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Une histoire de la Pléiade comme on ne l'imaginait pas


Par Rédigé le 29/10/2021 (dernière modification le 26/10/2021)

Le 7 octobre paraissaient chez Gallimard et au Seuil deux ouvrages où il est question de la prestigieuse collection vue sous un angle différent.


Détail du monument antiguerre Mahnmal Bittermark, à Dortmund, Allemagne (c) WC
Détail du monument antiguerre Mahnmal Bittermark, à Dortmund, Allemagne (c) WC
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L'un, "L’espèce humaine et autres écrits des camps". C’est un ensemble de récits écrits de 1946 à 1994 par des survivants des camps nazis, Buchenwald, Dora, Bad Gandersheim, Mauthausen-Gusen ou Auschwitz. Il s’agissait pour eux de témoigner de leur expérience. L’ouvrage porte le n° 660 dans la collection de la Pléiade chez Gallimard. L’édition est due à Dominique Moncond’huy, professeur de littérature française à l'Université de Poitiers et Michèle Rosellini maître de conférences en littérature française à l'ENS-LSH de Lyon. La préface est de Henri Scepi, professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle. Ce volume contient "L’Univers concentrationnaire" de David Rousset, Prix Renaudot 1946; "La peinture à Dora" de François Le Lionnais; "L’espèce humaine" de Robert Antelme; "De la mort à la vie - Nuit et brouillard" de Jean Cayrol; "La nuit" d’Elie Wiesel, texte écrit initialement en yiddish; "Le Sang du ciel" de Piotr Rawicz, Prix Rivarol 1962; "Auschwitz et après: Aucun de nous ne reviendra - Une connaissance inutile - Mesure de nos jours" de Charlotte Delbo et "L’écriture ou la vie" de Jorge Semprún Maura, Prix Femina Vacaresco 1994 et Prix littéraire des droits de l’homme 1995. Lui qui fut de 1988 à 1991, ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González déclarait "Il restera les livres. Les récits littéraires, du moins, qui dépasseront le simple témoignage, qui donneront à imaginer, même s’ils ne donnent pas à voir… Il y aura peut-être une littérature des camps… je dis bien : une littérature, pas seulement du reportage".

«Jacques Schiffrin, un éditeur en exil»

Dans cet ouvrage paru au Seuil, Amos Reichman, haut fonctionnaire et historien, retrace la vie du fondateur de la Pléiade. Une première édition de ce livre «Jacques Schiffrin. A Publisher in Exile, from Pleiade to Pantheon», avait été publiée par Columbia University Press en 2019. La présente édition française autorisée par Columbia est assortie d’une préface de Robert O. Paxton.
Jacob Schiffrin qui traduira son prénom en Jacques, est né le 28 mars 1892 à Bakou, actuellement capitale de l’Azerbaïdjan Dans cette région pétrolifère son père s’était enrichi par une association avec Alfred Nobel. Dans les années 1910, il étudie le droit en Suisse, puis il s’installe à Florence où il est secrétaire particulier du grand historien d’art Bernard Berenson. Au début des années 1920, Jacques Schiffrin arrive à Paris, travaille chez l’éditeur d’art Henri Piazza et découvre la vie littéraire parisienne. Le projet qu’il mettra à exécution porte le nom d’une constellation qui fut celui d’un groupe de poètes de la Renaissance française mais aussi celui d’un cercle d’écrivains russes. Schiffrin fait d’abord paraître les livres qui ont enchanté sa jeunesse, dans la collection des «Auteurs classiques russes».Il traduit Pouchkine, aidé de deux amis, Boris de Schloezer, un autre exilé russe, et André Gide. En 1923, il crée les Éditions de la Pléiade-J. Schiffrin & Cie qui publie aussi bien Maurois ou Valéry que Tolstoï et Tourgueniev. Baudelaire sera le premier auteur à entrer dans La Pléiade qu’il crée en 1931. Suivront Racine, Voltaire, Stendhal puis Edgar Allan Poe. Schiffrin veut mettre ainsi les oeuvres marquantes de la littérature mondiale à la disposition du grand public, un format maniable, 11 × 17,5cm et une reliure souple en pleine peau. La critique est élogieuse.
Naturalisé français en 1927,,Jacques Schiffrin avait épousé Youra Guller considérée comme l’une des plus grandes pianistes. Ils se sépareront en 1928. Le 28 juin 1929, il se remarie avec Simone Heymann. secrétaire des Éditions de la Pléiade. Ils résident rue de l’Université dans le VIIe arrondissement parisien et tout leur sourit, Le 14 juin 1935 naît leur fils André qui deviendra aussi un grand éditeur.
En juillet 1933, grâce à Gide et Jean Schlumberger, Gaston Gallimard acquiert le catalogue de la Pléiade dont Schiffrin devient le directeur pour un premier contrat de trois ans renouvelé en 1936, puis il est associé à l’entreprise sous forme de droits d’auteur fixés à 3%. En 1936, il est du voyage en URSS avec André Gide, en compagnie de Louis Guilloux, Pierre Herbart, Eugène Dabit et ,Jef Last.
Mobilisé en 1939, il est réformé pour raisons de santé. Et les difficultés commencent, l’appartement parisien est réquisitionné, la famille fait plusieurs séjours en province. C’est en Normandie que lue parvient à Jacques Schiffrin une lettre de Gaston Gallimard datée du 5 novembre 1940 où lui est annoncé qu’il est mis fin à sa collaboration en raison d’une réorganisation de la firme. Il lui est cependant assuré que ses droits seront respectés. Amos Reichman appellera cela la «trahison» de Gallimard.
Le couple Schiffrin et André rejoignent le sud de la France, de longues démarches sont entreprises en vue d’un départ pour l’Amérique qu’ils atteindront après un voyage éprouvant de trois mois, y compris les huées antisémites des dockers de Marseille… Ils arrivent à New York le 20 août 1941,et connaissent des débuts difficiles. Schiffrin souhaite lancer une version américaine de la Pléiade, mais Raymond Gallimard, le frère de Gaston, le menace de réduire ses droits d’auteur des deux tiers. Il fonde en 1943 la maison d’éditio Jacques Schifrin & Co, afin de publier, dans la langue originale, des auteurs français. Puis il rencontre un autre éditeur réfugié, l’Allemand Kurt Wolff qui a fondé Pantheon Books en 1942, Schiffrin s’associe avec lui et ils lancent une collection d’auteurs français, en langue originale et en traduction. Jean Paulhan, qui l’a remplacé à la Pléiade, souhaite qu’il revienne bientôt en reprendre la direcction. Mais Schiffrin est malade et ne peut entreprendre le voyage. Atteint d’un cancer au poumon, il meurt à New York le 17 novembre 1950. Son fils André Schiffrin a été de 1962 à 1990 à la tête de Pantheon Books.








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