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Les enjeux économiques du phénomène migratoire


Par Rédigé le 26/11/2018 (dernière modification le 25/11/2018)

L'Europe se relève difficilement de la crise migratoire de 2015 et peine à trouver un équilibre entre aider, intégrer voire refuser les réfugiés. Depuis on constate un déchirement entre les pays membres de l’Union européenne. Il est bien loin le rêve de solidarité entre les peuples qui était si cher à Robert Schumann.


Les flux migratoires en quelques chiffres

Alors que certains construisent des murs d'autres ouvrent leur porte ! © Cole Patrick
Alors que certains construisent des murs d'autres ouvrent leur porte ! © Cole Patrick
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Face à cette crise migratoire, la Commission européenne a proposé un dispositif concernant la répartition des migrants entre les pays membres. Certains pays comme l'Allemagne ont une politique migratoire favorable tandis que des pays limitrophes comme la Hongrie ou la Pologne ont le sentiment d'invasion et ont repris le contrôle de leurs frontières et de leur politique migratoire. Face aux enjeux économiques de l'arrivée des migrants, nous analyserons en quoi celle-ci représente des avantages comme des inconvénients. Le cas de l'Allemagne, la Hongrie ainsi que de la Pologne seront mis en exergue.

D’après le site touteleurope.eu, en 2017, 4,7 millions de personnes ont immigré dans les 28 États membres dont seuls 2,4 millions proviennent des pays tiers extérieurs à l’Union européenne. Selon Eurostat, en 2016 l'Allemagne a admis 912.000 immigrés non nationaux, le Royaume-Uni 514.800, l'Espagne 352.200, l'Italie 262.900 et enfin la France se positionne au 5e rang avec 240.900. Ces cinq pays accueillaient à eux seuls les 2/3 des arrivants dans les 28 pays de l’UE.


Des politiques hostiles aux migrants...

Cependant l'Europe est divisée en deux, entre les pays qui acceptent les quotas proposés par la Commission européenne et ceux qui s'y opposent catégoriquement. On constate que cette tendance s'inscrit dans les gouvernements conservateurs qui instrumentalisent l'immigration dans leurs discours nationalistes. C'est le cas, par exemple, de la Pologne et de la Hongrie où les partis politiques populistes sont à la tête de ces gouvernements avec une politique migratoire plus hostile.

… qui coûtent cher!

La Hongrie devait accueillir au moins 1.294 demandeurs d’asile suite au quota proposé par l’UE. Alors que le gouvernement d’Orban était vivement opposé, un référendum fut organisé dans le pays en 2015 où parmi les 45% de votants dans le pays, 98,3% ont répondu "non" à la question posée et par conséquent rejette catégoriquement le quota voulu par l'UE. Afin d'éviter tout flux de migrants sur son territoire, la Hongrie va plus loin dans sa politique anti-migrants en construisant des murs barbelés tout au long de ses frontières avec la Croatie et la Serbie. Selon les autorités, les murs sont parvenus à lutter de manière efficace contre la migration clandestine qui a diminué de 99,7% depuis 2015. "Le nombre de tentatives réussies de franchissement illégal de la frontière est passé de 391.000 en 2015 à 18.236 en 2016 et seulement 1.184 en 2017", se félicite Gyorgy Bakondi, le conseiller à la sécurité du Premier ministre hongrois. Le gouvernement ultraconservateur de Viktor Orban a dépensé 800 millions d'euros pour le chantier de ces murs contre, ce qu'il qualifie "d'envahisseurs musulmans", "de cheval de Troie pour le terrorisme". Avec cette construction, il prétend protéger les autres citoyens de l'UE et fait la demande d'une compensation de la moitié du coût total à l'Union européenne. C'est sans surprise que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker refusa, ne partageant pas la politique migratoire de ce pays et dénonça "un manque de solidarité envers le reste de l’Europe, par son refus de se plier au quota d’accueil de migrants mis en place par l’UE”.

Parties populistes: choisir les migrants pour éviter toute menace nationale

Pour ce qui est de la Pologne, elle ne souhaite en aucun cas accueillir des migrants "issus de pays d'Afrique ou du Moyen-Orient", et préfère choisir son immigration, un tri que dénonce l'Union européenne. En effet, d'après le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, en 2017, la Pologne aurait accueilli "plus d'un million d'Ukrainiens qui vivent en Pologne avec un permis de travail temporaire". Selon un article du Monde, 116.000 autres bénéficieraient d'une autorisation de résidence à long terme. Le gouvernement conservateur est clair sur la question, les migrants n'ont pas "leur place" en Pologne. Après avoir dit oui au quota de 7.000 migrants en 2015, le gouvernement fait volte-face en s'y opposant. Comme son homologue hongrois, la Pologne a fermé ses frontières. En effet, 97% des Polonais sont contre "l'accueil des musulmans" qui pour eux "ne s’intègrent pas" et qui ont une idéologie incompatible avec celle de leur pays qui est majoritairement catholique. De plus, la crainte que des extrémistes s’émissent dans les demandeurs d'asile, qu'ils tentent d'imposer leur religion est perçu comme un réel danger et une véritable menace pour leur intégrité.

Migrant: un facteur majeur dans le dynamisme économique

Il est vrai que l'accueil des réfugiés représente un enjeu économique pour le pays mais seulement à court terme. Pour le cas de l'Allemagne, le pays a décidé de mettre en valeur ce phénomène afin de mieux l'exploiter et de faire de l'immigration un facteur majeur dans le dynamisme économique. D'après l'institut fédéral de statistiques Destatis, suite à l'accueil de plus d'1,1 million de migrants en 2015 et 2016 sur le sol allemand, le gouvernement a consacré 20 milliards d'euros dans des structures d'accueil et des politiques d'accompagnement sociale et sanitaire. Des dépenses publiques qui se sont vu augmenter de 4,2% mais qui ont permis de booster la croissante de l'économie nationale de 1,9% en 2016. Une croissance en lien direct avec "l'arrivée d'un flot de réfugiés". En effet, l'augmentation de la population a permis de stimuler la consommation des ménages, que ça soit par les besoins en bien d'équipement et en construction de logements neufs.
L'industrie du bâtiment a d'ailleurs progressé de 4,3% sur 2016. De plus, en 2017, la chambre de commerce et d'industrie prévoit la création de 500.000 postes dans l'éducation et la formation, dans les service de santé ainsi que dans le commerce et la gastronomie. Tout est mis en place afin d'offrir des perspectives d'avenir aux demandeurs d'asile en échange d'une main-d’œuvre jeune. Une aubaine pour l'Allemagne dont la population est vieillissante.

En soit, si on investit pour les accueillir et les intégrer rapidement au marché du travail, le phénomène migratoire est de loin un danger. En 2015, Thibault Gajdos, chercheur au CNRS a déclaré: "aucun économiste n'a jamais réussi à démontrer un lien évident entre immigration et chômage" avant de rajouter: "quand il y a un lien il est positif pour le marché de l'emploi". Plus récemment, en juin 2018, une étude du CNRS démontre que l'afflux des migrants et des demandeurs d'asile est "neutre" voire "positif" pour un État.

Alors qu’on vient de démontrer que l’arrivée des migrants était un facteur bénéfique, la Hongrie qui manque de main-d’œuvre pénalise son économie en refusant de recourir à l’immigration. La Pologne quant à elle a décidé de remédier à son manque de main-d’œuvre en ouvrant ses frontières à certains pays comme l'Ukraine et les pays de l'Asie du sud-est. En effet, suite à leur fermeture aux frontières et au renforcement des contrôles, ces deux pays ont dû faire face à des défis économiques importants en augmentant de manière conséquente leurs dépenses publiques. Sans compter les conséquences dramatiques sur leur économie locale. Par exemple sur les entreprises de transports routiers en Europe qui sont ralenties ce qui cause de nombreux retards de livraisons. Le PDG du transporteur hongrois Waberer craint “une baisse de 3 à 5% du chiffre d’affaires”. De plus, cette situation affecte le tourisme en vue des complications pour se rendre dans ces pays.

En soi, l’échec des mécanismes de négociation pour remédier à cette crise migratoire a fortement contribué au délitement de l’opinion publique sur l’Union européenne et a nourri les arguments des partis populistes à travers l’Europe. L'Allemagne, le "bon élève" est également touché par ce phénomène. La "politique généreuse” de la chancelière allemande Angela Merkel est contestée par son alliée au gouvernement, Horst Seehofer membre du parti ultraconservateur CSU Bavaroise qui exige qu’elle durcisse sa politique migratoire. La chancelière met en garde contre un éventuel "effet domino" à travers l’Europe si l’Allemagne refoulait de manière injustifiée des migrants à sa frontière. Après quelques jours de négociation, un accord fût signé qui prévoit de refuser les sans-papiers et ceux dont la demande d’asile a été rejetée par un autre pays européen. Alors qu’une nouvelle crise migratoire menace le Vieux Continent, il devient urgent qu'une politique migratoire européenne commune soit mise en place.










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