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La fin des joyeuses colonies de vacances n'est pas pour demain!

L'édito de la semaine


Par Rédigé le 04/11/2018 (dernière modification le 04/11/2018)

Dans le tumulte des événements qui ont suivi l’élection du président brésilien Jair Bolsonaro et la déferlante de commentaires catastrophiques sur les conséquences de l’arrivée d’un populiste - au minimum - à la tête du plus grand pays d’Amérique latine, le référendum qui doit avoir lieu aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie est presque passé inaperçu. Et pourtant…


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En effet, à cette occasion, on apprend qu’il existe encore dans ce monde, des pays qui n’ont pas été décolonisés, ce dont évidemment personne ne se vante. Dans la vague de la décolonisation des années '60, certains petits territoires semblent avoir été volontairement oubliés parmi les heureux élus. L’ONU en recense encore aujourd’hui 16. La France, ancien pays colonisateur, n’est évidemment pas la seule concernée. On ne parle plus vraiment de territoires colonisés - la connotation en est évidemment trop négative - on préfère le terme de territoires non autonomes. Le résultat est néanmoins le même pour ceux qui y vivent…

Vous allez me dire que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation s’est nettement améliorée. A l’époque, la moitié de la population de la planète vivait sous le joug colonial. La France, dès 1946, a trouvé le moyen de conserver ses colonies, en les faisant changer de statut, celles-ci devenant des départements d’outre-mer. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ces territoires sont non seulement encore français mais aussi membres de l’Union européenne. On les appelle les régions ultra-périphériques.

Mais à l’époque, dans ce tour de passe-passe, la Nouvelle-Calédonie a été - on peut le penser, volontairement - oubliée. En effet, ces confettis territoriaux généralement situés dans le Pacifique, sont très pratiques et largement utilisés, notamment par la lointaine Europe. Rappelons que la Polynésie française fut longtemps base d’expérimentations atomiques jusqu’en 1996 alors que d’autres territoires ont vocation à servir de bases militaires ou encore plus à la mode, de paradis fiscaux…

Et là, c’est curieux de voir comment l’actualité de la Nouvelle-Calédonie rejoint l’actualité internationale. En effet, ces îles du bout du monde disposent d’une richesse qui explique à n’en pas douter, la volonté de la République française de la conserver dans son giron: le nickel. Les sites miniers du "Caillou" sont connus pour leur excellente qualité et permettent à la France de rester dans la cour des grands en ce qui concerne ce minerai.
Sinon, comment expliquer le refus de la France de rendre aux Kanaks leur indépendance volée il y a 165 ans? Comment expliquer ce passé continuellement violent et l’insurrection de la fin des années '80 avec plus de 70 morts? Ce qui a obligé les autorités françaises à initier enfin un début de réconciliation. Si tant est que cela soit possible… Car n’oublions pas que les Kanaks, colonisés, ont été comme partout, décimés. Rappelons que la colonisation de la Nouvelle-Calédonie fut la deuxième plus importante menée par la France après l’Algérie. Alors, quand on sait comment cela s’est passé de l’autre côté de la Méditerranée, on a une vague idée. Et aujourd’hui, minoritaires, ils n’ont que très peu de chances de voir le oui l’importer lors du référendum, d’autant plus que certains indépendantistes appellent à le boycotter, partant du principe qu’eux seuls, il faut entendre les Kanaks, sont habilités à voter pour leur indépendance. Les Caldoches, descendants des colons, n’ont évidemment pas intérêt à quitter l’espace français dont ils sont par définition très proches.

Entre une population qui se sent dépossédée de son territoire à juste titre et une autre qui s’y sent chez elle car présente depuis plusieurs générations, il ne semble pas y avoir d’issue. La multiplicité et l’hétérogénéisation des populations auront le dernier mot. Mais afin que les premiers ne ressentent plus de sentiment d’injustice et de légitime frustration, les autorités françaises et les Caldoches doivent impérativement améliorer la qualité de la relation entre les deux communautés. Là-bas comme ailleurs, 56 ans après la fin de la guerre d’Algérie, il n’est pas sûr que les leçons aient été tirées de cette terrible expérience.


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