terre dans la mine d'or et de cuivre de San José, propriété de la Compañía minera San Esteban. Parallèlement au drame qu'ils vivent, se joue en surface une sorte de vaudeville que n'eût certainement pas désavoué Georges Feydeau, grand maître en la matière. Certes, les portes ne claquent pas, les mots d'esprit ne fusent pas, mais les femmes légitimes ont rencontré celles qui le sont moins...


Mine de San José, Diego Grez, 10 août 2010
Mine de San José, Diego Grez, 10 août 2010
Il faut dire que si cette rencontre a pu avoir lieu, c'est que la législation chilienne en matière de divorce est assez restrictive, même s'il existe officiellement depuis mai 2004, favorisant d'ailleurs le mari au détriment de la femme. Certains hommes sont donc séparés de leur femme depuis des années et vivent avec une autre, et parfois ils ont même jusqu'à trois familles... Et toutes ces femmes installées dans un village improvisé, le "Camp Espoir", prétendent avoir leur part des sommes qui sont proposées aux mineurs. Leonardo Farkas, un homme d'affaires chilien ému par le sort des hommes emmurés depuis le 5 août a décidé de distribuer l'équivalent de 7850 euros en pesos à chacun d'entre eux et de lancer un appel de fonds qui seraient distribués à parts égales entre les 33 mineurs. Plus de 300000 euros ont déjà été recueillis au Chili. A cela s'ajoute le salaire du mois d'août qui s'élève à quelque 1200 euros. Dans un pays où le salaire mensuel moyen est d'environ 300 euros, on comprend que cette manne inespérée suscite bien des convoitises. Les autorités locales ont demandé aux mineurs de désigner par écrit les bénéficiaires de ce salaire d'août. et des travailleurs sociaux sont chargés de répartir aux destinataires vivres, vêtements et autres dons envoyés par des syndicats, des entreprises et des particuliers. A côté des psychologues qui veillaient à l'équilibre des mineurs, ils sont aussi amenés à calmer les disputes de tous ordres qui éclatent périodiquement à propos de cet argent et lorsqu'une femme découvre l'existence de rivales. On a paraît-il, entendu des appels déchirants "C'est mon mari, il m'aime et je suis sa compagne dévouée... L'autre n'a aucun droit !" Une autre soutenait que son amant lui avait assuré vouloir quitter sa femme pour elle ! Un peu plus loin, quatre femmes se disputent l'indemnisation d'un mineur...i[

Un avenir incertain

Ces sommes seront d'ailleurs bien utiles car l'avenir de ces hommes à la mine semble bien compromis même si Leonardo Farkas dont la générosité est décidément sans bornes, a déclaré qu'il était prêt à les prendre dans une de ses mines. En tout cas, il est décidé à donner une grande fête le jour où ils seront tous libérés. Les propriétaires de la mine de San José ne sont pas sûrs de pouvoir payer les salaires de septembre et envisagent même de se déclarer en faillite. Ce n'est pas la première fois qu'ils se font remarquer, une famille qui s'en est prise aussi au Service national de géologie et des mines, Sernageomin, service national de géologie et de mines, chargé du contrôle des normes de sécurité et des enquêtes lors d'accidents, les a accusés d'avoir rouvert la mine en 2008, malgré la mort d'un employé l'année précédente après un accident. Un magistrat de Copiapo, la ville voisine, a d'ailleurs ordonné le gel de 1,8 million de dollars, environ 1,4 million d'euros, que devait percevoir la mine pour la vente de cuivre à l'Etat chilien. On laisse entendre que les affaires ne perdent jamais leurs droits, des tee-shirts à la gloire des mineurs sont déjà dans le commerce, et leur premier message "Nous allons bien, les 33 dans le refuge" est en train de devenir une marque déposée. Des chansons s'inspirent de leur histoire et paraît-il, un film serait déjà en production sur le site même de la mine de San José.

Un philanthrope

Leonardo Julio Farkas Klein est né le 20 mars 1967 à Vallenar, à un millier de km au nord de Santiago, de parents juifs hongrois ayant fui leur pays après la Deuxième Guerre. Il a fait des études d'ingénieur commercial et après quelques expériences professionnelles, aux Etats-unis et dans les Caraïbes, il est revenu au Chili s'occuper des affaires de son père, en particulier dans le secteur minier. Il est très connu dans ce pays pour ses actions humanitaires et en tant que musicien il a monté plusieurs spectacles. En 2008, on le disait candidat aux élections présidentielles de 2009, mais il s'est retiré de la course qui en définitive a vu le triomphe de Miguel Juan Sebastián Piñera Echenique, un autre milliardaire, le 17 janvier dernier.








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