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Une grande voix s'est tue  02/10/2019

Celle de la soprano américaine Jessye Norman qui s’est éteinte lundi 30 septembre à New York à l’âge de 74 ans, elle a succombé aux suites d’une septicémie.
Elle était née le 15 septembre 1945 à Augusta, en Géorgie dans une famille de musiciens amateurs qui lui ont communiqué leur passion.
Elle devait confesser plus tard qu’elle avait appris très jeune le piano "par amour du chant et le chant par amour de la vie". Elle se destinait à la médecine quand elle a entendu à la radio Rosa Ponselle et son existence a été transformée. Et la voix de contralto de Marian Anderson, première cantatrice noire à chanter au Met, fut aussi pour beaucoup dans ce changement d’orientation. Elle étudie à l’université Howard de Washington dont elle sort diplômée en 1967 et se perfectionne à Chicago auprès du baryton français Pierre Bernac, grand spécialiste de la mélodie. Elle découvre ainsi l’univers musical européen. En 1968, Jessye Norman obtient le premier prix au Concours international des radios allemandes et entre à la Deutsche Oper de Berlin. Elle y triomphe dans Elisabeth de Tannhäuser de Wagner. Les rôles s’enchaînent, chez Wagner, Mozart, Meyerbeer, Verdi, ou Strauss, à la Scala avec  Aïda, à Covent Garden avec son inoubliable Cassandre des Troyens de Berlioz. A partir de ce moment, elle se fixera en Europe.

En 1983, au Festival d’Aix-en-Provence avec sa Phèdre d’Hippolyte et Aricie de Rameau, mise en scène par Pier Luigi Pizzi, sous la direction de John Eliot Gardiner, elle conquiert un public fasciné par l’ampleur de sa voix et la majesté de son imposante présence. Sous la conduite des chefs les plus illustres, elle interprète les grands rôles du répertoire wagnérien. Partout elle impressionne par l’étendue de son répertoire couvrant de nombreuses époques avec les compositeurs les plus différents. Elle enregistre des lieder de Strauss, West Side Story ou la 2e Symphonie de Mahler. Elle précisera en 2010 "Je n'ai jamais chanté que des rôles qui me tenaient à cœur, qu'il s'agisse de rôles exposés, comme Carmen, ou de seconds rôles, comme Phèdre dans Hippolyte et Aricie. Ce sont, à chaque fois, des femmes de volonté et de caractère".

A Paris, sa participation aux cérémonies du Bicentenaire de la Révolution la fait connaître du grand public qui n’a pas oublié son apparition sur la place de la Concorde dans une immense robe aux couleurs du drapeau français ni son interprétation de La Marseillaise de Berlioz. Par la suite, on la voit moins sur les les scènes d’opéras, elle se consacre davantage à la mélodie, au lied, au gospel et au jazz.

Puis, elle reviendra à l’opéra, toujours avec le même succès accompagné d’interminables ovations quel que soit le chef ou le lieu. Ce qui a fait dire à Toni Morrison lors d’une soirée d’hommage à la cantatrice en 2014 "La beauté et le pouvoir, la singularité de la voix de Jessye Norman. Je ne me souviens pas d’autre chose de semblable". Et le prix Nobel de littérature 1993 de poursuivre "Je dois dire que parfois lorsque j’entends votre voix, cela brise mon cœur. Mais à chaque fois, lorsque j’entends votre voix, cela soigne mon âme".
Jessye Norman laisse une impressionnante discographie, opéra naturellement mais aussi symphonies, messes, oratorios, lieder, mélodies, cantates et spirituals.
La cantatrice a fondé à Augusta sa ville natale la "Jessye Norman School of the Arts" qui aide les jeunes artistes issus de familles défavorisées.
En 2014 paraissaient ses mémoires,"Stand Up Straight and Sing!" ou dans la traduction française “Tiens-toi droite et chante!”. Ces mots étaient ceux de sa mère lorsqu’elle commençait l’étude du chant. C'est aussi l'expression de l'éducation stricte qu'elle a reçue et qui lui a permis de devenir la grande artiste que nous regrettons.






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