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Le Podcast Edito - L’attentat meurtrier de Beyrouth signe un triple échec


Rédigé le 21/10/2012 (dernière modification le 29/10/2012)

Le sanglant attentat perpétré vendredi dernier à Beyrouth et qui a coûté la vie, entre autres, au chef des services de renseignement des Forces de Sécurité Intérieure le général Wissam El-Hassan, signe un triple échec du gouvernement libanais, de la communauté internationale sur la Syrie et des diplomaties française et européenne.


Le Podcast Edito - L’attentat meurtrier de Beyrouth signe un triple échec
podcastwissamhassan.mp3 PodcastWissamHassan.mp3  (3.45 Mo)

Il faut en finir avec ce déni sur la situation politique libanaise. Déni aussi inacceptable que dangereux pour le pays du cèdre. En témoignent, lors des funérailles nationales ce dimanche, la présence d'une foule moins nombreuse que prévue malgré les appels de l'opposition et les heurts violents qui ont suivi: preuve du peu de crédibilité d'une classe politique débordée par un peuple dont les seuls motifs d'espérer semblent hélas reposer, entre l'opposition syrienne et le Tribunal Spécial sur le Liban, sur l'extérieur du pays.

Le premier échec vise tout d’abord les autorités libanaises: la politique de "distanciation du Liban vis-à-vis du conflit syrien", carte de visite internationale du premier Ministre Najib Mikati, est d’autant moins crédible que la coalition gouvernementale repose sur une alliance explicite avec le Hezbollah, un indéfectible allié de Damas. Wissam El-Hassan, rappelons-le, fut cet été le principal artisan de l’arrestation spectaculaire et de l’inculpation avec des preuves accablantes, de l’ancien ministre libanais de l’information Michel Samaha. Disposant d’un bureau au sein même du palais présidentiel syrien, Michel Samaha, estime-t-on à Beyrouth, fut lâché par Paris après avoir joué les émissaires entre le premier cercle de Nicolas Sarkozy et Bachar El-Assad permettant la réception du président syrien le 14 juillet 2008 sur les Champs-Élysées. Depuis l’assassinat de Rafic Hariri en février 2005, l’officier se savait déjà menacé et multipliait les déplacements à l’étranger (voir notre édito à ce sujet). La fulgurance dans l’organisation de cet attentat, moins de 24 heures après son retour de Paris et son passage par l’aéroport de Beyrouth contrôlé par le Hezbollah, trahit une intense mobilisation de certains des services libanais de sécurité acquis à la cause syrienne et tenus par surcroît par la milice chiite.

Outre l’urgence d’un second aéroport échappant à la mainmise du Parti de Dieu, le gouvernement libanais devrait démissionner afin, osera-t-on dire dans des circonstances aussi tragiques, de laisser le crime entièrement s’accomplir : au nom d’une apparente stabilité du pays, le premier ministre du Liban ne peut plus, d’un côté, servir unilatéralement les intérêts du Hezbollah en laissant celui-ci agir en toute impunité, et, d’un autre, ignorer les revendications légitimes de l’opposition du 14 mars souhaitant rompre avec Damas. Les missiles du Hezbollah sont dans la Bekaa et les victimes sont du quartier chrétien, pour plagier une célèbre formule mitterrandienne prononcée devant le Bundestag.

Les risques d'une implantation djihadiste

Le second échec concerne la responsabilité de la communauté internationale en Syrie: favorisé par Moscou et Pékin, le maintien de Bachar El-Assad a simultanément permis cet assassinat, assuré une vengeance syrienne de l’affaire Samaha et relancé le funeste espoir syrien d’un chaos libanais destiné à faire diversion (voir notre édito à ce sujet). A ce titre, la rencontre samedi à Damas, entre l'émissaire international de l’ONU Lakhdar Brahimi et le chef de la diplomatie syrienne avec l'objectif d'obtenir un cessez-le-feu pour la fête musulmane de l'Adha, a quelque chose de pitoyable. Il faut pourtant en finir avec ce déni : les risques d’une implantation jihadiste en Syrie sont la conséquence même des tergiversations occidentales qui autorisent la poursuite de la répression par le régime et non sa cause. A force d’aveuglement sur la véritable nature du pouvoir politique au Liban depuis la chute de Saad Hariri -réfugié en France pour sa sécurité faut-il le rappeler-, le vacuum sécuritaire où se trouve désormais la communauté sunnite va certainement susciter des vocations en provenance de "généreux pays donateurs". Et il ne s’agira pas seulement d’une manne financière pour les banlieues.

Cet attentat signe enfin un échec français et européen. La France ne doit plus se laisser abuser par le vernis des visiteurs libanais venus assurer l’Élysée et le Quai d’Orsay qu’ils sont les meilleurs garants contre la déstabilisation. Après les exactions qui discréditent l’armée libanaise et malgré les gages donnés par Beyrouth sur le financement du Tribunal Spécial pour le Liban, toujours à la recherche de plusieurs suspects, membres de la milice pro-iranienne mais protégés par celle-ci, l’attentat de la Place Sassine emporte la conviction d’une incurie de l’État libanais devenu à la fois l’otage et le paravent du Hezbollah. Aux diplomaties européennes d’en tirer toutes les leçons.

A entendre les déclarations lénifiantes de François Hollande appelant "le Liban à se protéger", on finira par regretter l’activisme d’un Jacques Chirac obtenant à force d’obstination et de courage, l’expulsion des forces syriennes du Liban après le meurtre de Rafic Hariri en 2005. Souvent trop soucieuse d’éviter quelques manifestations bruyantes devant la Chancellerie ou aux alentours de la résidence des Pins de Beyrouth, la politique étrangère française doit elle aussi forcer le destin du Liban.









1.Posté par geom le 21/10/2012 21:41 | Alerter
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Malheureusement, le monde libre continue ds sa politique de l'autruche, concernant le Liban (et l...  

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