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Cameroun : Les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre


Par Joseph Etoaa Rédigé le 24/08/2010 (dernière modification le 22/08/2010)

Pour la première fois l’association Centre des Cultures et Traditions (CECULTRA) a organisé une rencontre récréative pittoresque, au village Nkolnsoh (derrière l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen). L’objectif de cette circonstance, était de réactualiser l’ensemble des formes culturelles, fondées sur la tradition orale, exprimées, partagées et reconnues par l’ensemble d’une communauté.


Cameroun : Les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre
10h 05 mn, départ de la présidente du CECULTRA, madame MENGUE Marie pour Nkolnsoh. Retardé quelques instants après par des bouchons dans les différentes artères de la ville capitale elle arrivera finalement à Nkolnsoh à 11h 45 mn, malgré la longue attente, la foule émerveillée accueille joyeusement son hôte de marque au rythme frénétique des tam-tams des Seigneurs de la forêt à la chefferie du Groupement Mvog-Amoug III. Madame MENGUE Marie, commencera d’entrée de jeu son discours par un mot d’excuse pour le retard et durant 15 minutes illustrera les activités de son Centre, stimulera la population au développement participatif, à la réappropriation et réactualisation de la tradition orale, des jeux  traditionnels, l’art culinaire et remerciera enfin le public pour cet accueil chaleureux.
Le chef de village de Nkolnsoh, Monsieur AMOUGOU ONDOA Armand prenant la parole à son tour, au nom des populations témoignera de la gratitude de ces dernières à l’égard de la présidente du Centre des Cultures et Traditions pour son initiative innovante concernant la pratique participative des jeux traditionnels et l’honneur quelle accorde à leur village aujourd’hui de vivre une expérience mémorable qui ravive la flamme culturelle des fang-béti, l’exhortera par la suite, afin que cette impulsion perdure pour le bien de tous, "vive le CECULTRA", en avant la culture fang-béti ,afin que la jeune génération ne sombre davantage dans l’oublie de nos traditions. Les divertissements étaient répartis en 4 espaces thématiques bien définis : l’art culinaire fang béti, l’aire de télécommunications et de la danse traditionnelle bikutsi au rythme du tamtam (Nkoul), une aire de jeux traditionnels, de Nguek et songo, une aire de la cueillette du vin de palme et l’aire des proverbes.

Aire de jeux traditionnels, Nguek

Au cri strident
Au cri strident
L’assistance du passeur de savoir Apollinaire METOU a été très bénéfique dans l’aire du nguek, grâce aux détails minutieux du pourquoi de ce jeu qu’il a pu nous fournir. "La compétition d’adresse au lancé de la sagaie est utile à la jeunesse car elle lui permet de pouvoir se défendre avec bravoure en cas d’attaque en brousse de serpents, animaux féroces, etc". La compétition avait réuni environ 10 joueurs pour un total de deux équipes. Le fruit, lancé au sol par le candidat d’un camp, prononçant le mot «Avia»ou attention ! et tous les autres candidats répondent "Abere à Nsong Tombo" ou nous l’avons à l’œil devait être transpercé, dans sa course par un candidat du camp adverse. Pendant plus de 45 mn malgré la vigueur des jeunes gens qui constituaient l’une des équipes, le groupe du chef de village AMOUGOU ONDOA pétrit d’expérience quoique amorti par le poids de l’âge a, à plus d’une reprises effleuré le fruit sans véritablement l’atteindre de plein fouet, faute de poigne. Les deux équipes se sont séparées sur le score final égal à zéro, mais prêt à revivre ce type de divertissement avec plaisir dès que possible. A la fin de cette rencontre, le sourire aux lèvres, passants et participants étaient surpris de découvrir et redécouvrir cette richesse sportive qui revient en force et dont l’utilité de nos jours ce démontre aisément.

Songo

Une partie de songo (photo Joseph ETOAA)
Une partie de songo (photo Joseph ETOAA)
La partie de ce jour a opposé deux notables de Nkolnsoh, ici cette rencontre n’était qu’une sorte d’exhibition. Le songo trouve son intérêt chez le Béti dans la défense de son honneur, mais également dans le plaisir que se font les joueurs et l’assistance, car à l’occasion, une sorte de "parenté à bouffonnerie" se crée entre les joueurs. Les explications des uns et des autres à la fin de la partie, qui s’est soldée par un nul, permettent de comprendre que le jeu de songo encourage la jeunesse à avoir un esprit mathématique, de la concentration, du fair-play et une analyse rapide et soutenue de la situation.

Aire de la cueillette du vin de palme

Cameroun : Les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre
Dans l’aire réservée à la cueillette du vin de palme, le patriarche, ABANDA JOSEPH prendra la parole pour expliquer qu’en dehors de l’eau pure, boisson par excellence des Fang Béti, ceux-ci se contentent encore du vin palme ou de raphia pourvu d’écorce de l’arbre ésok, pour augmenter légèrement la teneur en alcool. La consommation des boissons était circonstancielle et non à longueur de journées, comme à présent. En souvenir de cela les populations de Nkolnsoh ont bien voulu faire revivre cette tradition en réservant un espace thématique concernant les différentes formes de cueillette du vin de palme. La première étape est celle de la cueillette du vin de palme "palmier debout". Ici comme son nom l’indique le palmier est debout, c’est la forme la plus appréciée, malheureusement cette forme de cueillette est aujourd’hui redoutée à cause des chutes mortelles occasionnées part ce type de grimpé.
La deuxième étape est celle de la cueillette du vin de palme "palmier couché". Ici comme son nom l’indique également, le palmier est couché "abattu". C’est la forme la plus facile, prisée par les jeunes, mais véritable fossoyeuse du développement durable.
Selon les déclarations de plusieurs habitants de Nkolnsoh, il y a quelques années dans la majorité des villages Fang Béti, on trouvait des palmiers pas très loin des habitations, aujourd’hui pour recueillir le vin de palme, ou en extraire de l’huile, il faut parcourir environ 20 à 30 kilomètres en pleine forêt. Ce constat alarmant a permis à la présidente du CECULTRA d’exhorter les populations à opter pour un développement durable, c’est-à-dire : pour un palmier abattu, 10 ou 15 de plantés, ce message a été accompagné par une salve d’applaudissements des populations.

Les réalités sociales et culturelles du pays béti

Il est 16h 15mn, quand le notable Charles ONDOUA prendra la parole pour ouvrir l’aire du proverbe par les 2 proverbes ci-dessous :
"La hache cassée, l’abattage s’arrête" : la moralité de cet adage est qu’on ne peut exiger de quelqu’un ce qui lui est impossible de faire.
"La dernière demeure d’une feuille se trouve au pied de l’arbre": la moralité de cette sentence est qu’on ne peut exiger de quelqu’un ce qui lui est impossible de faire.

Aire de l’art culinaire Fang Béti

Cameroun : Les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre
Un tour dans la cuisine de madame AMOUGOU ONDOA "épouse du chef de village de Nkolnsoh", chargée de l’aire art culinaire fang béti, a donné l’occasion aux participants de découvrir le savoir faire et acquis de cette grande dame dans sa branche.
Les différents mets concoctés étaient : le gâteau de pistache aux poissons fumés, le gâteau d’arachide, cuit et séché à la braise, les aubergines malaxées à la pâte d’arachides, le gâteau de maïs à la pâte d’arachides, le gâteau de maïs simple, le bouillie de maïs frais, la sauce fade de feuille de manioc au jus de noix de palme, avec pour complément les tubercules de manioc cuites, les poissons aux épices cuits dans des feuilles de bananier.
Après la ronde des 3/4 des différentes aires thématiques, le maître des lieux prendra la parole, et demandera à l’assistance de faire une prière circonstancielle pour la bénédiction des mets à déguster.
Quelques minutes après cette prière, le moment était venu de partager les agapes en pleins air.
A écouter les uns et les autres, ce repas fut très savoureux et le cordon-bleu à qui revenait cet honneur a reçu avec faste des congratulations.

Aire des télécommunications et de la danse traditionnelle bikutsi au rythme du tamtam (Nkoul)

Cameroun : Les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre
Interview accordé par le spécialiste du CECULTRA Monsieur BENGA Jean Claude, historien, présent à cette rencontre culturelle.

Joseph ETOAA : En tant qu’historien, quelle idée avez-vous du tam-tam?

BENGA.JC : Le Nkoul ou tam-tam (téléphone) est le principal moyen de télécommunication chez les Béti. Il s’agit d’un tambour monoxyle à fente donnant deux tons.

Joseph ETOAA : Pourriez-vous nous parler du bikutsi ainsi que son origine?

BENGA.JC : Bikutsi viendrait de l’éwondo "Bia kut si" qui signifie nous frappons le sol.
C’est donc sur le fait de danser en frappant le sol par ses pieds qui donne le nom "Bikutsi".

Bikutsi au rythme tamtam (Nkoul)

Après l’interview de notre personnalité ressource, un tour vers le groupe de danse présent pour cet évènement nous a permis de constater le sens et la gestuelle du bikutsi. Ce grand spectacle de danse traditionnelle gratifié au public valait son pesant d’or, et ce avec à l’aide de 4 instruments formidables qui sont : le Nya nkoul "la mère", le Nnom nkoul "le père" le Mone nkoul "le fils" suivi enfin du tambour "mbè". On danse et on chante ensemble, tout se passe comme si l'improvisation y dominait mais en fait, il s'agit d'une "improvisation organisée". S'il arrivait que quelqu'un oublie de prendre la parole, un chanteur plus attentif peut le suppléer sans qu'on s'en rende compte.
reportagenkolnsoh.mp3 reportageNkolnsoh.mp3  (408.58 Ko)









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