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Jeunesse française, notre salut est-il ailleurs?


Par Rédigé le 16/08/2018 (dernière modification le 16/08/2018)

C'est l'histoire d'une génération qui n'a pas connu les années noires de la guerre, une croissance à deux chiffres ou encore le plein emploi mais qui choisit l'exil, massivement, pour échapper à la pression insupportable qu'elle subit dans son pays. On pourrait comparer ça à une lame de fond qui est en train de secouer et bouleverser la jeunesse française.


Le pessimisme de la jeunesse française déguisé en frénésie du voyage est en réalité une fuite!

Le grand départ. Photo prise par l'auteur.
Le grand départ. Photo prise par l'auteur.
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"Taux de chômage élevé et injustices sociales, fort taux d’inflation, dégoût envers les politiques, nationalisme extrême, pouvoir par la communauté", une réplique du film "La vague" réalisé par Dennis Gansel qui résume bien le désordre actuel.
compatriotes sont inscrits au registre mondial des Français établis hors de France, soit une hausse de 4,16% (+71.243 inscrits) par rapport à l’année précédente
D'après le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, en date du 31 décembre 2016, 1.782.188 de nos. Avec un taux de croissance annuel moyen de 3,4%, le nombre de Français inscrits au registre a augmenté de près de 30% au cours des dix dernières années. Cette crise touche majoritairement des jeunes de 18 à 30 ans qui sont convaincu que leur vie sera pire que celle de leur parent, grand parents.

L’ambiance morose qui règne dans ce pays insuffle a beaucoup d’entre eux la volonté d’un nouveau départ. Destination: l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, le Cambodge, le Sri Lanka, le Costa Rica, Les États-Unis… Des ingénieurs deviennent responsable de restaurant, des barmen deviennent masseur sur les plages, des coiffeurs deviennent gérants de salon, des serveurs deviennent fermiers. Peu importe leur background, leur zone de confort est loin derrière eux. De plus, cet engouement a créé une niche économique car de plus en plus d’agences de voyage proposent des Programmes Vacances et Travail ainsi que des séjours linguistiques. Par ailleurs, de plus en plus d'écoles proposent des formations à distance comme l'ESJ de Paris.

Afin de mieux comprendre ce virus qui se répand à grande vitesse et qui résonne comme un écho auprès de la jeunesse française, j'ai souhaité interroger 100 Français vivant encore en France sur leur éventuelle volonté à quitter le territoire. Voici les résultats.

Sur 100 participants, 65,5% étaient des femmes, 63,3% avaient entre 18 et 25 ans et 33,3% entre 26 et 35 ans. Pour la question "Êtes vous prêt à quitter la France?" 56,2% ont répondu "Oui mais sous certaines conditions" (trouver un travail, ne pas partir seul…), 27,4% ont déclaré qu’ils partiraient sans aucune hésitation et 16,6% ont précisé qu’ils se sentaient bien en France et qu’ils se contenteraient juste de partir en vacances. Pour ce qui est des raisons qui les poussent à partir: 59,7% ont répondu que c’était dû au marché du travail, la sphère politique et l’environnement social. Enfin, pour la question à choix multiple concernant les motivations d’un départ à l’étranger: "l’aventure et la découverte d’une nouvelle culture" arrive en première position (68,5%) suivi de très prêt par "la progression de la vie professionnelle" (45,2%). "Augmenter le niveau de vie" et "bénéficier d’un climat plus favorable" arrivent exæquo (42,5%). Enfin "l’amélioration du niveau de langue" arrive dernier avec 37%.

Ayant moi-même été touchée par le "syndrome du voyage", j'ai décidé d'aller à la rencontre de ces jeunes Français installés ou juste en fugue au quatre coins du monde. 25 jeunes ont accepté d'échanger sans aucun filtre ni tabous sur les raisons qui les ont poussées à prendre le large. En voici quelques extraits:

Jorel, 23 ans, rencontré à Londres (Angleterre)
En partant qu'est-ce-que tu as quitté?
"J’ai quitté mon taff, la famille tout ce que tu veux... je me sentais pas bien tout simplement. j’ai eu un déclic!"
Comment t’explique le fait qu’on soit de plus en plus nombreux à partir ailleurs? 
"On se cherche, comme tout le monde, on sait jamais vraiment qui on est, ce qu’on veut faire, si on a fait les bons choix, pas les bons choix mais j’avais pas envie de vivre avec des remords. Le monde est grand donc autant en profiter et essayer de se balader."
Qu'est-ce-qui te manque le moins en France?
"Les médias. Tout ce qui est médiatisation ça te mange le crâne!"

Élodie, 28 ans, barmaid à Melbourne (Australie)
Qu’est-ce-que le voyage t’as apporté? 
"Je suis beaucoup plus ouverte aux autres par exemple, je vais beaucoup plus partager qu’avant. En France je partageais pas comme ça!"
Des coups de blues? 
"Coup de blues oui bien sur il y a toujours la famille qui manque a un moment, donc oui ça m’est déjà arrivé d’appeler ma mère et pleurer oui c’est vrai! mais elle m’a toujours encourager à rester à jamais rentrer!"
Tu envisages de revenir?
"Oui je pense qu’un jour je reviendrai, quand? Je sais pas!"

Jenny, 29 ans, rencontrée à Chang Mai (Thaïlande)
Quelle leçon tu pourrais tirer de ce voyage? Une moralité?
"On ne voyage pas pour échapper à notre vie mais pour que la vie ne nous échappe pas… Elle est pas mal celle-la! (rire)"

Plusieurs bénévoles dans une association humanitaire à Vang Vieng (Laos)
Étais-tu parti avec l'envie de changer des choses chez toi?
Andréa: "J'étais dépressive, ce voyage a été comme une thérapie".
Pourquoi ce voyage?
Benny: "J’étais vachement renfermée sur moi, c’était une crise d’adolescence un peu tardive en fait! Il me fallait quelque chose d’intense et que je me mette en difficulté parce que de moi même je suis incapable de me botter les fesses".
T'as eu peur?
Andréa: "Non, j'étais soulagée de partir, vraiment! C'était un peu ma dernière chance".
Qu'est-ce-qui explique, selon toi, ces départs massifs?
Pauline: "La galère à trouver du boulot donc la curiosité nous pousse à aller voir ailleurs. Ça se trouve, c’est plus facile!".
Quel genre de relation as-tu avec ton pays? 
Andréa: "J’ai un peu de mal avec le système français".
Manon: "La relation qu'on peut avoir avec notre pays est de l'ordre de l'amour, même difficilement avouable. Je vois pas pourquoi on se donnerait des limites, j’ai confiance en moi et en ce que je vais faire".

Adrien, 28 ans, rencontré à Kep (Cambodge)
T'avais prémédité ton départ?
"J’avais vraiment ce besoin de partir à l’étranger, d’avoir une autre vie, je me suis battu contre mes peurs et j’ai foncé!"
Qu’as-tu laissé derrière toi? 
"J’ai pas quitté grand chose, en fait! J’avais des problèmes d’argent en France, j’avais pas mal de dettes..."  
Tu te verrais revenir en France? 
"Actuellement non je ne me verrai pas rentrer en France avec ce qui se passe en ce moment. Aucun avenir pour nous les jeunes, on laisse les jeunes dans leur merde et on va pas les aider. Comme quand t’es en échec scolaire on va te mettre au fond de la classe et on va pas t’aider".
Qu’est-ce-qui pousse des jeunes, comme toi à tout quitter? 
"On peut pas acheter une maison, on peut pas mettre d’argent de côté on est bloqué, on est comme en prison en fait! On ne sait pas trop quoi faire de notre vie on est exclu du système. Et c’est ces jeunes qu’on aide pas!"
Qu’en est-il de nos politiques? 
"On a des politiques qui font pas leur taff, ils se moquent de nous! On vit la vie que veulent nous donner ces politiques, en fait".
Tu étais dans quel état d’esprit avant ton départ? 
"En France j’avais l’impression d’être en prison de ne pas être libre. Faut galérer pour trouver un boulot, gagner juste de quoi vivre! J’ai voulu fuir ce système".
Le fait de vouloir fuir ton pays ça t’évoque quoi? 
"J’aimerai que beaucoup de choses changent, j’aime beaucoup mon pays".
Qu’est-ce-que le voyage t’as appris?
"Ça m'a appris pas mal de chose sur moi même, sur la vie, la tolérance, ça m’a rendu plus fort. Ça m’a complètement changé, je me suis surpassé!"
As-tu regretté ton départ? 
"Pas une seule fois! De partir, la meilleure décision de ma vie que j'ai prise, de ma vie, je dis bien!"










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