Podcast Journal, l'information internationale diffusée en podcast
Podcast Journal
Média d'information international diffusé en podcast 🎙️
Facebook
Twitter
Instagram
Newsletter
 

Un âne aristocrate et un sacré chacal dans une scène politique animale


Par Omar Chaalal Rédigé le 27/09/2020 (dernière modification le 27/09/2020)

Nos grands-mères n’avaient pas été élevées dans le machiavélisme. Elles nous racontaient des histoires pour nous endormir et nous faire oublier la faim. Les dessins animés de nos jours ne valent pas les histoires de nos grands-mères du bon vieux temps. Dans leurs contes, elles utilisaient les animaux. Elles savaient que ces derniers sont d’excellents outils didactiques pour faire comprendre aux enfants la leçon des batailles pour le pouvoir. Les nuits d’hiver étaient longues et froides.


Introduction

L' âne et sa femme  jument (c) DR
L' âne et sa femme jument (c) DR
Commençons par une anecdote politique qui résume le sérieux chez nous. Un militant d’un parti qui faisait la pluie et le beau temps au royaume de la baraka de Sidi Caïd, trouva la clef du succès politique dans son parti.
Il va chez le boucher et achète une queue de mouton bien grasse et la conserve dans son réfrigérateur. Avant chaque réunion avec son chef de parti, il s’en servait pour se lisser la moustache. Celle-ci bien cirée lui donnait l’air d’une personnalité politique de premier plan revenant d’une fête (zerda) où elle avait mangé bien gras. Un beau jour, le fils du pauvre militant annonça la mauvaise nouvelle à son père quelques minutes avant une réunion avec son chef de parti. L’enfant dit: "Papa! Le chat a emporté la queue de mouton avec laquelle tu lisses ta moustache avant chaque réunion politique de ton parti. J’ai tenté de le poursuivre, mais il s’est enfui!". Depuis, le ventre creux de ce pauvre militant maudit les moustaches maculées de graisse politique bon marché.

Aujourd’hui, ce parti est dans un état d'excitation politique sans nom. Sa peur de perdre le pouvoir est une hantise, en revanche le désir d'y rester l’obsède. Machiavel a très bien exprimé ce principe: "Puisque l’amour et la peur peuvent difficilement coexister, si nous devons choisir, il est préférable d’être craint que d’être aimé". Il me semble que nos politiciens sont de l'avis de Machiavel. Les contes de nos grands-mères réchauffaient nos cœurs et animaient nos esprits. Elles éclairaient la nuit et nous rendaient très heureux. Leurs contes nocturnes nous donnaient de l’espoir et nous enseignaient morale et comportement pour notre quotidien. Notre conte préféré était l’histoire de l’île des animaux maladroits. D’après nos grands-mères, cette île se situait au cœur de l’océan Indien.
A travers leurs contes, on imaginait que cette île était très riche, très belle et extraordinaire pour les rois et les enfants des rois qui la peuplaient. Les animaux de cette île étaient adorables, honnêtes et ne connaissaient pas les chemins du mensonge. Ils ne s’intéressaient guère à la politique et ne prêtaient jamais attention aux idées de leur roi.

Un état politique excité

En état d’excitation, certains chefs de partis politiques acceptent tout et sans réserve aucune. Ils acceptent même la perte de leur dignité et celle de leurs militants, sous prétexte de préserver cet état d’excitation qui protège les intérêts de ceux qui les ont balancés. Dans le passé, les politiques se sont toujours donné des objectifs positifs pour justifier leur existence dans le pouvoir: l’égalité, la justice, la révolution et le militantisme humaniste. Aujourd’hui, les élèves de Machiavel montrent leurs dents et hurlent tout haut quand leurs intérêts ne sont plus garantis et savent se taire quand ils sont bien servis par le système. Ce silence leur assure de durer au pouvoir et justifie leur existence. L’amour en politique est passager et la crainte de perdre un rang politique ou un privilège longtemps gardé donne l’ivresse politique.
Ce militant excité était un ami fidèle du secrétaire général de ce parti quand le silence était de mise. Ils serraient les dents et souriaient en public, mais cet amour politique n’a pas duré longtemps. Dans les pays démocratiques à la Glasnost, la solidité de ce silence est dicté par la crainte de retourner à l’état fondamental. En physique, l’état fondamental d’un système est l’état de l’énergie la plus basse. Tout état d’énergie supérieure à celle de l’état fondamental est un état d’excitation.
Un politicard, parvenu arriviste, pense que la vie politique sans jouissance de liberté d’expression et d’opinion dans son parti est une vie de bête malheureuse qui attend la mort lente dans une écurie bien gardée et mal entretenue par des fermiers maladroits. Certes, la vie des militants peu politisés est très différente de celle de ces malheureuses créatures, mais elle est pleine d’inquiétude et d’angoisse politiques similaires.
Se référant aux chroniques de cette île, nos grands-mères nous racontaient la conséquence de l’inquiétude de cet âne solitaire dans l’histoire des animaux parlants sur l’île des maladroits. Une inquiétude qui annonce des lendemains pleins de fardeaux de bois épineux et de tonneaux d’eau trop lourds à transporter sur son dos courbé par les malheurs du temps. Une inquiétude qui augmente son imagination de bête innocente vivant dans un royaume devenu trop impuissant. Une bête qui unit l’image d’une réserve d’orge importée du Canada à l’image d’une besace bourrée d’indignité qui s’accroche à son cou.

Un mariage incroyable mais intéressant.

Le contenu de cette besace est très insuffisant pour apaiser sa faim après le dur labeur au champ. Les pénibles voyages quotidiens étalés sur plusieurs allers-retours de la source à son étable usent ses sabots et abîment son dos.
L’âne solitaire avait comme amie une jument. Une belle jument blonde, élégante et très intelligente. Un jour de printemps, la jument proposa le mariage à ce solitaire. L’âne austère et isolé ne prit pas au sérieux cette proposition bien attirante. Il voyait qu’il n’était pas prêt pour fonder un foyer. Sa besace n’était pas assez pleine pour la partager avec une épouse de haute naissance, une jument issue d’une famille de chevaux aristocrates bien connue dans la région. N’admettant pas que ses futurs enfants soient des mulets, il demanda à sa copine de lui laisser un temps de réflexion et de dialogue avec sa conscience afin d'étudier les conséquences de cette union fort importante. La réflexion et la conscience dans le temps ne sont pas monnaie courante chez les ânes de chez nous.
La jument, animal à vision étroite guidée par des œillères, voyait ce solitaire très intéressant. Elle persista à le vouloir pour époux. L'attitude de cette jument cachait le refus héréditaire d’accepter des petits enfants mulets dans une famille de chevaux forts et puissants. Le dialogue avec sa conscience à propos de l’avenir des enfants mulets n’était ni nécessaire ni sérieux. L’égoïsme aveugle et le désir animal nient l'avenir des enfants. Après réflexion et dialogue avec sa conscience, l’âne mesura son inquiétude et accepta sans condition ce mariage incroyable mais intéressant.
Le fermier dispensa le solitaire de voyages à la source. Comme cadeau de mariage, il lui offrit un beau tissu de cachemire indien pour couvrir son dos usé par les lois injustes du travail appliquées dans la ferme sans son consentement. Après ce mariage d’affaire, l’âne solitaire devint l’âne éduqué responsable des affaires externes d’un monde animal dans un petit Etat au sein du grand Etat. Il obtint un certificat de bonne conduite et fut reconnu comme descendant d’une noblesse chevaline très ancienne et importante dans la hiérarchie des animaux de ce petit Etat.

Le rêve du sacré chacal

Le roi n’était pas au courant de ces manigances, mais apprit cette nouvelle. Il réunit un conseil animal de sages et confirma l’âne solitaire dans ce poste créé pour lui qui était devenu très important. Il devint représentant des chevaux de race dans une écurie officiellement étrangère au lion et aux animaux du roi. La jument, très contente de cette nomination, donna un nouveau nom à son mari âne. Elle le surnomma Monsieur Poulain Etalon, représentant officiel du roi. L’âne solitaire changea de comportement et d’allure. Il ne pensa plus au travail puisque sa besace changeait de volume avec le temps. Il devint penseur et philosophe dans la fondation des chevaux de course présidée par sa femme jument.
Un an plus tard, la jument donna naissance à un adorable petit mulet. C’est dommage, ce mulet ne pourra jamais suivre l’itinéraire de son père! La nature impose ses lois. Les animaux n’étaient pas trop contents de ce résultat. Ils dénoncèrent les contrats secrets liés à ce mariage si peu conventionnel dans leur petit Etat.
Comme tout leader, ce lion rodé par les querelles des rois avait comme collaborateurs des tigres, des sangliers et des aigles. Ses conseillers étaient des chacals, des renards, des chèvres et des brebis. Le chacal était l’ingénieur de ce mariage supposé non conforme aux coutumes et aux lois ayant cours dans l’île des maladroits.

L'extraordinaire réaction du Roi

Simples d’esprit, les animaux de cette île disaient tout haut ce qu’ils pensaient et le roi comme tous les rois, était très content de la situation. La démocratie animale était un mode de vie sur cette île calme au milieu des vagues furieuses de l’océan. Les informations venues de cette petite île, isolée dans l’océan, révélaient qu’une grande partie des animaux adoraient le roi mais la majorité écrasante haïssait son entourage. Un entourage qui ne représentait ni les animaux ni sa majesté le roi. Un beau jour, un des conseillers du roi, le magicien redoutable, chacal tapageur de haut vol, raconta au roi un rêve un peu bizarre. Il voyait une pluie porteuse de virus inonder l’île du roi. Ce rêve fut interprété et discuté dans la chambre des élus animaux en présence du représentant officiel du roi.
Sa majesté le roi faisait confiance aux élus qui témoignaient que ce chacal était un expert un peu informé des troubles qui perturbaient les souks mondiaux des bestiaux. Il avait une grande expérience dans l’évaluation des réserves des eaux usées qui inondaient les écuries du Pérou, du Venezuela et peut-être même les écuries du Bénin après le départ des animaux français. De plus, tout le bois de la forêt, le bois qui servait à l’éclairage et au chauffage de l’île, était contrôlé par ce chacal.
Après un voyage de travail chez ses copains animaux dans une île de l’océan Pacifique, ce tapageur conseilla au roi de stocker une quantité d’eau potable. Une quantité d’eau suffisante pour sa majesté et son entourage. Abracadabra, "hogna-loulou" ici et là-bas, en présence d’un vieux loup et d’une jeune poule espagnole, convainquit sa majesté le lion.
Il démontra par un schéma très confus dessiné sur du sable cendré importé de Jérusalem, que cette pluie pouvait attaquer la mémoire et rendre tous les animaux de cette île maladroits. D’après sa magie, tout animal ayant pris une gorgée de cette pluie perd la mémoire et devient un peu menteur et maladroit. Le lion accepta cette proposition soutenue à patte levée par les élus animaux. Il ordonna aux chèvres et aux brebis de construire un immense réservoir pour stocker l’eau en réserve selon le schéma grossièrement préparé par le chacal expert en choux et anchois. Les animaux de l’île n’étaient pas informés car le téléphone arabe n’existait pas dans cette île en ce temps-là. La masse animale, prise au dépourvu par cette pluie, s’abreuva de cette eau sans faire attention. Elle changea de comportement et se révolta contre l’entourage animal du roi devenu, d'après elle, soudainement un peu maladroit
Le roi était en pèlerinage lorsque cette pluie tomba. Il apprit les effets par télégramme envoyé par la chèvre qui contrôlait la foi. Le lion lança son dernier caillou sur Satan et se précipita en toute hâte vers son île pour apaiser les esprits d’un peuple supposé devenu maladroit.
Les habitants demandèrent au roi de chasser de son entourage les politiciens jetables, les gauches, les louches et les by-passeurs des lois devenus subitement maladroits. Sa majesté le lion, très adroit, comprit très vite la combine de certains loups et sangliers qui voulaient jouer le rôle de rois. Il nettoya d’un coup de balai tout son entourage qui était réellement maladroit. D’un coup de patte bien mesuré, il renversa la réserve d’eau maudite en mer et demanda aux animaux de choisir librement leurs représentants de droit. Sa majesté le lion ordonna aux tigres de punir ce sacré chacal et de le poursuivre en justice en appliquant la règlementation de la jungle élaborée par les animaux forts en matière d’ordre et droit.
L’île retrouva l'ordre, le calme après s'être débarrassée des maladroits. Sans aucun doute, le roi avait bon cœur, il aimait les habitants de son île. Il prit un verre d’eau de pluie pour célébrer la fête avec ses animaux et évita d’être taxé de maladroit. Il avait bien compris les comportements bizarres des maladroits, c’est la raison pour laquelle il avait renversé l’eau maudite dans les eaux de l’océan.
L’île a une longue histoire et ses habitants sont de braves animaux. Leur courage fait preuve d’honnêteté et de foi. Les animaux manifestèrent pacifiquement, balai en main, pour justifier leur joie après ce coup de balai longtemps attendu par les animaux très adroits. Ils coururent dans les rues de l’île et hurlèrent "Les travaux dans l’île achevés par sa majesté méritent reconnaissance certifiée, considération et respect! Certains animaux crièrent "vive le roi!" et la majorité hurla avec une férocité de bêtes sauvages "A bas l’entourage du roi!".
Le roi, très satisfait de ses projets sur l’île prit sa retraite, tête haute et le cœur gai et plein de joie. Les habitants de l’île l'aimaient et le respectaient. Ils lui attachèrent une médaille d’honneur sur sa poitrine et le nommèrent roi sauveur des droits des animaux opprimés dans l’île détruite par la démagogie des maladroits. La crainte est nécessaire à la survie des hommes. Elle leur permet de simuler un danger qui menace leur bien-être et parfois leur vie. Ce danger peut être la perte d’un trône, d’une position, d’une maîtresse protectrice, ou tout simplement la perte de la besace vide mal accrochée à leur cou. Les politiciens savent que l’état d’inquiétude est le meilleur moyen de convaincre les citoyens prudents de leur accorder leur soutien inconditionnel.

Conclusion

A travers les contes de nos grands-mères, nous avons appris que la peur dans le cœur des gens les abat et les bonnes paroles les réconfortent. Les paroles sincères font oublier les rancoeurs des temps durs et froids. Les cœurs algériens ont besoin de bonnes paroles. Nous demandons à nos politiques de desserrer les dents, sourire, laver leurs moustaches et chanter les paroles du célèbre guitariste américain «Quand le pouvoir de l’Amour dépassera l’amour du Pouvoir, alors le monde connaîtra la Paix». Enfin, Dieu va nous aider à nous aimer les uns les autres dans le vaste honneur de notre patrie. C’est l' amour pour notre chère patrie qui va nous permettre de resserrer nos rangs pour bâtir une Algérie prospère, tolérante et forte.








ÉDITORIAL | POLITIQUE ET SOCIÉTÉ | ÉCONOMIE | NATURE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE | ART ET CULTURE | ÉDUCATION | SCIENCE ET HIGH-TECH | SANTÉ ET MÉDECINE | GASTRONOMIE | VIE QUOTIDIENNE | CÉLÉBRITÉS, MODE ET LIFESTYLE | SPORT | AUTO, MOTO, BATEAU, AVION | JEUNES | INSOLITE ET FAITS DIVERS | VOYAGES ET TOURISME | HUMOUR





Recherche



Les derniers articles