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Yvan Wouandji : du Cameroun à l'équipe de France de cécifoot


Par Rédigé le 20/11/2019 (dernière modification le 19/11/2019)

Yvan Wouandji est un modèle de réussite et de persévérance. Après avoir perdu la vue à 10 ans il est désormais joueur de cécifoot en Equipe de France et également consultant dans des médias sportif.


Yvan Wouandji avec l'équipe de France © Federazione Italiana Sport Paralimpici
Yvan Wouandji avec l'équipe de France © Federazione Italiana Sport Paralimpici
Après avoir perdu la vue à 10 ans vous avez quitté le Cameroun et êtes arrivé en France pour intégrer l'Institut National des Jeunes Aveugles, comment avez-vous vécu ce bouleversement ?
Avec mon frère jumeau nous sommes nés prématurés. Nous étions dans des couveuses mais nos yeux ont été exposés à la lumière et à l'oxygène. Une infirmière était chargée de mettre des gouttes dans nos yeux, sauf qu'elle nous confondait. Nous avons fini myopes avec la rétinopathie des prématurés. On a grandi avec des lunettes en étant juste myopes. A 10 ans, du jour au lendemain, j'ai commencé à voir flou, je suis devenu non voyant. J'ai conservé certains souvenirs donc j'arrive à visualiser certaines choses, si ce sont des objets que je n'ai jamais vu j'arrive à les visualiser en les touchant. J'ai été à l'Institut National des Jeunes Aveugles en France, je ne voyais pas de différence car j'avais toujours accès à mes habitudes quotidiennes. J'ai dû tout de suite m'adapter à mon handicap, j'étais dans une phase d'apprentissage dans laquelle je ne voyais pas les impacts de ma déficience visuelle car j'étais toujours encadré. A l'âge de 15 ans j'ai commencé à me poser des questions existentielles (Qui suis-je? Pourquoi moi?). J'ai su regagner le cap via les études et le sport. Le fait de pouvoir gagner confiance en moi grâce à ça m'a permis de rester positif, de vouloir aller de l'avant et de ne pas mal vivre mon handicap. Les échanges avec mes parents m'ont permis de ne pas me sentir différent. Le handicap est une forme de richesse pour apprendre de l'autre.

Comment et à quel âge avez-vous découvert le cécifoot? Pouvez vous nous expliquer les règles.
J'ai découvert le football à l'Institut National des Jeunes Aveugles. Mon enseignant de musique m'a fait comprendre que le football pour les non-voyant existait. A 13 ans je ne pouvais pas encore pratiquer car l'âge minimum est de 15 ans. J'ai démarré en club à l'âge de 16 ans. J'y joue depuis 2008, je suis très heureux dans mon club et de faire parti de l'équipe de France depuis 2010. On a été champions d'Europe, et c'est une fierté pour moi, je m'en sors convenablement. Je ne vois pas mon handicap. Les préjugés doivent cesser. Je suis content que les gens reconnaissent mes performances sur le terrain et mon investissement dans le football.
Cécifoot vient du mot cécité. Lorsqu'on a une cécité cela veut dire qu'on est non-voyant ou mal-voyant. C'est du foot à cinq joueurs par équipe, ça se joue sur un terrain avec les mêmes dimensions qu'un terrain de handball (40m de long, 20m de large) et toujours en extérieur. Une structure délimite la taille du terrain ce qui permet aux joueurs de rester dans l'aire de jeu et au ballon de buter contre la barrière. Seul le gardien de but est voyant, les quatre autres joueurs ont un bandeau sur les yeux pour être au même niveau d'égalité. Le terrain est divisé en trois zones, le gardien gère ses 13 mètres défensifs, le coach gère les 13 mètres de la zone médiane, et derrière la cage adverse il y a un guide pour orienter les joueurs vers le but. Le ballon fait du bruit car il y a des grelots dedans. En France il y a un championnat composé de 10 équipes, j'évolue à l'AS Cécifoot Saint-Mandé. Il y a une Coupe d'Europe et une Coupe du Monde, ce sport est également présent aux jeux paralympiques. Nous sommes actuellement qualifiés pour les jeux de Tokyo en 2020. De plus, j'ai la chance d'avoir été nommé ambassadeur des Jeux Olympiques et paralympiques 2024 à Paris.


Décoré par François Hollande de la médaille de chevalier de l'Ordre national du Mérite en 2013, vous êtes devenu un incontournable dans le milieu du sport. Qu'est ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes sportif de haut niveau?
Depuis que je suis sportif de haut niveau ma vie a complètement changée. Le regard de mes proches a évolué de manière positive. Le sport de haut niveau me permet d'entretenir mon corps. Dans la société c'est une posture très interessante qui ouvre beaucoup de portes. En tant que sportif de haut niveau, j'ai plus de moyens pour me donner à fond dans ma discipline. Il y a une image positive qu'il faut renvoyer aux jeunes, au public de manière globale. Sportif de haut niveau est très intéressant car on dispute des matchs partout dans le monde, on se frotte aux meilleurs. Je suis heureux, ça m'a ouvert des portes et ça m'a permis d'avoir accès à des choses auxquelles je n'aurais jamais eu accès dans ma vie.

Ressentez-vous des avancées dans le milieu sportif vis à vis du cécifoot?
Dans le monde du sport oui. J'ai l'impression que les sportifs connaissent un peu plus la discipline. Les gens le voient vraiment un peu plus comme du sport, du football de manière générale. Le cécifoot commence vraiment à grandir. Les médias viennent, des articles sont fait sur le cécifoot et on veut de plus en plus encourager les non-voyants à faire du sport. On aimerait biensûr que plus de médias s'y intéressent, on espère que la discipline aura plus de moyens pour évoluer, plus d'argent, plus d'équipements, plus d'aides pour les joueurs. On espère que la discipline sera plus structurée à l'avenir. Avec les Jeux de Paris 2024, il y aura une vrai promotion du cécifoot et une vraie découverte de la discipline en France. Il faut montrer au grand public qu'on a des athlètes de haut niveau.

Vous êtes également un militant de la cause du handicap en France, comment sensibilisez vous les personnes à cette cause?
Nous essayons de faire la promotion du cécifoot, faire changer le regard sur le handicap, sur la déficience visuelle, sur les non-voyants. Nous intervenons régulièrement dans des actions de sensibilisation et de promotion. J'échange avec les enfants, les jeunes, les adultes. Durant la première des deux heures je me présente et je réponds aux questions. La deuxième heure je mets en place des ateliers de découverte, on essaye de développer de la solidarité, de la tolérance, du respect et surtout de la découverte. J'interviens, au delà des écoles, également dans les centres de formation des professionnels.

Au delà de pratiquer le football, vous avez déjà été consultant à plusieurs reprises sur des grandes chaînes sportives. Après votre carrière de footballeur voulez-vous en faire votre métier? Comment avez vous découvert cette passion pour le journalisme?
J'ai eu la chance de m'exprimer dans différents gros médias. C'est un plaisir parce que j'aime ça, depuis le collège je veux travailler dans le journalisme. Actuellement je suis en prépa master à Sciences Po, j'ai eu une licence en communications médias. J'ai découvert ça via ma carrière, après les Jeux de Londres j'ai vraiment gagné en médiatisation et fait différents plateaux (RMC, RTL, Europe 1, Bein ...). J'ai l'impression d'être écouté comme les autres et je n'ai pas le sentiment d'être réduit ou de ne pas être écouté. J'ai le sentiment que ma parole porte et ça me plait. Après ma carrière dans le sport j'aimerais continuer à m'investir, continuer les actions de sensibilisation, et toujours dans le journalisme oui. On verra dans 15 ans où j'aurais envie d'être et où j'aurais envie d'aller. Je pense que d'ici là j'aurais encore accompli de belles choses.
yvan_wouandji.mp3 Yvan Wouandji.mp3  (2.9 Mo)










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