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Le Podcast Edito : la sobriété, schibboleth de l’élection présidentielle 2012 ?


Par Jean-Luc Vannier Rédigé le 22/05/2011 (dernière modification le 23/05/2011)

Après la stupéfaction provoquée par l’affaire Dominique Strauss-Kahn, François Hollande est -étonnamment- apparu comme le candidat le mieux placé de la gauche pour l’élection présidentielle. Comment comprendre ce transfert projectif ? Par les traits de caractère de l’ancien premier Secrétaire du Parti socialiste ? Dans le contexte d’une rupture avec la mode « bling bling » ardemment désirée par les Français, une personnalité plutôt effacée doublée d’une absence d’expérience gouvernementale -une valeur ajoutée de « candeur » ?- deviendraient-elles des atouts à même de faire accéder aux plus hautes fonctions ?


Le Podcast Edito : la sobriété, schibboleth de l’élection présidentielle 2012 ?
Après le brusque effet de sidération provoqué par l’affaire Strauss-Kahn, preuve d’une forme d’enkystement de la vie politique française sur les pires tendances du parisianisme, les premiers sondages le confirment: l’élimination probablement définitive du Directeur général du FMI dans les circonstances que l’on sait, n’a pas entamé d’un pouce le crédit du Parti socialiste. Ou, pour être aussi précis que possible dans des évaluations au demeurant fluctuantes, l’affaire DSK a plutôt fait rapidement émerger François Hollande comme son successeur naturel et principal candidat de la gauche pour les prochaines présidentielles.


Un transfert projectif immédiat sinon fulgurant qui ne laisse d’étonner. La mise à l’écart de DSK a renforcé ce qui apparaît désormais comme le principal élément psychologique sous-jacent de cette campagne électorale : la recherche d’un profil individuel qui tranche singulièrement avec celui incarné par Nicolas Sarkozy ou même Dominique Strauss-Kahn. François Hollande l’a d’autant mieux saisi qu’il n’a pas beaucoup d’efforts de communication à déployer pour y parvenir : l’ancien premier Secrétaire du Parti socialiste qui n’a jamais été ministre, ce qui semble devenir l’atout remarquable du candide dans ce contexte, entend compenser son absence d’expérience gouvernementale par la mise en exergue d’une personnalité dont on critiquait hier encore le manque d’envergure. La stratégie de François Hollande va sans doute se caller sur cette demande inconsciente des Français, repus jusqu’à satiété du « bling bling » : la sobriété, jusqu’aux limites d’une certaine fadeur, va devenir dans cette campagne électorale de 2012, le schibboleth de la réussite. Le positionnement centriste de la formation politique vient par surcroît mais ne constitue plus un gage de succès: Jean-Louis Borloo aurait dû être propulsé sur le devant de la scène dès la chute de DSK. Or tel n’est et ne sera sans doute pas le cas. Loin des programmes politiques et des professions de foi, il est à craindre que la prochaine présidentielle ne se joue au contraire sur la seule image du bon père de famille, avec ou sans l’annonce d’un héritier. Voire la « non image » : un véritable défi pour les experts en marketing électoral et les équipes communicantes. Depuis fort longtemps, François Fillon surfe d’ailleurs sur cette vague avec aisance. Marine Le Pen s’y essaie avec plus ou moins de bonheur. Pour le dire clairement, la mutation du Front National passe par le meurtre symbolique d’un père, toujours adepte des phrases assassines au point d’interroger le différentiel harmonique des dogmes au sein de l’extrême droite.


Rupture dans le tempo

Il est d’ailleurs beaucoup question, ces derniers jours, du télescopage des temps : politique, psychique, événementiel, médiatique. Interrogé lors de sa campagne électorale de 2007 par un journaliste sur son empressement à conquérir la présidence de la république, Nicolas Sarkozy avait répondu non sans conviction : « croyez vous dans une vie qu’on ait le temps ? ». Le rythme affiché de DSK brisait déjà une partie de cette construction du mythe: au locataire pressé de l’Elysée, agi par son exaltation et qui était parvenu à séduire une large frange la population, l’ancien Ministre socialiste de l’Economie et des Finances proposait une cadence plus lente. Un style « bonhomme » avions-nous déjà écrit dans ces colonnes. L’inculpation de DSK a poussé cette logique jusque dans ses ultimes frontières. Plus de paillettes et de mises en scène savamment travaillées : une « rupture » s’impose dans l’agencement du tempo et dans le maniement de l’allure : retour du balancier, si l’on ose dire, à la « force tranquille » ou, pour plagier la formule de François Hollande, « une présidence normale », apaisée après un quinquennat ponctué par d’innombrables excès de vitalité.

La majorité sera-t-elle à même de percevoir ce nouveau fil rouge et d’en tirer toutes les conséquences ? A savoir accepter de présenter un candidat du même registre susceptible de viser cette cible sans espérer mordre sur les voix du Front national au premier tour et sans avoir à récupérer celles du Centre au second ? Le narcissisme possède ses propres résistances que la raison ignore.

podcasthollande.mp3 PodcastHollande.mp3  (3.21 Mo)










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