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Le Podcast Edito - Islam et démocratie


Rédigé le 22/01/2012 (dernière modification le 22/01/2012)

Au-delà des incertitudes qui pèsent sur son avenir, le "Printemps arabe" questionne désormais les capacités de la gouvernance islamique. Une interrogation posée par le dernier numéro du trimestriel "Moyen-Orient" qui rassemble -une fois encore- de passionnantes contributions sur le thème "islam et démocratie". Avec l’émergence, au sein de ces nouvelles formations -de Ennahda à l’AKP turc- d’un concept destiné à les faire apparaître comme la "démocratie chrétienne" du monde arabo-musulman. Une audacieuse comparaison sans doute appelée à faire débat.


Le Podcast Edito - Islam et démocratie
S’ils sont les "grands gagnants politiques" du "printemps arabe", les partis islamistes se "définissent désormais comme "conservateurs" à la manière des démocrates chrétiens européens", estime Guillaume Fourmont dans son éditorial du "Moyen-Orient" n°13 consacré au thème "islam et démocratie". Une opinion partagée par le spécialiste Olivier Roy dans sa chronique: "le modèle de la droite chrétienne conservatrice plutôt que celui de la Charia peut permettre de concilier le maintien de la référence religieuse et l’acceptation d’un cadre économique institutionnalisé". Un libéralisme islamique qui ne serait pas encore la démocratie mais déjà un "État islamique, par nature un État de droit, construit autour de la norme afin d’éviter tout excès de pouvoir", s’enthousiasme Charles Saint-Prot, Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques dans son article "Islam et démocratie, deux concepts compatibles". Lequel étaye sa pensée sur l’exemple de la Turquie. Une compatibilité totale de l’islam avec les lois de la République française, affirme pour sa part l’anthropologue américain John R. Bowen dans un entretien où il juge -sans aucune réserve- que "l’islam n’est pas en contradiction avec les lois de la République sur la laïcité".

Un modèle turc pourtant "controversé", analyse plus finement Jean Marcou, Professeur à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble: "une laïcité à la turque" où le risque, selon lui, provient "moins de l’agenda caché islamiste qu’une confiscation du pouvoir par la formation gouvernementale de l’AKP". Et de noter des sondages qui "évaluent le nombre de femmes qui se voilent à plus de 60% de la population féminine et un foulard islamique aujourd’hui beaucoup plus visible qu’il y a trente dans les villes turques". Une sage prudence dont témoigne également Malek Chebel en ouverture du dossier: "trop tôt pour dire si la Tunisie peut prétendre à la maturité du système turc". Tout en s’attendant à des "évolutions en Égypte, en Lybie et en Tunisie" dont "on verra très vite quel est le vrai visage de ces partis islamistes", l’anthropologue spécialiste de la religion musulmane pose par surcroît une question d’une "complexité sans fin": le clergé musulman a-t-il "vocation à faire de la politique ?"
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Ismaïl Haniyeh accueilli à Tunis aux cris de 'tuez les Juifs'

Il faut donc chercher les solutions ailleurs: résulteront-elles, par exemple, de la pluralité des islamismes -le politologue Bertrand Badie évoque dans Le Monde du 19 janvier un "islam hétérogène et composite"-, ces "concurrences islamistes" telles qu’elles existent en Égypte, selon Clément Steuer? Ce chercheur du Caire cite d’intéressants travaux réalisés par la Canadienne Janine A. Clarck qui ont mis en évidence "le fait que les associations caritatives contrôlées par les Frères musulmans… encourageaient plutôt l’expansion et le renforcement de leur réseaux parmi les classes moyennes diplômées". Faudra-t-il, ainsi que l’espère Margaux Thuriot, en passer par "la lutte des femmes contre l’archaïsme", notamment en Algérie où "53% des professionnels de santé, 50% des enseignants et plus d’un tiers des magistrats sont des femmes"? Peut-on compter, comme le suggère Luz Gomez Garcia, professeur d’études arabes et islamiques à l’Université Autonoma de Madrid, sur le fait que "l’islamisme du Tunisien Rached Ghannouchi, dirigeant d’Ennahdha et celui d’Abdallah Azzam, mentor idéologique d’Al-Qaïda, ont peu en commun"? A la lumière de l’accueil réservé au leader du Hamas Ismaïl Haniyeh, acclamé à l’aéroport de Tunis par les partisans de Ennahda aux cris de "tuez les Juifs, un devoir", on peut légitimement en douter.

Et peut-être trouver au sein de ce même numéro deux articles qui vont en ce sens: celui, très fouillé sur "Les Salafistes: radicalisme islamique et violence politique" de Samir Amghar, docteur en sociologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et celui signé Nabil Ennsari, docteur en islamologie à l’Université de Hamburg sur "La religion comme gardienne d’une dictature", refroidiront l’ardeur des plus optimistes. Tout comme la petite information glissée dans la rubrique "actualités" et qui annonce la création d’un concurrent pour Al-Jazeera: une nouvelle chaîne Al Mayadeen, susceptible d’être dirigée par Ben Jeddo et son principal collaborateur Sami Kleib "dont les positions répétées en faveur de la Syrie et du Hezbollah laissent planer des doutes quant à la ligne éditoriale et l’objectivité des journalistes". C'est dire si le débat sur les conséquences du Printemps arabe est loin d'être clos.


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