La poterie kabyle: Art et tradition

Résultat d’un travail manuel traditionnellement réservé aux femmes, la poterie était à l’origine un besoin d’utilité domestique en Kabylie. Ainsi, les différents ustensiles de cuisine, les objets de stockage des réserves alimentaires notamment l’eau et l’huile et les objets de décoration, tous des produits fabriqués avec de la terre cuite.

La matière première principale est l’argile de qualité extraite des gisements généralement situés dans les pieds-monts par des potières expérimentées. L’argile doit avoir les qualités de pureté, de malléabilité et de viscosité. Les colorants et les produits de décoration sont extraits des plantes, utilisés à froid avant l’étape de la cuisson avec le feu de bois. Le produit fini garde ses motifs et ses couleurs indélébiles.

Le travail de la poterie est une spécificité régionale (la Grande et la Petite Kabylie, les Aurès etc.), mais il est aussi le produit de nombreuses particularités villageoises.

Les objets de terre modelés en rouge et noir sur un engobe blanc sont issus de la grande Kabylie, reconnaissables pour leur décor assez constant, très fin et régulier. Les pièces verticales (pichets, pots à lait, jarres, cruches etc.) présentent différentes formes caractéristiques des tribus. Pour les plats en calotte, les croix de Malte peuvent être coalescentes. Par contre en Petite Kabylie, les nuances englobent les formes, les tailles et les couleurs.

Les motifs étaient un signe d’appartenance, une traçabilité de l’identité de la tribu ou du village. La symbolique de la poterie kabyle est très riche et s’appuie sur des symboles géométriques, zoomorphes et anthropomorphes. Parmi ces motifs, on retrouve le zigzag qui est l’image de l’eau fécondante, les losanges et les triangles associés à la fécondité des femmes et à la fertilité de la terre. Des caractères en Tifinagh (alphabet utilisé par les Berbères) sont également utilisés dans la décoration comme symbole de représentation sociale.