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Expo Henry Moore


Par Rédigé le 17/10/2018 (dernière modification le 16/10/2018)

"Tonnerre de Brest!", comme dirait le Capitaine Haddock. Jusqu'au 4 novembre 2018, les sculptures monumentales du Britannique Henry Moore, artiste hors-norme et méconnu en France, débarquent sur le sol breton du Finistère.


"Large recling figure", sculpture de 3 mètres sur 9 mètres en fibre de verre (1984), présentée sur les bords de l'Elom à Landerneau. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
"Large recling figure", sculpture de 3 mètres sur 9 mètres en fibre de verre (1984), présentée sur les bords de l'Elom à Landerneau. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
henry_moore,_landerneau.mp3 Henry Moore.mp3  (3.95 Mo)

À une vingtaine de kilomètres avant Brest, plus exactement à Landerneau où se trouve le siège social d'une grande enseigne de magasins, est organisée une grande rétrospective dédiée à Henry Moore. Aucune exposition significative n'avait été proposée en France depuis celle de Paris en 2006. Comme dit le proverbe local: "Cela fera du bruit dans Landerneau".
Le groupe Leclerc a créé en 2011 un fond pour la culture ayant pour vocation de délocaliser en Bretagne de grandes expositions, une région souvent négligée au niveau artistique. L'exposition est facilitée par un parking proche mis à disposition pour les visiteurs.


"Locking piece", fonte (1963) et en arrière-plan "Mother and Child", bronze (1983). Photo (c) Charlotte Service-Longépé
"Locking piece", fonte (1963) et en arrière-plan "Mother and Child", bronze (1983). Photo (c) Charlotte Service-Longépé
Les Ateliers des Capucins à Landerneau, ancien couvent au XVIIe, puis usines et enfin hypermarché, furent rénovés avec grand soin. La cour intérieure avec sa fontaine et sa chapelle édifiées avec des pierres de Logonna aux teintes chaudes deviennent un écrin privilégié mettant en valeur les originalités surprenantes de l'art moderne et notamment une centaine de sculptures et 80 dessins d’Henry Moore.

Né en 1898 à Castleford (Yorkshire) et décédé en 1986 à Much Hadham (Hertfordshire), Henry Moore est issu d’une famille nombreuse et d'un père ingénieur des mines. Pendant ses études primaires, il est encouragé par sa professeur d'art qui lui fait découvrir les civilisations minoennes, babyloniennes et andines. Henry Moore commence alors à sculpter avec un simple couteau de poche. À 19 ans, il participe à la première guerre mondiale où il est gazé pendant la bataille de la Somme.

"Seated figure", béton coulé (1929). Photo (c) Charlotte Service-Longépé
"Seated figure", béton coulé (1929). Photo (c) Charlotte Service-Longépé
Rapatrié, il reprend ses études à l’école des Beaux-arts de Leeds puis au Royal Collège d'art de Londres où il affine sa conception personnelle de la sculpture.
"Le fait de modeler des figures et de les dessiner de différents points de vue m'a enseigné davantage que n'aurait pu le faire la simple contemplation du tableau..."
Inspiré par Michel-Ange, Moore sculpte "La maternité" à l’âge de 26 ans, un thème avec celui de la famille et du couple qui reviendra régulièrement au cours de sa vie, notamment quand celui-ci devient père.
Moore voyage en France où il est présenté au sculpteur Maillol; il s'intéresse à la peinture impressionniste "Cézanne fut probablement la figure-clé de mon existence."
Puis, il parfait sa maitrise en Italie où il exécute des croquis inspirés des maîtres sculpteurs romains. Mais sa principale source d'inspiration est sa découverte des œuvres précolombiennes du British Museum.

Les mains sculptrice d'Henry Moore photographiées par John Hedgecoe en 1966. Photo du cliché exposé (c) Charlotte Service-Longépé
Les mains sculptrice d'Henry Moore photographiées par John Hedgecoe en 1966. Photo du cliché exposé (c) Charlotte Service-Longépé
En 1928, il accepte une commande pour réaliser un bas-relief pour la compagnie des transports de Londres. La même année pour sa première exposition personnelle dans la capitale anglaise, il présente une cinquantaine de sculptures et autant dessins. L’accueil de la critique est plutôt réservé envers le jeune homme de 30 ans.
Marié en 1929 avec une étudiante en peinture, il prendra souvent son épouse pour modèle.
Moore deviendra le directeur du département de sculpture de l’école d’art de Chelsea. Après des contacts fréquents avec ses contemporains Picasso, Braque, Arp et Giacometti, ses œuvres deviendront de plus en plus abstraites. L'influence du surréalisme commence à transparaitre dans sa sculpture.
La seconde guerre mondiale interrompra son exploration artistique, mais pendant cette période troublée, il va traduire par des centaines de dessins le sort des Britanniques calfeutrés comme des rats dans les abris de fortune du métro londonien pendant les bombardements allemands du Blitz.

"Standing figures", dessin utilisant une technique mixte et inventive (brosse et encre, craie; crayon de couleurs, pastel gras, lavis d'aquarelle) et "Mother and Child". Photos et montage (c) Charlotte Service-Longépé
"Standing figures", dessin utilisant une technique mixte et inventive (brosse et encre, craie; crayon de couleurs, pastel gras, lavis d'aquarelle) et "Mother and Child". Photos et montage (c) Charlotte Service-Longépé
"Le dessin est l'expression et l'explication - déploiement de la forme d'un objet solide sur une surface plane... c'est la tentative de comprendre pleinement la tridimensionnalité de la figure humaine."
Moore développe un langage artistique qui lui est propre à mi-chemin entre la figuration et l'abstraction, mais refuse de s'insérer dans le carcan d'un style particulier.
La consécration de son œuvre intervient après la guerre, des commandes de plus en plus importantes sont passées par diverses institutions publiques, dont une pour l’UNESCO à Paris. Une rétrospective de son œuvre est organisée par le Musée d’art moderne de New York et en 1948, Moore remporte le prix international de sculpture à la Biennale de Venise.
"La sculpture est un art de plein air. La lumière du jour, celle du soleil lui est nécessaire". Pour répondre à cette vision, ses sculptures prennent des proportions monumentales. L'artiste travaille dans un premier temps des maquettes en plâtre, puis avec l'aide d'assistants il travaille sur le modèle final à grande échelle.

"Family group", bronze (1948) avec cette magnifique patine verte. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
"Family group", bronze (1948) avec cette magnifique patine verte. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
En 1968 une première grande rétrospective a lieu à la Tate Gallery de Londres, en 1972 à Florence puis à Toronto. Le sculpteur recevra de nombreuses récompenses. En 1977, il crée la Henry Moore Foundation à Perry Green et il donne une importante partie de ses œuvres à la Tate Gallery.
L'artiste meurt en 1986 dans sa maison de Much Hadham dont il n’éprouvera jamais le besoin de déménager malgré sa grande aisance financière. Son corps est enterré dans la Cathédrale Saint Paul de Londres.

Les œuvres exposées sont mises en valeur dans une scénographie fluide et espacée permettant d'appréhender et d'apprécier les formes sous de multiples points de vue. Les bronzes d'Henry Moore se distinguent aussi par la qualité exceptionnelle de leurs patines, certaines de teintes moirées vertes les feraient passer pour du marbre ou de l'aventurine, d'autres à la patine brunie pour du bois.

Dessin esquissé et annoté pendant le blitz à Londres qui influencera ses futures sculptures. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
Dessin esquissé et annoté pendant le blitz à Londres qui influencera ses futures sculptures. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
La rétrospective montre notamment des dessins en noir et blanc du site de Stonehenge: les mégalithes de pierres semblant être de lointaines cousines de ses arches de bronze.
En mettant en scène la famille, un thème peu mis en valeur en sculpture par ses contemporains, Henry Moore offre une vision humaniste de la sculpture, d'autant plus renforcée par la douceur des courbes et les attitudes des personnages. Certaines œuvres organiques à l'allure d'ossements humains et même certaines intitulés "Bone Head" découlent directement de cette approche.

Enfin, Brest accueille sur l’esplanade des Capucins une sculpture monumentale, de 4 mètres de haut en bronze, intitulée "Two piece reclining figure". À mi-chemin entre figuration et abstraction, la série des "Recling figures" est emblématique du style d’Henry Moore.

"Two piece reclining figure cut", bronze (1979), avec en arrière-plan le téléphéque traversant le Penfeld. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
"Two piece reclining figure cut", bronze (1979), avec en arrière-plan le téléphéque traversant le Penfeld. Photo (c) Charlotte Service-Longépé
La figure humaine allongée sur le flanc présente une silhouette minimaliste et asymétrique entrecoupée de vides laissant entrevoir le bleu du ciel.
En prenant de la hauteur grâce au nouveau téléphérique qui traverse le bras de mer du Penfeld au-dessus de l'Arsenal maritime de Brest, la sculpture prend tout son relief et s’intègre parfaitement sur ce site historique Des Capucins en pleine rénovation.

"Une sculpture doit être comme la nature; comme la nature vivante, non comme une sorte de nature statique… Et c'est cela que doit, à mon avis, être la sculpture pour conserver toujours son intérêt". (Henri Moore)









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