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Guerre en Ukraine : Les raisons de ladite neutralité des États arabes du Golfe


Par Rédigé le 01/04/2022 (dernière modification le 29/03/2022)

Au regard de la position des Émirats arabes unis, qui se sont abstenues de condamner l’invasion Russe au Conseil de Sécurité et qui en même temps ont dénoncé cette même attaque à l’Assemblée Générale de l’ONU, une partie des régimes arabes du Golfe demeure partagée sur la position à tenir face à la guerre en Ukraine. Ils souhaitent tout simplement rester « neutre ». Explications.


Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite
Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite
Au regard de la position des Émirats arabes unis, qui se sont abstenues de condamner l’invasion Russe au Conseil de Sécurité et qui en même temps ont dénoncé cette même attaque à l’Assemblée Générale de l’ONU, une partie des régimes arabes du Golfe demeure partagée sur la position à tenir face à la guerre en Ukraine. Ils souhaitent tout simplement rester « neutre ». Explications.

Tout d’abord les pays arabes du Golfe ont développé des intérêts économiques et stratégiques avec la Russie qui les a rapprochés. Les pays de l’Opep, dominés par l’Arabie saoudite ont conclu en 2016 une coopération avec d’autres pays producteurs de pétrole comme la Russie dans ce que l’on appelle l’Opep+. Cette organisation a pour objectif d’élargir l’influence de l’organisation face aux États-Unis qui est devenu le premier pays producteur de pétrole dans le monde. La Russie qui est le 3e producteur, derrière les Saoudiens, joue un rôle important dans cette collaboration. Par conséquent, Les pays arabes du Golfe partagent des intérêts économiques avec la Russie qui les poussent à ne pas trop faire pression sur le Kremlin. De plus, le conflit a provoqué l’envolée du prix d’un baril déjà haut. Ce qui permet aux pays du Golfe encore davantage d’entrées financières. Ils voient là une opportunité pour compenser les impacts de la crise de la Covid 19 et sûrement préparer l’avenir en investissant dans de nouvelles sources d’énergies tournées vers le renouvelable. Et à ce stade, Ryad et Abou Dhabi n’ont pas cédé aux pressions des États-Unis qui leur demandent d’augmenter la production de pétrole afin d’atténuer le prix du baril.

La Russie demeure aussi un pays où il y a des possibilités d’investissements et qui est une source potentielle d’approvisionnement en armement pour les régimes du Golfe. Avec la Chine, elle est devenue un partenaire économique et militaire qui permet d’ouvrir de nouveaux horizons et de ne pas dépendre que des Occidentaux. Les Émirats arabes unis ont développé des partenariats dans ce sens pour commencer à compenser le désengagement progressif des États-Unis dans la région, excepté pour ses ventes d’armes.

Sur le terrain politique, les différends entre la Russie et les pays arabes du Golfe sur le Syrie ont trouvé des solutions. Poutine reconnaît la légitimité de Mohamed Ben Salman en Arabie saoudite, alors que Biden a pris ses distances à cause de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, et contrairement à Washington il a classé les Houtis du Yemen, en guerre contre les Saoudiens, comme des terroristes. Enfin le Kremlin ainsi qu’Abou Dabi soutiennent le général Aftar en Lybie, contrairement, une fois de plus, aux États-Unis.

Les pays du Golfe sont des régimes qui ont aussi une appétence pour les leaders autoritaires forts surtout quand ils dirigent des puissances mondiales. Ce que représente bien le président Vladimir Poutine. Ainsi, ils appréciaient de la même façon l’approche radicale et déterminée de Donald Trump pendant ses 4 ans à la Maison Blanche. Ce dernier regardait uniquement les intérêts économiques et stratégiques sans se soucier de la question des droits de l’homme, ce qui a permis au prince Saoudien Mohamed Ben Salman de profiter de la reconnaissance de Trump sur la scène internationale.

Méfiance face aux Occidentaux
Ajouter à cela que depuis Obama les Occidentaux semblent ne plus être des partenaires fiables au Moyen-Orient. Tout d’abord, avec le printemps arabe ils ont arrêté, comme ils le faisaient, de soutenir automatiquement les autocrates arabes. Le président Égyptien Hosni Moubarak ou plus à l’ouest le président Tunisien Ben Ali, qui ont été renversés par leur peuple en 2011, en sont des exemples. De plus en 2013, Suite à l’utilisation d’armes chimiques par Bachar El Assad la France devait intervenir en Syrie avec les États-Unis, mais ces derniers ont fait marche arrière, alors que ce qu’ils considéraient comme être une ligne rouge avait été dépassé. Puis les conséquences du type d’intervention des États-Unis en Irak auront participé au chaos du pays et au développement de l’État Islamique dans la région. Cette faiblesse des États-Unis au Moyen-Orient a trouvé son point d’orgue avec l’abandon chaotique de l’Afghanistan face à la progression des talibans en 2021.
Enfin, un certain nombreux de leader du Moyen Orient sont inquiets de voir se mettre en place le projet américain de « pivot asiatique » destiné à faire basculer le centre de gravité de la diplomatie américaine vers la zone Indo-pacifique où se trouve la nouvelle grande rivale des États-Unis, la Chine.

Nécessité de conforter les liens avec l’Occident
Malgré tout, les Américains restent encore des alliés majeurs sur le terrain économique et stratégique pour les pays du Golfe et ils estiment incontournable de devoir faire avec eux. C’est pour cela que de nombreux états de la région ont fini par voter en faveur de la résolution condamnant l’annexion de l’Ukraine lors de l’assemblée générale des Nations Unis en mars 2022. Les États-Unis ont fait beaucoup de lobbying pour cela.
Au-delà des États-Unis, les Occidentaux en général demeurent des partenaires importants pour la modernisation des pays du Golfe, à la fois sur le terrain technique et technologique, mais aussi celui de l’investissement.
Pour autant, Mohamed Ben Salman a profité de la guerre en Ukraine, qui renforce la position de l’Arabie saoudite sur le marché de l’énergie, pour exécuter 81 condamnés à mort dans une même journée. Un record dans le pays des Saoud. Et surtout une provocation pour signifier aux Occidentaux, et en premier lieu aux États-Unis, qu’ils doivent arrêter de donner des leçons sur les droits de l’homme s’ils veulent négocier avec le royaume dans une telle période.

Risque de déstabilisation régionale
On comprend mieux pourquoi les pays arabes du Golfe souhaitent tenir une position ouverte avec tous les acteurs du conflit sans clairement prendre parti.
Néanmoins, la guerre en Ukraine génère des impacts et des risques potentiellement importants au Moyen-Orient. Tout d’abord les économies touristiques de pays comme l’Égypte et les Émirats Arabes sont affectés avec l’arrêt des voyages des Russes et des Ukrainiens.
D’une façon plus importante, les prix mondiaux des produits de base ont grimpé en flèche et le blé pourrait manquer dans plusieurs pays comme l’Égypte, le Liban ou la Syrie alors que des sécheresses fragilisent déjà les activités agricoles. Si les pays arabes du Golfe ne sont pas affectés de la même façon, d’éventuelles futures révoltent de la faim dans les pays les plus fragiles pourraient tout de même déstabiliser plus largement la région.
Enfin, si la Russie n’a plus les moyens financiers nécessaires pour maintenir sa présence en Syrie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne verront pas d’un bon œil un comblement des forces Russes par de nouvelles forces Iraniennes. Ce qui pourrait engendrer de nouvelles tensions entre sunnites et chiites dans la région.

Les diplomaties arabes ne veulent donc pas retomber dans des contraintes qui pourraient rappeler la guerre froide quand elles étaient poussées à choisir un camp. Ils préfèrent de loin maintenant les règles d’un monde multipolaire. Mais ils ont conscience que sur le terrain international Vladimir Poutine s’est isolé et que l’occident en soutient de l’Ukraine a rencontré l’approbation d’une large partie de l’opinion publique mondiale. De plus, le discours très Union Soviétique de Poutine rappelle, aux leaders du monde arabe, un régime puissant et autoritaire qui a fini par s’effondrer par manque d’anticipation et d’une guerre en Afghanistan qui l’a fragilisé. Ce même conflit qui a eu pour conséquence la création du groupe djihadiste d’Al-Qaeda il y a 40 ans. Aujourd’hui encore les luttes dans le monde contre le terrorisme issu de cette dynamique ne sont pas encore terminées.









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