
Portrait de Philippe Pétain (c) DR
En 2006, dans la région de Toulouse, une octogénaire s'apprêtait à déménager, elle fit appel à un ami officier en retraite. Au fond d'une valise Jean-Jacques Dumur découvrit un ouvrage qui attira son attention, lui l'amateur de récits historiques.
Ce manuscrit conservé dans un très bon état comportait 351 pages réparties en 47 chapitres ornés de 77 croquis d'une grande précision. La vieille dame qui l'avait reçu en héritage de son père ne savait pas exactement de quoi il s'agissait.
Cet ouvrier italien travaillait aux alentours de la maison qui avait appartenu au maréchal à Villeneuve-Loubet, l'Ermitage, entre Cannes et Nice et qui depuis avait été démolie. Ce manuscrit aurait été écrit entre 1919 et 1920 à Chantilly par le maréchal Pétain. Il l’aurait emporté dans sa villa où il se rendait régulièrement. La propriété a plus tard été saisie par l’État et le manuscrit est resté sur place.
Des experts toulousains l'étudient pendant plus d’un an et déclarent qu'il est bien de la main du maréchal. Une première vente aux enchères avait alors eu lieu, l’État n’avait pas souhaité acheter le manuscrit, puis le véritable auteur de l’ouvrage est contesté.
Une nouvelle expertise, parisienne celle-ci, avance que ces pages ne sont pas dues au maréchal. Pour l'officier Jean-Jacques Dumur il n'y a aucun doute "Une telle précision sur cette époque, j'ai tout de suite compris qu'il fallait vraiment avoir fait partie du sérail pour écrire quelque chose comme cela". La justice débat pendant six ans sur l’authenticité du document. En première instance, le tribunal juge que Philippe Pétain n’était pas l’auteur, en appel ce fut le contraire. Ce que confirmera la Cour de cassation le 8 mars 2023, le maréchal avait bien rédigé les notes et les croquis du manuscrit.
Intitulé tout simplement "La Guerre mondiale 1914-1918", sa vente est organisée par Nice Enchères. Le manuscrit est estimé entre 80.000 et 150.000 €, mais il est possible que le prix final dépasse ces sommes, lors de la première vente en 2017 les 400.000 € avaient été atteints.
Il devait être vendu à Nice le mardi 11 mars, à plus de 100.000€. La vente est organisée par "Nice Enchères", à partir de 14 h, rue Dante. La ville de Nice ayant été choisie pour sa proximité avec Villeneuve-Loubet. Le commissaire-priseur compare l'oeuvre à "un journal de campagne "avec "les mouvements des armées, les offensives, les percées, le nombre de morts et les raisons des défaites". Et il ajoute "On découvre les différents fronts avec précision et méthode, dans le style reconnaissable du commandant de guerre.
La veille à 11h, il y eut une conférence prononcée par le mandataire Jean-Jacques Dumur, pour lui "Ce n’est pas un manuscrit rare, c’est un manuscrit unique". L’ouvrage était exposé avant la vente.
Finalement le manuscrit n’a pas été vendu; L'unique acquéreur, anonyme, correspondant par téléphone, a fait une offre à 80.000€, prix de départ, puis s'est ravisé pour une raison inconnue.
Le parcours mouvementé de cette oeuvre n’est certainement pas encore terminé, d'autres rebondissements sont à prévoir.