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CHOUCHOU NAMEGABE DUBUISSON : FEMME JOURNALISTE ENGAGEE. INTERVIEW


Par Lech Walassa Mulondani Rédigé le 13/03/2009 (dernière modification le 06/04/2009)

Chouchou débute sa carrière journalistique juste après ses études secondaires en 1997 à la radio Maendeleo, une station de radio communautaire émettant de Bukavu. Elle est coordonnatrice de l’Association des Femmes des Médias . Madame Chouchou NAMEGABE DUBUISSON est la coordinatrice de l'Association des Femmes des Médias au Sud Kivu AFEM Sud Kivu. C’est à ce titre qu’elle vient recevoir le prix « Global Leadership Award » aux Etats Unis d’Amérique.


CHOUCHOU NAMEGABE DUBUISSON : FEMME JOURNALISTE ENGAGEE. INTERVIEW
Elle a la passion du métier et collabore avec radio Maendeleo dans un sketch radiophonique. Chouchou joue le rôle de FULUSHI, « petit colis » en swahili. A travers cette production, elle tente de vulgariser quelques idées pour l’éducation des vulnérables parmi lesquels les femmes et les jeunes.
Elle entre véritablement dans le métier après ses études d’Anglais et Culture Africaine. C’est un métier que j’aime beaucoup et qui me passionne. J’ai eu très vite la nette impression que la femme n’avait pas accès à l’information et à l’instruction. Elle n’a pas le droit à la parole dans nos sociétés ici au Sud Kivu, dit-elle. Chouchou NAMEGABE DUBUISSON est mariée à Jean-François DUBUISSON, de nationalité belge installé et travaillant en RD Congo.

Podcast Journal : Mariée, mère d’enfant et journaliste, comment Chouchou s’y prend-elle ?

Chouchou N.D : Ce n’est pas facile et surtout au début c’était vraiment très difficile et compliqué. En tant que journaliste de terrain,je devais me réveiller à 4 heures du matin pour aller à la station,faire des animations d’antenne,présenter des journaux en swahili et faire le terrain la journée,revenir à la maison seulement à 22 heures ! C’était très fatiguant mais pour concilier les trois, comme mariée et journaliste de terrain au début sans enfant ; pour moi c’était encore facile. Je rentrais à 22heures, mon mari Jean -François acceptait ça et il m’aidait à faire le ménage. Maintenant que j’ai Yannis, mon garçon, c’est vraiment difficile. Je dois surveiller le petit et le laisser en ordre. Et j’ai fait de l’allaitement exclusif, ce qui n’est pas facile, je l’ai fais jusqu’à six mois . Je devais rentrer chaque jour à midi et avant le soir pour allaiter.

Podcast Journal : Alors comment Chouchou gère ses deux hommes, Yannis et Jean-François ?

Chouchou N.D : Rire ! Avec mes deux hommes, c’est comme un programme. Le matin, je m’occupe d’abord du bébé pendant que Jean –François se prépare. Quand je termine, il me le prend et lui donne à manger et moi je me prépare. De retour de service, il faut attendre que Yannis, un an dans quelques jours, puisse s’endormir. Nous évaluons ensemble la journée et nous parlons de notre foyer. Chacun a son temps quoi ! Mais ce n’est pas facile. Il faut toujours garder la tête entre les épaules !

CHOUCHOU NAMEGABE DUBUISSON : FEMME JOURNALISTE ENGAGEE. INTERVIEW
Podcast Journal : Que fait AFEM Sud Kivu pour les femmes ? Quel est l’état des droits de la femme au Sud Kivu ?

Chouchou N.D : Vous le savez aussi dans nos barzas, ce sont des hommes qui se mettent ensemble et qui prennent les grandes décisions. La femme ne participe pas, elle subit toujours et ça c’est un problème qui fait que beaucoup de choses ne marchent pas dans notre pays. Dans notre travail, nous sensibilisons les femmes à leurs droits parce qu’elles ont aussi les mêmes droits que l’homme, le sexe masculin. Notre cible qu’est la femme rurale qui n’a pas accès à l’instruction et à l’information ainsi que d’autres droits. ; nous la sensibilisons à connaître ses droits et à les défendre ; à dénoncer tous les abus qui sont commis à son égard. Nous lui donnons de l’espace dans les médias pour présenter ses problèmes et ça c’est une petite victoire pour nous parce que dans les villages, le poste récepteur radio, c’est pour l’homme. Partout où il est ;il va avec son poste radio à l’oreille. La femme n’a pas le droit de le toucher. C’est ainsi que nous avons fait une activité avec l’Institut PANOS PARIS pour la distribution de petits postes récepteurs radio aux femmes rurales pour que partout où elles sont, elles puissent suivre les informations. C’est comme ça qu’on a donné quand même cet accès à l’information aux femmes rurales même si ce n’est pas encore suffisant. C’est très minime vu le petit nombre de femmes qui ont eu ces postes radio mais aussi on réalise des émissions avec elles. Elles enregistrent des éléments sonores pour nous ; on les a formé aussi dans la prise de son, dans la production des éléments sonores que nous montons dans nos bureaux et nous réalisons des émissions que nous diffusons dans les six stations de radio partenaires dans la vile de Bukavu.

Podcast Journal : Alors journaliste et femme, est-ce que vous vous sentez reconnue, acceptée, respectée et surtout comprise par les autres consoeurs et confrères mais aussi par votre cible, les femmes rurales ?

Chouchou N.D : Au début, c’était difficile parce j’étais la première jeune fille à embrasser la carrière de journaliste et donc c’était vraiment difficile. Les gens croyaient que les femmes n’avaient pas le droit à la parole. Elles ne devaient pas parler en public. Et moi en tant que jeune fille, parler à un grand auditoire, c’était vraiment difficile. Les gens avaient des préjugés sur le métier de journaliste. Les femmes qui faisaient ce métier étaient considérées comme des putes ou prostituées parce que vous voyez qu’elle est mal vue dans la société. La femme qui doit parler à un grand public était mal comprise. Petit à petit, avec le comportement positif aussi avec les sensibilisations, les préjugés sont tombés un à un. Devant d’autres confrères comme vous-même,on était aussi mal vue car quand on entre dans le métier,le critère de sélection différent d’une maison à l’autre mais parfois vous trouvez que la plus grande partie des femmes qui sont dans les médias n’ont pas reçu une formation en journalisme. Elles se sont formées sur le tas,en pratiquant. Elles ont du mal à décoller mais comme elles sont déterminées et ont la volonté et les aptitudes, elles apprennent et s’en sortent bien. Mais vraiment au début c’était difficile de comprendre comment une jeune fille pouvait emboîter le métier de journaliste. Maintenant nous sommes respectées, nous sommes reconnues et acceptées par nos confrères mais c’est à travers le travail bien fait qu’on se fait respecter. Nous nous sommes battues. Il faut de la compétence pour montrer aussi que nous pouvons faire quelque chose de valable comme les hommes. Et c’est le message que je ne cesse de répéter à mes consoeurs. On doit faire mieux et d’ailleurs faire mieux que les confrères. Nous devons montrer que nous sommes aussi capables. Parfois on dit que les femmes ne sont pas compétentes. C’est faux. Ça dépend du recrutement. Quand on prend des femmes dans le métier sans tenir compte de la compétence, il ne faut pas généraliser sur l’incompétence des femmes journalistes.

Podcast journal : Parlons à présent de la reconnaissance internationale. Vous venez de recevoir un prix décerné à Chouchou par le travail qu’elle fait dans l’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu. Qu’en est –il ?

Chouchou N.D : Oui, c’est le prix GLOBAL LEADERSHIP AWARD décerné aux femmes par une organisation, la Fondation Vital Voices. Un prix décerné aux femmes qui se sont distinguées par leur travail de promotion de droits, de lutte pour la justice et de lutte contre les violences sexuelles. Nous avions été identifiées par des journalistes américaines qui étaient de passage ici à Bukavu. Elles avaient écrit des articles sur ce que nous faisons comme travail avec AFEM. Nous avons discuté et à leur départ, elles ont rédigé des articles sur les activités de AFEM. Nous avons gardé le contact. J’envoyais des informations sur l’avancement de notre travail. C’est comme ça qu’à travers le site web de Women e-news, un magazine des femmes, une autre organisation nous a identifié. Cette organisation est entrée en contact avec moi et on a commencé à échanger des points de vue. Du coup, je ne sais plus comment, j’avais reçu un email disant que j’étais sélectionnée pour le Prix FERN HOLLAND. C’est une avocate américaine qui a été tuée en Iraq au début de la guerre dans ce pays. Cette organisation voulait honorer Chouchou NAMEGABE DUBUISSON en m’octroyant ce prix pour le travail que je fais parce qu’ils avaient eu vent de tout ce que nous faisons comme travail. Le 19 mars 2009, il y aura une cérémonie pour la remise de ce prix à Washington DC au Kennedy Center. Je pars cette semaine pour la cérémonie.

Podcast Journal : Quelles sont les perspectives pour AFEM Sud Kivu et celle de sa coordonnatrice Chouchou Namegabe Dubuisson ?

Chouchou N.D : En tant que femme journaliste, je voudrai me perfectionner dans le métier surtout en journalisme d’investigation mais aussi renforcer ma lutte contre les violences sexuelles à travers tous les travaux que nous faisons. Je voudrai aussi mener très loin cette lutte car j’ai comme l’impression que nous ne sommes pas encore bien comprises. Je souhaiterai que l’on arrive vite à dire "Plus jamais ça " car nous sommes en contact régulier avec les victimes de violences sexuelles, vraiment ça dépasse tout entendement, toute imagination, les atrocités qui entourent ces actes de barbarie. Comme Association des femmes des médias, nous avons beaucoup de choses en perspectives notamment la professionnalisation des femmes journalistes. Nous comptons aussi développer une sorte de pépinière en octroyant de bourses d’études aux jeunes filles pour assurer la relève. Nous comptons aussi ouvrir un studio professionnel d’enregistrement, un magazine féminin et offrir des services de presse aux entreprises qui le souhaitent. Nous voulons aussi faire le réseautage en créant des sections de AFEM à travers les autres provinces et dans la région notamment poursuivre notre collaboration avec l’association des journalistes rwandaises et burundaises. AFEM poursuivra également ses stratégies de plaidoyer et de lobbying, la formation et la sensibilisation, l’information des masses à travers ses productions.









1.Posté par Ewing ahmed le 20/03/2010 17:30 | Alerter
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Waouh, c est tres bon. j ai toujours apprecie le travail de chouchou. j encourage son initiative ...  

2.Posté par Rachel FURAHA BASHIGE le 14/03/2012 11:04 | Alerter
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Courage Mme! nous avons appris par le canal de Mme Aziza que vous avez eu un autre pris,puis- je ...  

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